Dans les régions de Kaolack et Kaffrine, Flexeau reconnait que l’eau servie n’est pas de qualité, mais rejette la responsabilité sur l’Ofor qui n’a fait aucun investissement dans la zone, selon l’opérateur.Par Babacar Guèye DIOP

– A Porokhane, dans le département de Nioro, l’approvisionnement en eau s’est amélioré. Parmi les 5 forages, seuls 2 fonctionnaient avant l’arrivée du Délégataire de service public Flexeau, qui a démarré ses activités en juin 2019 dans les régions de Kaolack et Kaffrine. Mais c’est la qualité de l’eau qui trouble les organismes des populations. «On a souvent ici des cas de diarrhée à cause de l’eau que l’on consomme. Ceux qui ont les moyens ici, ne boivent pas cette eau. On achète de l’eau minérale», signale Néné Bâ qui fixe sa bassine où se déverse l’eau du robinet. Dans le département de Kongheul, la même situation est constatée. «On nous avait promis de rendre accessible l’eau, moins chère. Mais Flexeau n’est jamais venue pour laver le forage. On tousse énormément. On boit une eau qui n’est pas de qualité. Du temps des Asufors, on lavait le forage chaque 2 ou 3 mois», enrage Moustapha Sall, président de l’Asufor Pathé Thiangaye, dont le forage est en panne depuis un an.
Des 4 délégataires déjà concernés par la réforme, Flexeau est la seule entreprise 100% sénégalaise. La société gère le périmètre Kaolack-Kaffrine, avec 311 Systèmes d’approvisionnement en eau potable (Saep) dont 268 forages sont sous affermage. «La zone exploitée est caractérisée par la qualité de l’eau, avec notamment des problèmes de fluor et de salinité des eaux souterraines», constate la Mission d’évaluation de la réforme de l’hydraulique rurale. Dans la zone de Kaolack et Kaffrine, l’eau ne manque pas dans la plupart des villages visités. «Mais elle est chère. On paie 250 francs/m3. Nos factures sont salées», déplore El Hadji Fall, président de l’Asufor de Xendé, un village du département de Kaffrine.
Le prix pratiqué par Flexeau est le même partout chez les délégataires de service public de l’eau potable en milieu rural. D’ailleurs, dans cette zone, le prix fixé par les Asufors était de 300 francs/m3. En 2020, Flexeau avait un taux de couverture de 79%, soit le plus élevé de toutes des régions. «Il n’y a pas de qualité de l’eau ici et l’eau manque parfois», signale Bobo Cissé, président de l’Asufor de Nganda (Kaffrine). Face à la pénurie, les femmes sont obligées parfois de chercher dans les villages environnants, à savoir Diama Gadio et Danko.

«La responsabilité de la qualité de l’eau incombe à l’Ofor»
Sur la qualité de l’eau, Flexeau se lave. Cela ne relève pas de la responsabilité de Flexeau, mais de l’Etat du Sénégal. «La responsabilité de la qualité de l’eau incombe à l’Ofor. Il y a un système de coloration qui avait été promis par l’Ofor, mais qui n’est toujours pas réalisé. On donne l’eau que servaient les Asufor, on ne s’en cache pas», se défend Abdoul Aziz Guèye, directeur des Opérations de Flexeau. Par ailleurs, l’opérateur indique avoir engagé un important programme de transition énergétique par l’installation intégrale de mini-centrales solaires dans tous les forages. «Actuellement, il y a 129 forages qui sont déjà solarisés. 3300 panneaux solaires sont en route pour installation et nous allons en importer 10 000», renseigne M. Guèye. Ce dernier précise que depuis l’installation de Flexeau en juin 2019, «aucun investissement de l’Etat n’a été réalisé, alors que Flexeau en est à 2 milliards d’investissements». Pour rappel, le fermier Seoh effectue à fréquence mensuelle des analyses bactériologiques et physicochimiques sur l’étendue du périmètre. Parallèlement, l’Ofor a mandaté l’université Assane Seck de Ziguinchor pour effectuer une campagne d’analyse au niveau du Ndp et les résultats obtenus sont satisfaisants. Une campagne a été menée dans le périmètre de Thiès-Diourbel avec le laboratoire de Caritas, en sus l’Ofor a mandaté le laboratoire de Sentech pour le suivi de la qualité de l’eau dans les périmètres de Thiès-Diourbel, Tambacounda et Gorom-Lampsar.
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