Genre – Masculinité positive, égalité des sexes : Les femmes «draguent» les hommes
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Malgré les efforts qui ont permis aux femmes d’être présentes dans les instances de décision à travers la parité, la gent féminine réclame davantage de responsabilités. D’où la masculinité positive brandie par les femmes pour impliquer les hommes à les aider à concrétiser l’égalité entre les hommes et les femmes.Par Amadou MBODJI –
L’application de la loi sur la parité dans les fonctions électives et semi-électives, votée depuis 2010, n’a pas encore permis à la gent féminine d’obtenir ce qu’elle veut, à savoir de faire que les hommes et les femmes soient égaux. Faisant face à des obstacles socio-culturels qui bloquent la concrétisation de ce vœu, les femmes comptent s’appuyer sur les hommes pour arriver à leurs fins à travers la «masculinité positive». «En quelques mots, qu’est-ce que la masculinité positive ? En fait, on s’est rendu compte pendant de nombreuses années que si nous voulions travailler sur l’égalité homme-femme, on ne devait pas juste travailler avec les femmes, travailler sur leur autonomisation, mais aussi travailler avec les hommes. Et la masculinité positive renvoie à une approche orientée vers les hommes pour obtenir d’eux un engagement envers l’égalité homme-femme», explique Mme Catherine Phuong du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).
Cette dernière intervenait lors de la conférence de clôture du projet «Leaders locaux et changement de comportements» organisée par le Pnud et l’Ifan. Cette rencontre a été l’occasion de partager les résultats des recherches menées dans le cadre de ce projet visant à renforcer les dynamiques d’autonomisation de la femme et à encourager la mise en place de recherches collaboratives sur cette question. «Malgré les progrès qui ont été faits au Sénégal, ces inégalités entre hommes et femmes continuent à avoir des répercussions sur la croissance économique, la participation, l’éducation, la santé des femmes et des filles. C’est pourquoi notre projet sur les leaders locaux vise à influer dans chaque commune cible une dynamique locale des champions ou l’ambassadeur de la masculinité positive, de l’inclusion et de l’égalité sociale constructive pour le développement et le progrès», appuie-t-elle.
Le Laboratoire genre de l’Ifan et le Pnud ont mis en place une convention qui a permis d’initier un groupe de recherche pluridisciplinaire pour lancer des recherches scientifiques sur les questions d’égalité et de la masculinité positive qui aboutiront à la production d’un dossier scientifique. Ce document touche tous les domaines de la vie socio-économique et apporte des pistes pour une meilleure prise en compte de l’égalité entre les hommes et les femmes selon la représentante du Pnud. Trois chercheurs gagnants d’un concours lancé sur les rapports sociaux des sexes ont été accompagnés par le Laboratoire genre de l’Ifan. Les propositions de recherches sélectionnées ont traité de sujets d’actualité et de problématiques centrales. Lauréate d’une bourse de recherche du Pnud, Mme Ndèye Coumba Madeleine Ndiaye, professeure agrégée de Droit à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), a développé une étude approfondie sur les inégalités entre époux dans le Code de la famille du Sénégal. L’autre lauréat est Ibrahima Niang de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, qui révèle la part prépondérante des femmes dans le développement agricole de la commune de Mont-Rolland. Fatma Sylla, Doctorante à l’université Assane Seck de Ziguinchor, elle, se distingue par ses travaux sur le changement climatique à Bargny qui impacte les femmes.
ambodji@lequotidien.sn