La France et ses alliés européens vont quitter le Mali. Ce retrait de Barkhane et Takuba n’est pas la conséquence d’un «échec militaire», mais plutôt le souhait de «la junte malienne, en rupture de confiance avec la communauté internationale». L’Armée française se lance dans une opération de communication !Par Malick GAYE

– «Là où une force de 5 mille hommes a produit les effets que nous connaissons, je vois mal comment 800 mercenaires dont l’objectif est la recherche de profit et la prédation, pourraient obtenir des résultats supérieurs à ce que nous avons.» Un brin ironique sur la facilité à prédire les résultats de la société russe privée, Wagner, le Général de brigade, Michel Delpit, ne souhaite pas entendre parler de «l’échec de la Force Barkhane», chanté par le Premier ministre du gouvernement de la Transition au Mali, Choguel Maïga. Pour le Commandant des Eléments français au Sénégal (Efs), «Barkhane n’a jamais eu vocation à éradiquer seule le terrorisme au Sahel. C’est tout simplement impossible (…) Barkhane a un bilan très positif. Cette force a permis en 2013, d’éviter l’effondrement du Mali. Elle a contribué à la monté en puissance de la force malienne. Qui, à l’époque, n’était que de 7 mille hommes, est maintenant de l’ordre de 40 mille hommes. Elle est bien structurée et capable de produire des effets opérationnels extrêmement significatifs sur l’adversaire. Barkhane a arrêté une centaine de djihadistes, ainsi que de nombreux chefs terroristes. L’ensemble de ces forces, qu’elle soit malienne, française, européenne, a créé les conditions favorables aux acteurs du développement.» Ces propos ont été tenus hier, lors d’une opération de communication de l’Armée française, qui a reçu les médias «dans leurs logements et bureaux» de Ouakam. Sur le besoin de redéploiement de Barkhane, le Général adopte un ton beaucoup plus sérieux. «Il n’y a pas une Armée au monde qui évolue en autarcie. Nous apprenons du côté de nos partenaires africains et j’ose croire que l’inverse est tout aussi vrai sur une relation de confiance et d’estime réciproque», a-t-il affirmé avant de prévenir : «Il n’y a que la junte malienne qui porte l’entière responsabilité du retrait de la Force Barkhane, par son souhait de se tourner vers (…) la société russe, Wagner, qui est une société de mercenariat et tristement célèbre pour ses exactions commis en Libye et en Centrafrique.»

Barkhane au Sahel, les modalités d’une aide «encombrante» ?
Les résultats de la présence française au Mali étant ce qu’ils sont, le discours anti-colon gagne du terrain. Fort de ce constat, le Général Delpit a expliqué que «pour les Etats qui le souhaitent, il sera mis à leur disposition un certain nombre de moyens militaires, essentiellement aériens, pour aider les forces africaines qui sont engagées dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, par l’acquisition et le partage du renseignement, la logistique et les frappes aériennes pour les troupes au sol. C’est une coopération militaire».
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