Amnesty international demeure persuadée que les conclusions auxquelles a abouti, en Gambie, la Commission vérité, réconciliation et réparation (Trrc) doit offrir aux victimes de plus de 20 ans de violations de droits humains commises sous le régime dictatorial de Yahya Jammeh d’obtenir justice et réparations. Et pour y arriver, Ai n’attend ni plus ni moins «un engagement sans équivoque» en leur faveur de la part des autorités de Banjul, qui ont reçu hier le rapport de la Trrc.Par Mamadou T. DIATTA

– Faire la lumière sur la période trouble traversée par la Gambie sous les 22 ans de règne de Yahya Jammeh. Telle est la recommandation que préconise l’Ong de défense des droits humains, Amnesty international (Ai), alors que la Commission vérité, réconciliation et réparation (Trrc) en Gambie remettait son rapport final hier au Président Adama Barrow.
Dans un communiqué rendu public hier, Ai, par la voix de Michèle Eken, chercheuse sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty international, après avoir constaté que «la Commission vérité, réconciliation et réparation a présenté ses recommandations», estime en effet que «le gouvernement peut maintenant faire toute la lumière sur cette sombre période de l’histoire du pays et garantir que les victimes reçoivent des réparations pour ce qu’elles ont enduré».
«Les responsables (incriminés), dont certains sont toujours en poste au sein des services de sécurité, doivent être traduits en justice et les autorités doivent veiller à ce que ces violations des droits humains cautionnées par l’Etat ne se reproduisent pas», souligne la chercheuse sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty international.
Michèle Eken, chercheuse sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty international, dans sa déclaration, fait état de tortures et d’autres formes de violences dont ont été victimes, pendant plus de deux décennies, «les Gambiennes et les Gambiens qui se mettaient à dos le régime du Président» Jammeh. Ces derniers «étaient torturés, exécutés de manière extrajudiciaire et détenus arbitrairement pendant des périodes prolongées, dans un climat de violations généralisées des droits humains – disparitions forcées, violences sexuelles fondées sur le genre, et attaques contre la liberté d’expression et de réunion pacifique notamment», fait savoir l’experte d’Amnesty international.
Aux yeux de Michèle Eken, le rapport de la Commission vérité, réconciliation et réparation offre aux autorités de Banjul, l’occasion de prendre un engagement clair en faveur des victimes du défunt régime de Yahya Jammeh. «Le rapport de la commission doit ouvrir la voie à un engagement sans équivoque des autorités gambiennes sur le fait que la justice et des réparations seront enfin accordées aux victimes de décennies de violations des droits humains commises sous le régime du Président Yahya Jammeh», qui vit actuellement en exil en Guinée Equatoriale, fait remarquer la chercheuse d’Amnesty international.
Après sa mise en place en décembre 2017, la Commission vérité, réconciliation et réparation (Trrc) avait pour mission principale, «d’établir un bilan historique impartial des violations et des atteintes aux droits humains commises de juillet 1994 à janvier 2017, en vue de «promouvoir la guérison et la réconciliation, répondre aux besoins des victimes, lutter contre l’impunité et prévenir la répétition des violations et des atteintes subies en formulant des recommandations visant à créer des mécanismes de prévention adaptés, notamment des réformes institutionnelles et légales»».
La structure créée par les autorités gambiennes avait aussi pour charge «d’établir et de faire connaître le sort réservé aux victimes disparues et d’accorder des réparations aux victimes dans les cas appropriés». «Le 15 octobre 2018, le Président Adama Barrow a nommé les 11 commissaires de la Commission vérité, réconciliation et réparation (Trrc), qui ont prêté serment. La commission a débuté ses audiences le 7 janvier 2019. Elle a soumis son rapport provisoire au gouvernement le 29 avril 2020», rappelle le communiqué d’Amnesty international.
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