Le célèbre, ancien et très estimé, maire de la ville de Dakar, feu Docteur Samba Guèye avait, une fois, demandé au Poète-Président, «Zeng, où vont-nous ?». Et ce dernier n’avait pas répondu à la question, sinon que par «mais, Samba Guèye, on ne dit pas où vont-nous, mais, où allons-nous !». C’était, néanmoins, une belle formulation, que cette expression du défunt maire, une formulation qui, de plus, avait ceci de symbolique qu’elle révélait non seulement notre ignorance du chemin que nous étions en train de prendre (après le machiavélique coup d’Etat perpétré contre le nationaliste, patriotique Président du Conseil Mamadou Dia), mais également notre réelle difficulté à formuler cette ignorance. En effet, au plan du Temporel, nous nous sommes alignés derrière l’Occident (que nous avons pourtant initié à la rationalité et à la science) ; tandis qu’au plan de la Foi, nous nous sommes alignés derrière l’Orient (que nous avons pourtant initié à la spiritualité et à la philosophie). Mieux, il y a plus de 10 000 ans, au moment où le reste de l’humanité était encore dans les «langes», l’Afrique noire construisait déjà des pyramides et rédigeait des manuels dans le genre du «Livre des Morts». Mieux encore, les premiers Prophètes des religions révélées (Abraham, Moïse, Jésus, etc.), ont été accueillis, instruits et éduqués, en Afrique noire, en Egypte antique, de même que les premiers grands Penseurs occidentaux, de la Grèce antique (Thalès, Pythagore, Socrate, Hippocrate, etc.), justement, en des moments où l’Egypte n’était déjà plus dans sa splendeur, mais en pleine «décadence». Cette «décadence» fut, en grande partie, le résultat de ses contacts avec les étrangers ; comme quoi, le métissage (biologique ou culturel) n’est pas toujours synonyme d’enrichissement et de progrès, notamment le métissage entre des sociétés humaines qui sont engagées dans des voies de développement diamétralement opposées et, plus précisément, entre une société fondée sur le culte de la paix, de la justice et de l’amour et une société fondée sur le culte de l’égoïsme, de la guerre et de la prédation. Le métissage (biologique ou culturel), n’en déplaise au Poète-Président, n’est pas forcément «un idéal de civilisation» ; à moins qu’il s’agisse d’une civilisation de l’aliénation, du travestissement, de la dénaturation et, finalement, une civilisation de la décadence.
Cela peut paraître paradoxal, a priori, que d’affirmer que ce sont les religieux (et non les religions) qui ont «dénaturé» le sens de la spiritualité humaine, en cherchant à l’organiser et à la contrôler (quand on sait qu’un seul berger suffit à guider 500 bovins, alors qu’il faut 500 bergers, pour guider 500 personnes) ; que la spiritualité humaine n’a rien à voir avec la notion de «foi», de «religion» ou de «Dieu». A l’origine, la spiritualité humaine (ou Esprit) n’était rien d’autre qu’un simple outil d’actions de l’humain, logé dans le cœur, qui permettait à ce dernier de pouvoir connaître le «pourquoi» de l’existence des choses et des phénomènes. De même, la rationalité humaine (ou raison) n’était rien d’autre qu’un simple outil d’actions de l’humain, logé dans le cerveau, qui permettait à ce dernier de pouvoir connaître le «comment» de l’existence des choses et des phénomènes ; de même, l’émotivité humaine (ou Emotion ou Sensation) n’était rien d’autre qu’un simple outil d’actions de l’humain, logé dans les organes de sens, qui permettait à ce dernier de pouvoir connaître la «réalité» de l’existence des choses et des phénomènes. Mais, c’est à force de se questionner sur le «pourquoi» de l’existence, que l’humain en est arrivé au concept de Dieu. L’Afrique noire, par l’Egypte antique, qui est la première à avoir établi le concept de Dieu, le concevait, non pas comme un être indéfinissable, qui aurait créé et organisé l’Univers, mais comme la totalité de tout ce qui existe et dont toute réalité n’est qu’une partie intégrante et intégrée. En wolof, le nom de Dieu ou «Yalla» ou «Yaa La», signifie «l’immensité infinie» ; tandis qu’en sérère, Dieu est appelé «Rog seen» ou «Rog bu amul hejj ak seen» ou «Rog ak ñoom seen» et signifie «Dieu qui inclut tout ce qui existe».
L’usage exclusif de l’outil de l’émotivité humaine (et l’acquisition de connaissances sensibles) coïncide avec le stade de l’Homo-Faber, lequel évolue ensuite en Homo-Sapiens, lorsque l’accumulation quantitative des connaissances sensibles atteint une limite indépassable et aboutit à une rupture qualitative des connaissances humaines et à l’avènement de la connaissance rationnelle. C’est comme l’eau, à l’état liquide ; chauffée à 99° C, l’eau absorbe la chaleur, en restant liquide ; mais, quand 1° C veut s’y ajouter, l’eau ne peut plus l’absorber, tout en restant liquide ; il s’opère, alors, une rupture qualitative qui fait passer l’eau, de l’état liquide à l’état de vapeur. Cet avènement de la connaissance rationnelle, se réalisa d’abord en Afrique noire qui ne s’y arrêta pas. L’accumulation progressive et continue, des connaissances rationnelles, y conduisit, rapidement, à une nouvelle rupture qualitative des connaissances humaines, qui aboutit à l’avènement de la connaissance spirituelle, qui marque le stade de l’Homo-Humano. C’est la longue durée de l’histoire de l’Egypte antique (17 000 ans avant JC), qui avait permis à l’Afrique noire, de faire passer l’Humanité, de l’Homo-Faber à l’Homo-Sapiens et de l’Homo-Sapiens à l’Homo-Huma­no.
L’Homo-Faber n’avait que ses connaissances sensibles, obtenues grâce à l’activité de ses organes de sens (Jumtukaayi yaram daw), connaissances qui lui permettaient de connaître la réalité de l’existence des choses et des phénomènes et de les imiter ; l’Homo-Sapiens, outre des con­nais­sances sensibles, avait acquis aussi des connaissances rationnelles, grâce à l’activité de son cerveau (hel), connaissances qui lui permettent de connaître aussi bien la réalité que le «comment» de l’existence des choses et des phénomènes, de façon à pouvoir les imiter et les modifier ; l’Homo-Humano enfin, outre des connaissances sensibles et rationnelles, avait acquis aussi des connaissances spirituelles, grâce à l’activité de son cœur (hol), connaissances qui lui permettent de connaître aussi bien la réalité et le «comment» de l’existence des choses et des phénomènes, que le «pourquoi» de cette existence, de façon à pouvoir les imiter, les modifier, les dominer et les manipuler, à sa guise. Ce n’est pas seulement avec des connaissances sensibles et rationnelles, que les pyramides et le «Livres des Morts», ont été conçus, mais aussi et surtout, grâce à des connaissances spirituelles ; de même que c’est grâce à des connaissances spirituelles, qu’on traite une fracture d’os humain, sans y toucher et, parfois, à distance, etc.
Malheureusement, l’Afrique noi­re, par l’Egypte antique, n’avait enseigné, véritablement, au reste du monde, ni sa langue officielle (ou égyptien ancien), ni son écriture authentique (ou hiéroglyphique), ni son savoir et sa sagesse (véritables) ; de sorte que l’Occident, par la Grèce antique, qui n’avait eu, de l’Egypte antique, qu’une connaissance fort tardive et très superficielle, rationnelle surtout (par le biais des Hyksos) et, face à une Egypte «décadente», n’a pu faire autre chose que de ramener l’Humanité, de nouveau, au stade de l’Homo-Sapiens, de la rationalité et de la science. Mais, il y a encore plus grave. A partir de la Grèce antique, le Monde n’a plus progressé réellement et a plu­tôt fait fausse route, passant de la voie initiée par l’Egypte antique (qui avait mené du stade de l’Homo-Sapiens à celui de  l’Ho­mo-Humano) à celle initiée par la Grèce antique (qui va mener de  l’Homo Sapiens à  l’Homo-Sapiens-Sapiens).
L’Homo-Humano devait faire passer l’Humanité, du règne de la Raison (ou Rationalité), de la Science, de la Technique et de la Technologie, à celui de l’Esprit (ou Spiritualité), de la Philosophie, de l’oubli et du don de soi, de l’intuition, pour garantir à l’humain, le pouvoir de réaliser, à mains nues, des actions aussi extraordinaires que celle de la construction de la grande pyramide, 10 000 ans avant JC, que la technologie moderne ne permet même pas de pouvoir reproduire ; tandis que «l’Homo Sapiens-Sapiens», lui, a artificiellement maintenu et bloqué l’Humanité dans le règne de la Raison et de la Science. C’est un stade où, à la suite de l’avènement du développement matériel (des outils, instruments, équipements et infrastructures, qui lui sont externes et dont l’arrêt de fonctionnement révèle toute la fragilité et la dépendance, accrues, de l’humain, par rapport à des objets qui lui sont extérieurs), à la suite de l’avènement des greffes d’organes humains (naturels, artificiels, issus de culture d’embryons humains, de cellules souches ou de cellules mono, alors qu’il a le pouvoir de l’auto-régénération), l’humain, devenu mi-Sapiens naturel et mi-Sapiens artificiel (Sapiens-Sapiens), portera, sur lui et dans son corps, son cerveau notamment, de plus en plus d’implants ou «puces électroniques», qui se substituent au processus du développement naturel, normal et continu (des connexions neuroniques) du cerveau humain. Il finira ainsi par se transformer en un «Homo Roboto», à moitié humain et à moitié machine, que sa seconde moitié finira par condamner à disparaître, pour causes de déshumanisation et … de pannes électriques, électromécaniques et électromagnétiques, voire de contrôles abusifs des «puces électroniques», par des Autorités de «malades mentaux» totalement dénués de spiritualité et d’humanisme.
Le recul de la spiritualité et, surtout, le blocage de l’avènement de l’«Homo Humano», seraient vraisemblablement à l’origine de beaucoup de troubles et d’handicaps, physiques et mentaux, d’humains, que la médecine traditionnelle africaine parvient parfois à traiter et que la médecine moderne, impuissante, ne peut que constater ou aggraver, mais aussi et surtout, de certaines formes actuelles d’«autisme», sorte de révolte d’un cerveau humain bloqué dans le développement naturel et continu de ses connexions neuroniques (présentement, au nombre de 3 à 4 milliards, qui peuvent atteindre 10 milliards, voire plus), que les implants ou puces électroniques ne pourront jamais remplacer. De fait, tout ce que les moyens matériels, les greffes d’organes humains et les implants, permettent à l’humain de réaliser, le développement naturel, normal et continu, des connexions neuroniques, du cerveau humain, le peut encore mieux, et ce, à mains nues et sans détruire, sinon, blesser ou agresser, la Nature.
«Science sans conscience» ou une rationalité non contrôlée par une spiritualité, «n’est que ruine de l’âme» ; de sorte que l’avènement de l’Homo-Sapiens-Sapiens ou le culte de la rationalité et de la science, érigées en Dieu, aboutit au culte du matérialisme, au capitalisme et à la «marchandisation» de la société et, finalement, à l’animalité et au principe du «vivre pour manger». La «marchandise», que Karl Marx dépouille de sa couverture d’«objet», pour révéler sa nature de «rapport social» (entre employeur et employé, pour la production de plus-value) et derrière laquelle se cache la recherche du profit et la pratique de la spéculation, par tous les moyens licites et illicites, est le mal de notre époque. Le capitalisme a ceci de singulier, qu’en s’appuyant sur la rationalité, la science, la technique et la technologie, il transforme, progressivement, en marchandises qui lui permettent de spéculer et de faire des profits, tous les aspects de la vie humaine, de la société et de la nature. Dès lors, le but final de la vie humaine, n’est plus de satisfaire des besoins humains, mais des besoins animaux. Si la base du capitalisme, c’est la marchandise et la production marchande, la lutte contre le capitalisme ne peut se faire, qu’en faisant  disparaître la marchandise et la production marchande, en les remplaçant par la production pour l’autoconsommation, les surplus étant échangés sans profits ni spéculations, en pratiquant également le don qui est l’offre d’un bien non remboursé ou d’un service non rémunéré. Evidemment, il ne s’agit pas de ces «dons» ou «subventions», qui ne sont rien d’autre que des «appâts» de ces bailleurs de fonds qui, quand ils «baillent, les fonds s’en vont», pour s’engouffrer dans leur grosse bedaine. (Sankara dixit).
De fait, l’expression la plus visible, du mal de notre monde moderne, est que l’Occident qui le domine, encore et toujours, mais pas pour toujours, fonde le développement sur la production marchande, le profit et la spéculation. Et, pour ce faire, l’Occident ne recule devant rien, mais absolument rien, pour atteindre ses objectifs. Qui ne comprend pas cela, ne peut rien comprendre aux réalités et problèmes de notre monde d’aujourd’hui. Deux voies, de développement, s’opposent, qui représentent deux approches différentes : l’approche qui s’appuie sur l’activité du cerveau, la rationalité, les idées et une démarche scientifique, technique et technologique ; l’approche qui s’appuie sur l’activité du cœur, la spiritualité, les sentiments et une démarche philosophique, d’oubli et de don de soi, d’intuition. Une société humaine ne peut pas se fonder sur la seule activité du cerveau, la rationalité et la démarche scientifique ; car, la science, qui en découlerait, ne pourrait alors être qu’une science sans conscience, qui ne peut conduire qu’à la ruine de l’âme et de l’humain ! Par contre, dans l’activité du cœur, la spiritualité et l’approche philosophique, actuellement mises en pratique, une correction s’impose, qui n’est pas encore possible, tant que la spiritualité humaine sera dominée et contrôlée par les religions ; et ce, sans que la justesse et la perfection de celles-ci en soit la cause.
Il est immoral et inhumain, de vouloir s’enrichir avec la richesse d’autrui, de vouloir faire main basse sur la richesse d’autrui ; il est criminel de le faire. Or, c’est sur cette base, que l’Occident s’est construit. On ne récolte, en plus grande quantité, que ce qu’on a semé, en plus petite quantité ; et, comme l’Occident a semé le vent (exploitation et oppression, humiliation et négation, de l’autre), il ne pourra que récolter la tempête (régression et disparition). Mais, au lieu de le punir ainsi, pour avoir fait le mal, il faut plutôt l’instruire, comme disait l’autre. Il ne suffit pas de soigner les passants qu’un fou agresse dans la rue, ni de les soustraire aux agressions du fou ; il faut aussi et surtout, s’occuper du fou et le rendre inoffensif, par tous les moyens humains. C’est cette tâche, de rééducation de l’Occident, que l’Afrique doit s’attacher à exécuter, si elle veut garantir le futur de l’Humanité ; car, elle seule (l’Afrique) en a encore les moyens humains. Autrement, l’Occident va finir par tomber dans le gouffre, avec le risque d’entraîner, avec lui, le reste de l’Humanité. L’ozone qui s’en va en lambeaux, fatale d’abord aux leucodermes, les changements climatiques planétaires qui se précisent, la disparition de la vie conjugale et du genre (humain), tués par l’homosexualité, la pédophilie, l’accouplement des hu­mains avec des animaux, ainsi que le transgenre, qui se généralisent, n’en sont que les prémisses à peine perceptibles.
Le mal qui gangrène l’Occident, trouve son origine dans l’altération et le travestissement, de la dimension spirituelle de l’humain (de son cœur, de son esprit et de ses sentiments), de ce que les Grecs anciens appelaient, injustement, la «gangue mystique» des Egyptiens anciens. «Cogito ergo sum» ou «je pense donc je suis», est une pure aberration ; car, ce n’est pas la raison qui fait l’humain, il le distingue seulement de l’animal ; mais c’est l’esprit qui fait l’humain. Or, l’Occidental ne se pose généralement pas la question du «pourquoi» (de l’esprit ou de la dimension spirituelle) des choses, mais seulement celle du «comment» (de la raison ou de la dimension rationnelle) des choses. Or, la perception du réel, par l’humain, n’est correcte, sa capacité à transformer positivement le réel, n’est effective, que si cette perception est tridimensionnelle, à la fois matérielle (empirique), rationnelle (scientifique) et spirituelle (philosophique).
Dans la vie de tous les jours, face à n’importe quelle situation, il ne suffit pas de saisir la réalité des choses, dans leur existence simple (vue, entendue, sentie, etc.), avec ses organes de sens, ainsi que la raison (ou le comment) de leur existence, avec son cerveau ; il faut aussi et surtout se préoccuper de l’esprit (ou le pourquoi) de l’existence des choses, avec son cœur. C’est sur ce dernier point que se situent la faiblesse coupable et le mal profond, des Occidentaux. Pour y remédier, il leur faut apprendre à utiliser, non plus seulement leurs organes de sens et leurs sensations ou émotions, leur cerveau et leurs idées, mais aussi et surtout leur cœur et leurs sentiments. Utiliser son cœur et ses sentiments, c’est préférer le dialogue à la confrontation, c’est renoncer à l’égoïsme, à la haine et à la violence, pour vivre de justice, de paix et d’amour, c’est faire du «Jihaadu Nafsu» (combattre son «moi», pour privilégier le «nous»), c’est faire du «Tasawuuf» (Tas-Sa-Wuuf ou partager ses biens avec les autres), c’est renoncer à se servir des autres, pour les servir. Si chacun renonce à servir les autres, pour se servir seul, tout le monde sera desservi ; par contre, si chacun renonce à se servir, pour servir les autres, tout le monde sera servi. Parallèlement à cette reconversion à l’échelle individuelle, une autre reconversion s’avère incontournable, à l’échelle collective, à savoir, renoncer à produire des marchandises, c’est-à-dire, revenir à la pratique d’une autoconsommation associée à des échanges sans profits et sans spéculations, associée, également, aux dons détachés de toute idée d’appâts. Il s’agit de donner plus à ceux qui ont moins que nous, matériellement (les doter), rationnellement (les éclairer) et spirituellement (les aimer), afin d’éliminer la bestialité de nos sociétés actuelles et de construire des sociétés véritablement humaines.
L’être humain est, tout naturellement, un être malade, au départ de sa vie ; une maladie congénitale, qui s’appelle «ignorance» et qui se situe à un triple niveau, à savoir (i) absence ou insuffisance de connaissances sensibles, qu’il soigne, en accroissant ses activités empiriques, par un usage toujours plus sain, efficace et efficient, de ses organes de sens ; (ii) absence ou insuffisance de connaissances rationnelles, qu’il soigne, en accroissant ses activités scientifiques, par un usage toujours plus sain, efficace et efficient, de son cerveau ; (iii) absence ou insuffisance de connaissances spirituelles, qu’il soigne, en accroissant ses activités philosophiques, par un usage toujours plus sain, efficace et efficient, de son cœur.
Il nous faut démystifier le «rationalisme» et le «scientisme», le culte de la science, de la technique et de la technologie, en gardant en vue le fait que, «science sans conscience, n’est que ruine de l’âme», pour revenir à l’Egypte antique, à la spiritualité et à la philosophie, à l’oubli et au don de soi, à l’intuition, pour passer de l’Homo-Sapiens-Sapiens à l’Homo-Huma­no. Pour nous autres Africains, une telle démarche ne sera pas un «dîner de gala» ; on ne s’y engagera pas en «redingote», «queue de pie» ou en «costume-cravate», mais en «moom sa reew», en «ham sa boppë» ; car, l’essentiel des derniers 19 000 ans d’histoire de l’Afrique (qui est également celle de l’Humanité), est consigné dans une écriture (hiéroglyphique) que personne, à l’ère moderne, n’est encore parvenue à déchiffrer. Jean François Cham­pollion n’avait fait que défricher le chemin du déchiffrement des hiéroglyphes ; ce qui lui a d’ailleurs donné le statut du plus grand Egyptologue des temps moderne et un passage obligé ; néanmoins, le déchiffrement des hiéroglyphes, reste toujours une tache à exécuter. L’Afrique n’a pas besoin (et n’a que faire) du modèle de développement à l’Occidentale ; d’un développement matériel et animal, qui est une conception très bornée de la vie ! Ce dont l’Afrique a besoin (et l’avait déjà initié), c’est d’un développement humain, qui le réconcilie avec le Divin (ou l’Immensité Infinie). C’est pourquoi, il nous faut «hiéroglyphiser» nos élites (pour qu’elles cessent d’être culturellement aliénées, extraverties, apatrides et renouent avec leurs racines), «alphabétiser» nos masses laborieuses et populaires (pour les soustraire à l’illettrisme et à l’ignorance, aux commérages et aux racontars, pour qu’elles puissent prendre activement part à la gestion de la cité), re-féminiser notre gent féminine (pour qu’elle réassume sa mission historique, qui est d’enfanter, d’éduquer, d’organiser et de contrôler, la société, de l’intérieur des maisons). Ces trois axes d’intervention devraient nous permettre de pouvoir reconstruire des sociétés véritablement humaines, fondées, à nouveau, sur la spiritualité et la philosophie, l’oubli et le don de soi, l’intuition et la prescience.
Cheikhou GASSAMA –
PHARAON
Kephren (Kaafiruuna)
gassamacheikhou@yahoo.fr