Le lycée de Tanaff a connu une matinée mouvementée vendredi dernier. Après avoir plongé la commune dans la tension ce jour-là, 3 étudiants, dont le président de l’Amicale des étudiants de Tanaff, sont convoqués au­jourd’hui par la Brigade de gendarmerie de Samine. Attendus à 10 heures, ils feront face aux pandores qui veulent mettre la lumière sur cette chaude journée qu’a vécue cet établissement qui compte 27 classes physiques dont 20 abris provisoires. Ce qui laisse entrevoir d’éventuelles poursuites judiciaires.
Ayant reçu un coup de pierre à la figure, Sounkar Mendy, une élève en classe  de 4e, s’en est sortie avec une incapacité de 10 jours tandis que deux professeurs du lycée se retrouvent avec des boubous déchirés. Alors que du côté des étudiants, on se plaint d’injures et de chaudes empoignades.
Tout est parti d’un mouvement d’humeur des étudiants de Dakar. Ils réclament une subvention de la part de la marie de Tanaff et déplorent de ne pas avoir bénéficié de cette allocation depuis 3 ans. En plus, ils dénoncent une mauvaise communication du maire qui «fait la sourde oreille face à leur sollicitation».
Pour obliger les autorités communales à réagir, ils ont décidé de perturber le système scolaire au niveau de la commune pendant 48 heures. L’intervention du sous-préfet de Simbandi Brassou n’a pu calmer l’ardeur des grévistes qui sont passés à l’acte. S’ils ont réussi sans peine à déloger des potaches de l’élémentaire, au lycée, les manifestants ont fait face au veto de certains enseignants. «Exceptés deux d’entre eux qui s’entêtent en nous traitant de groupuscule, tous les profs ont libéré leur classe», raconte le président de l’Amicale des étudiants de Tanaff à Dakar. Lamine Dramé,  qui parle de «provocation», soutient avoir été pris au collet et abreuvé d’injures par deux professeurs. Grâce à leur détermination, le groupe d’étudiants a réussi quand même à paralyser le système éducatif de la commune. «Ils sont au nombre de six. Leur objectif est de se servir des élèves comme boucliers», déplore Bassirou Touré, un prof‘ d’anglais du lycée, qui fustige cette attitude «lâche» et voit une main politique derrière les manifestants. Il est très remonté contre certains étudiants qui,  à l’en croire, ont usé de la force. «Sans demander la permission, ils nous ont agressés physiquement. Ils ont jeté des pierres dans des salles de classe, ce qui a occasionné la blessure d’une élève qui a été évacuée à Sédhiou. Nous ne nous opposons pas à leur grève. C’est la manière qui dérange. Devant le sous-préfet, ils ont soutenu qu’ils nous ont demandé de libérer des élèves et qu’on a refusé», témoigne-t-il. Parlant au nom de ses collègues, M. Touré compte porter l’affaire devant la justice. «Il est inadmissible que nous soyons agressés dans notre lieu de travail par des corps étrangers», soutient-il.
Du côté de la mairie, on fustige l’amalgame et la manipulation des étudiants. «Ils veulent utiliser des élèves comme boucliers. Ils disent que depuis 3 ans la mairie ne leur a pas octroyé de subvention. Ce qui est paradoxal est que le maire Ibrahima Gomis était le parrain de leur manifestation culturelle dont j’étais le conférencier samedi dernier. Il leur a remis une enveloppe de 100 mille francs pour les accompagner. La subvention ou aide n’est inscrite nulle part dans la nomenclature budgétaire. En 2017 et 2018, le Conseil a autorisé le maire de leur octroyer un million. Et cette année aussi, il est prévu de faire un geste, mais la mairie peine à mobiliser des fonds. Pour nous tordre la main, ils utilisent des élèves. Ils ont tenté hier (jeudi), ça a échoué. Aujour­d’hui (vendredi), ils ont sauvagement agressé deux professeurs, en l’occurrence MM. Ndiaye et Dione. On ignore le vrai mobile de leur acte. Ce qui est bizarre, ils réclament le recouvrement des arriérés de 3 ans», explique Ibrahima Solo Mané, premier adjoint au maire de Tanaff. Mieux, M. Mané soutient que le président de l’Amicale est originaire de Soucoutoto, un village de la commune de Manga­roun­gou.
Déterminé à donner une suite au mouvement, le président de l’Amicale balaie d’un revers de main toutes ses accusations qui, selon lui, montrent que ces détracteurs sont à court d’arguments. «Je les invite à se référer au bureau de l’état civil pour déterminer mon origine», balance-t-il.