La 6ème édition du Festival international soninké (20 au 24 février) s’est ouverte jeudi à l’Independence stadium de Bakau. Il y avait les délégations venues du Sénégal, du Mali, de la Mauritanie, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et celle de la Gambie. L’ouverture s’est faite en présence de l’ex Président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, et du chef de l’Etat gambien, Adama Barro. Ce dernier a appelé les Soninkés à beaucoup plus s’organiser.

Du jeudi 2O au lundi 24 février, la Gambie est la terre d’accueil de la communauté soninké. Après Dakar en 2018, Banjul est l’hôte de la 6ème édition du Festival international soninké (Fiso). L’Independence stadium de Bakau a servi de cadre pour l’ouverture de l’évènement. Aux alentours, une ambiance festive règne en force. Dans cette foule nombreuse, chacun presse le pas pour occuper une place confortable dans ce stade d’une capacité d’accueil de 30 mille places. Les festivaliers, en mode traditionnel, arrivent par groupes avec le drapeau de leur pays d’origine en l’air. La Police gambienne semble dépassée. C’est la bousculade à l’entrée. Il faut jouer des coudes pour franchir la porte. «Fais doucement, sinon tu ne passeras pas ici», peste en wolof un policier à un journaliste sénégalais. Ça râle dans tous les sens entre Forces de l’ordre et public décidé à accéder à l’intérieur. Sur les gradins, la seule partie réservée était bondée de monde. La main courante est remplie. Les chants et les danses, mêlés aux cris de joie, déchirent l’atmosphère. L’entrée du Président gambien annoncée par le préposé au micro central fait vibrer tout le stade. Tout de blanc vêtu, Adama Barro a fait le tour avant de rejoindre la tribune officielle sous des applaudissements nourris. Après l’exécution de l’hymne national gambien, la foule scandale en cœur «vive Barro, vive Barro !».
C’est parti pour le défilé des délégations venues du Sénégal, du Mali, de la Mauritanie, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et celle de la Gambie. Des prestations saluées à l’applaudimètre. Le cavalier sénégalais Ismaël Traoré et son cheval blanc ont été des stars. Ils sont nombreux à venir s’immortaliser devant le cheval. «Honorés et contents d’avoir défilé devant le Président Barro avec toute la communauté venue représenter le Sénégal. On est venu à 170 ; donc hommes et femmes, artistes, acteurs culturels, scientifiques, linguistes. Vous avez vu le défilé, les habillements qui montrent toute la tradition soninké, des objets traditionnels, le cheval qui symbolise quelque chose d’important dans notre culture», s’est réjoui un des responsables de la délégation de Dakar, Khalil Sy.

«Les Soninkés ne sont pas organisés»
Dans son discours en langue soninké, Adama Barro a laissé entendre que le Fiso ne doit pas se seulement limiter à taper les tam-tam, à danser, à manger et rentrer chacun chez soi. «Hier, en milieu soninké, c’est l’entente qui régnait entre nos anciens. Ces derniers avaient appris la religion, le Coran. Aujourd’hui, nous, nous avons appris le Coran, mais aussi nous avons fait l’école occidentale. Nous avons le savoir et la richesse. Donc nous devons travailler plus que les ancêtres», a exhorté le chef de l’Etat gambien. Très en verve, Adama Barro a révélé qu’il avait fait savoir à son protocole qu’il n’avait pas besoin de discours écrit parce que, dit-il, il est chez les Soninkés et sait quoi leur dire. «Les Soninkés ne sont pas organisés», dixit le chef de l’Etat de la Gambie. En fait, il a demandé à la communauté de mieux s’organiser pour contribuer davantage au développement de nos pays. Pour ce faire, il propose que le Fiso soit une fédération au sein des 6 pays. Et cela permettra de réfléchir sur comment le Fiso peut servir la communauté et ses pays membres. Par ailleurs, il n’a pas caché son enthousiasme sur le fait que le Fiso ait choisi son pays pour accueillir le festival.

Promotion de la langue
Pour l’ex Président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, «il ne fait aucun doute, une culture universelle est en train de se construire, la culture soninké fondée sur les valeurs de travail, de courage, de justice, de solidarité, d’honnêteté, de partage. La culture soninké entend bien apporter à cette culture universelle une contribution consistante». Après avoir félicité les organisateurs sur la pertinence du thème, à savoir «L’agriculture comme solution alternative à l’émigration des jeunes», M. Traoré pense qu’il est normal que l’on s’interroge sur des solutions par rapport à l’émigration clandestine qui a fait des milliers de morts en Afrique, notamment en pays soninké. Pour lui, ce départ vers l’Europe est causé entre autres par le rêve européen, la misère familiale, les conflits dans les pays de départ, les effets des réseaux sociaux, le manque de travail, de perspectives parfois des hommes politiques. D’ailleurs, selon le président de l’Association pour la promotion de la langue soninké (Aps), Ousmane Diagana, au-delà de l’engagement pour la promotion de la langue, l’un des objectifs aussi, c’est de permettre aux jeunes de rester en Afrique. Un hommage mérité a été rendu à Diadié Soumaré, ancien président de l’Aps, décédé en juillet 2019.