Ça ne sera pas un rapport de plus. C’est l’assurance faite par des organisations de la Société civile pour l’application des recommandations de la Cour des comptes sur des gestionnaires du fonds Force Covid-19. Elle compte organiser un rassemblement à la Place de la Nation pour lancer le combat. Par Malick GAYE –

Le rapport d’audit du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (Force Covid-19) de la Cour des comptes continue de faire couler beaucoup d’encre. Des organisations de la Société civile se sont liguées pour exiger une suite judiciaire. Hier, Afri­kaJom Center, Osiwa, Ondh, Ong3d, Lsdh, Raddho, Réseau siggil jiguen, Frapp et Nittu deug ont animé une conférence. Elles ont donné rendez-vous au Peuple le 30 décembre prochain à la Place de la Nation pour exiger la satisfaction de 4 points. Il s’agit de la démission des autorités incriminées, du remboursement des sommes détournées ou de la confiscation de leurs biens matériels ou fonciers, de l’ouverture d’une information judiciaire pour chaque personne épinglée et de la mise sur pied d’un comité de suivi avec des membres de la Société civile pour suivre les recommandations de la Cour des comptes. «Pour vous montrer la gravité de l’heure, jamais la Cour des comptes n’a fait des recommandations pour l’ouverture d’informations judiciaires dans un rapport. La responsabilité de tout un chacun est engagée», a déclaré Valdiodio Ndiaye.

C’est pratiquement le même constat que Aliou Sané de Y’en a marre a fait. Pour l’activiste, «ces milliards détournés ne seront pas digestes. La pandémie nous a été vendue comme l’ennemie publique. On a tu nos divergences pour entrer en guerre contre ce virus. 773 milliards ont été mobilisés dont 651 milliards issus des partenaires techniques et financiers, 102 milliards de l’Etat et 19 milliards venant du Peuple. Quand on imposait le couvre-feu au Peuple, ils volaient notre argent. Combien de vies auraient pu être sauvées si l’argent était utilisé à bon escient ?».

Pour Safiétou Diop du réseau Siggil jiguen, ces détournements sont des «actes de traîtrise». D’après Moundiaye Cissé de l’Ong 3D, si Macky Sall n’appliquait pas les recommandations de la Cour des comptes, «nous allons vers la Présidentielle de 2024. Nous allons demander aux candidats de s’engager à lancer les poursuites après la Prési­dentielle».

Pour rappel, la suppression de tout contrôle administratif et du visa préalable a favorisé la survenance de plusieurs irrégularités dans l’exécution des dépenses éligibles aux res­sources du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19. Dans son rapport d’audit du fonds, la Cour des comptes a relevé, entre autres, un cumul dans le paiement des primes, une surfacturation dans l’acquisition de certains produits, notamment le riz, une sélection de fournisseurs d’équipement sans expérience avérée dans le domaine…

Dans le paiement des primes aux membres du Comité national de gestion de l’épidémie (Cnge), plus de 313 millions ont été indument payés, une surfacturation de plus de 2 milliards de francs Cfa a été également décelée dans l’achat du riz destiné aux ménages…

La Cour des comptes a ainsi demandé au Garde des sceaux, ministre de la Justice, de faire procéder, à l’encontre de plusieurs Dage, à l’ouverture d’une information judiciaire.
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