L’avocat de la partie civile est en colère contre le procureur de Louga qui a décidé d’inculper seulement les sages-femmes pour non-assistance à Astou Sokhna décédée dans des conditions effroyables. Pour lui, les responsabilités de l’Etat et de la gynécologue sont engagées dans cette affaire.Par Justin GOMIS

– Le décès tragique de Sokhna Astou à l’Hôpital régional de Louga continue à charrier toutes les interprétations. En dépit de l’inculpation de 6 sages-femmes pour non-assistance à personne en danger, l’avocat de la partie civile regrette «un mauvais règlement», qui aurait découlé «d’une pression». «Il y avait une pression maraboutique dans la ville. C’est cette pression qui a obligé le procureur à faire un règlement biaisé de l’affaire», assure Me Ousseynou Gaye. C’est ce qui a, dit-il, poussé le ministère public à «inculper les ­­sages-femmes pour non-assistance à personne en danger». Il explique : «Quand la ­non-assistance à personne en danger aboutit à la mort, la moindre des choses c’est de faire le lien entre cette non-assistance à personne en danger et la mort, et inculper pour homicide.» Ce qui n’a pas été fait par le Parquet de Louga laissant ainsi la «place à des soupçons», qui l’ont poussé à retenir contre les sages-femmes, le délit présumé de «non-assistance à ­personne en danger» et non «d‘homicide volontaire». «Si le procureur l’avait fait, il n’aurait jamais déféré les sages-femmes devant le Tribunal des flagrants délits. Il veut apaiser la situation à Louga où il n’y a plus de soins dans les hôpitaux», regrette Me Gaye. Il promet une farouche opération au ministère public. «Le procureur a fait un mauvais règlement et on ne va pas lui faciliter la tâche», annonce le conseil de la famille de Mme Astou Sokhna.

La responsabilité de la gynécologue paraît «d’une évidence flagrante»
Par ailleurs, Me Gaye a du mal à suivre la démarche du procureur dans la gestion du dossier. Il trouve «à la limite injuste» que la gynécologue, «qui est d’astreinte», ne soit pas inquiétée dans cette affaire. Il dit : «Je ne peux pas comprendre que la gynécologue qui est d’astreinte, c’est-à-dire qui devrait rester à l’hôpital, se barre. Et puis elle vient, constate le décès, et se barre à nouveau. Et puis elle dicte le certificat de genre de mort en disant à la sage-femme de mettre mort naturelle. Ce que cette dernière a reconnu. Elle met le cachet et c’est sur la base d’un certificat de décès sans signature qu’on a enterré cette bonne dame.» Selon l’avocat, «on les a obligés à le retirer pour éviter l’autopsie». Mais, la bataille n’est pas terminée. «Il n’est pas exclu qu’on fasse une autopsie, qu’on fasse l’exhumation parce qu’on veut comprendre de quoi cette dame est décédée», prévient-il. Pour l’avocat, la responsabilité de la gynécologue paraît «d’une évidence flagrante qui fait qu’on ne peut pas la laisser» en dehors de la procédure. C’est pour cette raison que la partie civile a décidé de porter plainte contre elle pour installer l’Etat dans la cause. «C’est normal d’installer l’Etat parce que cette bonne dame ne travaille pas dans la rue ni dans une structure privée. Si elle travaille dans une clinique, la clinique répondra. Mais elle travaille dans un établissement hospitalier. C’est la structure hospitalière, qui sera installée dans la procédure pour répondre des conséquences financières de leurs actes», se justifie-t-il avant de déplorer le fait que le procureur n’ait pas aussi installé l’Etat dans la cause. «Ce qui n’est pas normal parce qu’il s’est précipité à engager une procédure bancale», dit-il. En promettant de déposer la plainte avant le 5 mai retenu pour l’ouverture du procès des 6 sages-femmes dont les 4 patientent encore en prison.
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