La célébration de la naissance du Prophète Mouhamed (Psl), appelée communément au Sénégal (Gamou), est une occasion de communion, de rassemblement, de convergence des synergies pour manifester l’amour, la fraternité, la solidarité, l’entraide et la concorde entre les fidèles qui convergent vers ce foyer religieux et s’identifient à la personne du marabout.

Cet heureux évènement est célébré à Médina Baye/Kaolack avec ferveur par les disciples de Cheikh al islam El Hadji Ibrahima Niass (1900-1975) venus de tous les coins du monde pour s’abreuver à des sources intarissables.
Ce grand marabout jouit d’une réputation et d’une influence nationale et internationale de par sa vaste culture islamique, son courage pour défendre les causes de l’islam, son rôle fédérateur des peuples par le wird tidiane qu’il initiât aux différentes Nations et peuples de la sous-région en Gambie, en Mau­ritanie, au Nigeria où il compte plus de soixante millions de disciples, au Niger, au Ghana, au Mali,  en Sierra Leone, …
Il compte de milliers de disciples au Darfour au Soudan, en Afrique du nord notamment en Algérie berceaux de la Tidiania et au Maroc, lieu de son rayonnement dans le monde.
Les disciples de ce marabout, membre fondateur de plusieurs organisations islamiques, no­tam­ment la Ligue du monde islamique, l’Organisation pour la coopération islamique, compte aujourd’hui plus de 100 millions de disciples à travers le monde.
C’est pourquoi, le jour du Mawlid nabby, Médina Baye devient capitale de toutes les langues. On y parle l’arabe, le français, l’anglais, l’espagnol, haoussa, yorouba, swahili, wolof, bambara, mossi, sarakholé, peul, sérère…
Cette ville fondée en 1930 devient également lieu de brassage et de convergence de toutes les cultures et traditions africaines qui rivalisent dans les rues, les artères et les maisons, les tentes… Cette rivalité manifeste est symbolisée par les traditions vestimentaires, les bonnets, les chaussures, de sandales aux bottes, les chapelets «ostentatoires», dont les prix varient entre 300 F Cfa et plus de 100 mille F Cfa, les traditions culinaires, le port des colliers garnis par l’effigie du Baye. On y entend le ronronnement de différents chants et louanges élogieux formulés à la gloire du marabout.
Médina Baye devient, au moment du Mawlid nabby, l’Afrique en miniature, voire le monde. Elle est incontestablement la cité religieuse au Sénégal qui reçoit tant de monde et autant de diversité culturelle et linguistique.
Les fidèles font des va-et-vient comme des fourmis entre l’esplanade de la grande mosquée, fondée en 1931, et les différentes demeures des descendants de Baye, notamment du khalife général de la famille Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahima Niass, de l’imam Cheikh Tidiane Aliou Cissé, des grands moukhadames, mais toute cette ambiance est versée dans le moule du personnage énigmatique du Saahiboul fayda.
Cette cité cosmopolite est actuellement l’un des rares foyers religieux au Sénégal où on raconte la vie du Prophète Mouhamed (Psl), de sa naissance à sa mort, sans faire allusion aux autres personnes. Cette veillée consacrée exclusivement à la vie du Sceau des messagers d’Allah fait que les vieux Saloum-Saloum, même illettrés, maîtrisent parfaitement la biographie du Prophète plus que les étudiants.
A Médina Baye, on célèbre la naissance du prophète (Psl) et le baptême, le septième jour, ce qui fait que la ville ne désemplit pas durant toute une semaine voire un mois, et on y croise les commerçants maures vendeurs des tissus, Haoussa vendeurs des chapelets et des posters de Baye, les Maliens, vendeurs des «ganilla» et les affairistes sénégalais vendeurs des petits trucs.
Dr El Hadji Ibrahima THIAM – Chercheur – thiamsane@yahoo.fr