Le Tribunal de police préfère se fier à des expertises médicolégales plutôt qu’à l’année de naissance figurant sur les documents d’identité délivrés par le Portugal pour juger comme majeur un prévenu originaire de la Guinée-Bissau.

Vrai ou faux mineur ? L’histoire de Mamadou, prétendument né en 1999, désormais prénommé Luis et né en 2003 selon ses nouveaux papiers, est emblématique du casse-tête judiciaire lié aux incertitudes de l’âge. Malgré les efforts de la défense, vaillamment incarnée par Me Roxane Sheybani, le Tribunal de police genevois a préféré se fonder sur une expertise médicale plutôt que sur le passeport biométrique du jeune homme, émis par les autorités portugaises à l’issue de la procédure de naturalisation et encore certifié par une lettre du consulat. «Les autorités suisses ne sauraient être liées par le contenu de documents d’identité étrangers, fussent-ils formellement authentiques, qui ne correspond pas à la réalité biologique», a tranché le juge Antoine Hamdan en refusant de se dessaisir du dossier. Voilà qui va réchauffer les relations diplomatiques.

Parcours mouvementé
Contrairement à certains Mineurs non accompagnés (Mna), suspectés de tricher sur leur âge pour rester en Suisse, le prévenu, originaire de Guinée-Bissau, a été enregistré comme majeur et sous un faux nom lorsqu’il s’est présenté, sans papiers, au centre de Vallorbe. C’était en 2017. Sa demande d’asile écartée, il a été renvoyé en Espagne où ses empreintes avaient été prises pour la première fois lors de son entrée en Europe. Cela ne l’a guère dissuadé de revenir en Suisse, entre deux séjours au Portugal où vit désormais sa famille, et de traîner là où les problèmes ne pouvaient que le rattraper.
Le Temps