Un concert caritatif pour soutenir la lutte et le traitement des enfants atteints de drépanocytose et très souvent victimes d’Accidents vasculaires cérébraux (Avc), c’est l’objectif de l’artiste ivoirien Ks bloom. Avec la chantre Anne Elisabeth, ils ont joint leurs efforts pour permettre la mobilisation de fonds afin d’acquérir des appareils de doppler transcrânien, ces équipements qui peuvent permettre de détecter à temps les risques d’Avc et de sauver des jeunes vies. Le concert a eu lieu ce samedi au Grand théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose.

 

Par Justin GOMIS – Le chanteur Ks Bloum et la chantre Anne Elisabeth se sont produits ce samedi au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. Ce n’est pas pour se faire de l’argent, mais pour la bonne cause. En fait, les recettes de cette soirée organisée avec la collaboration de Gloire à Dieu (Gad), vont servir à sauver des enfants atteints d’Avc et de drépanocytose. «Je n’ai pas un membre de ma famille qui souffre de la drépanocytose, mais elle est très répandue en Afrique. Je ne suis pas venue parce que je suis concernée directement, je suis venue parce que je suis touchée par la cause de ces enfants. Aujourd’hui, on se bat pour que ces enfants qui sont atteints d’Avc et de drépanocytose, puissent avoir une meilleure espérance de vie. Et c’est valable pour toutes les maladies. La maladie en tant telle importe peu, mais on doit répondre et se sentir concerné envers son prochain et tout ce qui peut améliorer la vie de son prochain», a déclaré Anne Elisabeth à la veille de cette manifestation caritative. Pour sa part, Ks Bloum oriente son action vers l’œuvre de Dieu. «Ça me fait gagner un trésor dans le ciel. Quand on sème ici, on va récolter au ciel», a laissé entendre le chanteur ivoirien lors de la conférence de presse d’avant-soirée. «Pour une première, le fait de dédier ce concert à cette cause démontre mon amour pour le Peuple sénégalais. C’est un concert de cœur, c’est un concert pour les enfants, les nécessiteux, les malades», promet-il.

Décès de l’écrivain Alioune Badara Bèye : Une page se tourne

En fait, ce n’est pas la première fois que l’artiste pose un tel acte à l’endroit des malades. «Je l’ai fait en Côte d’Ivoire», a-t-il informé. Venu une première fois au Sénégal, Ks Bloum n’avait pas été bien accueilli. En effet, en novembre 2022, un incident avec les policiers de l’aéroport s’était soldé par des violences physiques exercées sur l’artiste, selon ses dires. Mais cette page qu’il a fini de tourner, il l’a mise au compte du diable. «Les bonnes choses sont attaquées. Si je suis revenu au Sénégal, c’est parce que je sais que si le diable a fait tout ça, c’est que le Sénégal est un territoire de faveur. En tant que commando pour le seigneur, on prend des coups, mais on se relève pour faire le travail de Dieu», a-t-il soutenu en se définissant comme «commando de Jésus».

Guérir de la drépanocytose

Dr Idrissa Basse est médecin à l’hôpital des enfants de Diamniadio. Revenant sur cette maladie, il informe que l’on peut traiter aujourd’hui la drépanocytose qui occasionne souvent des Accidents vasculaires cérébraux (Avc) chez les enfants. «Avant les gens pensaient qu’il n’y a pas d’espoir pour la drépanocytose, qu’on ne vivrait pas longtemps. Maintenant avec les techniques actuelles et l’amélioration de la médecine, on parvient à faire survivre ces enfants. Maintenant leur espérance de vie atteint quasiment celle d’une personne normale. Quand vous allez dans les pays développés, avec la greffe de moelle osseuse, les gens sont capables de guérir maintenant la drépanocytose», indique le praticien. Mais, malgré cette avancée de la médecine, certains enfants meurent parce qu’ils arrivent très tard à l’hôpital. «Aujourd’hui, on y arrive avec certains enfants. Malheureusement, il y en a beaucoup qu’on perd. Ils viennent tardivement parce que les parents n’ont pas les moyens.»

Pour lever le voile sur le massacre : Pr Mamadou Diouf appelle la «France à une collaboration franche et entière»

Selon le Dr Basse, l’absence d’un appareil pour effectuer le doppler transcrânien à l’hôpital est à regretter. «Le doppler transcrânien, c’est juste un examen qui permet, à partir des vitesses qu’on mesure au niveau des vaisseaux, de dire l’enfant qui risque un Avc. Si cet appareil tombe en panne, c’est que ces enfants sont laissés à eux-mêmes», indique le médecin qui a magnifié cette démarche de Ks Bloom qui a fait des milliers de kilomètres pour venir se produire pour des enfants atteints de drépanocytose. Ce geste pourrait aider à avoir un appareil de doppler transcrânien. «Je n’ai pas les mots. C’est grandiose. Aujourd’hui on se bat pour mettre en place une couverture sanitaire. Tout n’est pas en place. Il y a la couverture maladie universelle qui devait prendre en charge ces enfants de moins de 5 ans. Malheu­reusement, ça n’a pas trop bien marché. Ce qui fait que quand ces enfants viennent et font des Avc, on est obligé de nous débrouiller pour faire le diagnostic très tôt dans les quatre heures, pour qu’un traitement qui coûte un million soit mis en place, et que le vaisseau soit débouché». D’après Dr Basse, ces appareils ne coûtent pas trop cher. Ils tournent autour de 25 à 30 millions. Et l’objectif de ce concert est justement de mobiliser des fonds pour acheter suffisamment d’appareils. «Si ces enfants sont pris en charge assez tôt et qu’ils bénéficient de médicaments, on est capable d’atteindre une espérance de vie égale à celle d’un enfant normal», ajoute-t-il.

Réflexions – L’art contemporain face aux murs dressés entre les hommes : La zone liminale, cette République des poètes

La prévalence de la maladie est assez forte au Sénégal. «La dernière étude qui permet de donner un aperçu a été faite entre 2005 et 2020. C’est un travail qui a été fait avec trois hôpitaux réunis. L’hôpital de Fann, qui s’occupe de tout ce qui est neurologie, l’hôpital Albert Royer et l’hôpital des enfants de Diamniadio. Cette étude a permis de faire ressortir 402 enfants qui ont fait des Avc. Mais il y a une sous-estimation. Il y en a qui n’arrivent pas à l’hôpital. Les parents vont d’abord chez les tradipraticiens jusqu’à ce que les enfants perdent la vie», précise le médecin.
justin@lequotidien.sn