La Cour suprême, qui devait statuer sur le recours de Jammeh hier, ne peut examiner cette requête qu’en mai ou en novembre. Les Gambiens se retrouvent dans une situation improbable en attendant le 19 janvier, qui marque la fin de la transition.

La farce continue à Banjul. La Cour suprême, qui statuait hier sur le recours de Yahya Jammeh, prolonge un suspens haletant : elle a annoncé qu’elle ne pourrait vider ce contentieux qu’en mai en raison de l’indisponibilité du président de la haute juridiction gambienne. Le juge nigérian a saisi le Président gambien pour lui annoncer son indisponibilité avant mai en soutenant, dans une lettre adressée au ministre de la Justice, que la date choisie n’est pas compatible avec ses obligations vis-à-vis de l’agenda judiciaire de son pays. Il a demandé aux deux parties au litige à le résoudre pacifiquement avant que la transition ne s’achève. Malgré cette situation ubuesque, Jammeh a confirmé sa plainte visant à invalider la Présidentielle du 1er décembre en prétextant des irrégularités dans la comptabilisation des votes.
Ce n’était pas le scénario rêvé par le dictateur gambien. Il espérait une invalidation de l’élection après avoir nommé à la hâte des juges qu’il espérait malléables. De toute façon, il faut voir derrière l’absence de ces magistrats nigérians et sierra-léonais la main de leurs dirigeants qui s’échinent à trouver une sortie de crise diplomatique. Aujourd’hui, on se retrouve dans un schéma que personne n’avait imaginé. Bien que la situation lui soit profitable, en espérant prolonger son règne jusqu’au mois de mai au moins, Yahya Jammeh est dans un cul-de-sac d’où il sera difficile à extirper. En tout cas, il a rendu encore incertaine  l’épilogue  de ce bras de fer avec la Cedeao.
La médiation conduite par le Président Buhari, qui était attendue ce matin à Banjul, est renvoyée jusqu’à vendredi.  Soit à une semaine de l’ultimatum fixé à Jammeh pour qu’il quitte le pouvoir. Ces derniers jours, le jeu diplomatique a repris le dessus sur les menaces militaires. A Accra samedi, les chefs d’Etat ouest africains avaient annoncé  d’importantes décisions sur la situation politique en Gambie. Lors d’un mini-sommet improvisé après l’investiture du nouveau Président ghanéen samedi, Nana Akufo-Addo, les chefs d’Etat ont décidé de poursuivre les conciliabules diplomatiques pour éviter de froisser davantage Jammeh, qui ne se ramollit pas malgré les pressions internationales.  En attendant le 19 janvier…
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