Permettre aux populations de connaître les outils de plaidoyer pour amener les industries extractives à leur donner ce qui leur revient de droit : Tel est l’objectif du Forum civil, en partenariat avec l’organisation Enda Diapol, qui a organisé à Darou Khoudoss un séminaire de formation sur le suivi du processus budgétaire local et la réglementation minière.

Des élus locaux et membres d’organisations de la société civile de la commune de Darou Khoudoss, département de Tivaouane, étaient en conclave depuis avant-hier dans la salle de délibération de ladite commune. Une session de formation de trois jours initiée par le Forum civil en relation avec l’organisation Enda Diapol. Il s’agit d’encourager la participation des élus locaux, des femmes et des jeunes aux processus de gouvernance communautaire liés au secteur minier, à travers le baromètre de la gouvernance locale. Et de doter les populations d’une capacitation qui puisse leur permettre de connaître les outils de plaidoyer pour amener les industries extractives à pouvoir leur donner ce qui leur revient de droit, a expliqué Alioune Babou, coordonnateur du Forum civil/section Thiès.
La pertinence d’une telle approche repose sur le constat que malgré l’adhésion de l’Etat à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) et l’adoption du Code minier, il se pose toujours avec acuité la question de la répartition des retombées financières et des impacts locaux des projets d’extraction minière. En effet, a indiqué M. Babou, au niveau des zones d’exploitation, il est souvent relevé des problèmes de santé publique, de non-respect des normes environnementales, de sécurité au travail, d’expropriation des terres et de chômage des jeunes. A titre d’exemple, entre 2015 et 2016, plus de 3 milliards de F Cfa ont été injectés dans les caisses de l’Etat par la Société minière de la vallée du fleuve (Somiva) et il n’a été constaté aucune ristourne au profit des collectivités locales de la région.
A Mbenda Kakène, également dans la commune de Darou Khoudoss, 3 000 maraîchers subissent les impacts négatifs des rejets d’eau des carrières dans leurs plantations ; d’où le cri du cœur de Demba Fall Diouf, président du réseau national des Personnes affectées par les opérations minières (Papom). Il dit : «Les populations subissent les impacts négatifs de l’exploitation de ces ressources minières, mais malheureusement elles ne sentent pas les impacts positifs.» Et il a invité l’Etat, les sociétés minières et les collectivités locales à plus de transparence dans la gestion des ressources tirées des industries extractives. Il en a profité pour initier les communautés de base à la réglementation pour les encourager à participer aux processus communautaires liés au secteur minier. «Dans cette réglementation minière, nous attendons que les conventions qui lient les sociétés minières à l’Etat soient éclairées pour que les populations sachent quelle est la compétence de chacun. Egalement que nous sachions quels sont nos droits, c’est-à-dire ce que nous pouvons tirer de ces ressources minières.» Aussi, poursuit M. Diouf, «par rapport au suivi du processus budgétaire, nous attendons que les fonds versés à l’Etat et ceux votés au niveau local aient une traçabilité pour que nous puissions savoir si les budgets votés et destinés à tel ou tel autre projet ont été exécutés en bonne et due forme». Bref, dira le président des Papom, «cette formation nous permettra d’avoir des outils pour plaider au nom des populations, mais aussi d’être capacités de telle sorte que nous puissions suivre l’action de nos élus locaux».
Revenant sur la formation axée sur le suivi du processus budgétaire local et la réglementation, le coordonnateur du Forum civil/section Thiès fera noter que le projet vise à accompagner les communautés afin que les industries extractives qu’elles abritent puissent respecter leurs droits en termes de ressources qu’elles génèrent pour une meilleure amélioration de leur vécu. Pour cela, «il faut que les populations soient bien formées pour qu’elles puissent porter le combat. C’est cela l’objectif du projet dont la durée est de deux ans. Nous sommes dans la première phase. Et ce qui est innovant dans ce projet, c’est qu’il y a un baromètre qui permettra de mesurer l’action des élus et des organisations de la société civile, notamment les femmes et les jeunes dans leurs actions quotidiennes pour amener non seulement les industries extractives à honorer leurs engagements vis-à-vis des populations, mais aussi pour que les collectivités locales puissent gérer de manière transparente les ressources qu’elles vont recevoir».
nfniang@lequotidien.sn