Goncourt des lycéens : La Camerounaise Djaïli Amadou Amal couronnée

Le Goncourt des lycéens a été remporté par l’écrivaine camerounaise Djaïli Amadou Amal pour son roman «Les impatientes» aux éditions Emmanuelle Collas. Un livre sur la condition des femmes au Sahel et les violences dont elles peuvent être victimes.
C’est un prix qui «représente beaucoup» pour Djaïli Amadou Amal. Lors de la remise du Goncourt des lycéens, qui s’est tenue en visioconférence cette année, Covid-19 oblige, elle a estimé que si «les jeunes sélectionnent, choisissent ce livre, pour en faire leur lauréat, en réalité cela signifie un espoir pour l’avenir. Cela signifie que les jeunes sont sensibles et que ça sera donc un changement pour le monde». Elle-même mariée de force à 17 ans, elle s’est émue qu’un jury de jeunes lecteurs et lectrices ait été sensible aux sujets du «mariage précoce et forcé» ou des violences «conjugales, physiques ou morales». Son ouvrage est une reprise d’un roman publié au Cameroun en 2017 sous un autre titre, Munyal, un mot peul qui signifie patience et pour lequel elle a déjà été primée l’année dernière. (…) C’est d’ailleurs l’un des buts du livre : briser les tabous. «Il y a plein de niveaux de lecture dans ce livre et il y a ce niveau de lecture qui est très intéressant, qui est un vrai geste politique qu’il faut faire entendre plus que jamais», estime Célia Sadaï, critique et chroniqueuse littéraire. «Je l’ai lu en tant que femme. Et en fait, ce qui est intéressant à lire, c’est les résonnances qu’on peut y trouver. Il y a plein de violences un peu banales qu’on identifie et on se dit : ‘’Ah, ça, je l’ai déjà vécu, je l’ai déjà subi, mais je ne l’ai jamais nommé comme violence.’’ Il y a quelque chose de très universel qui fait vraiment écho, de très résonnant et vibratoire dans cette histoire, dans cette façon de parler des femmes et qui dépasse complètement le contexte du Cameroun, d’une tradition peule et musulmane, qui est le contexte de l’environnement des héroïnes. Et là, on est vraiment dans quelque chose qui est propre à notre expérience de femme», confie-t-elle.
Rfi