#Goudomp – Parrain de la Journée nationale de l’arbre : Le caïlcédrat massacré à Djibanar

La 39ème édition célébrée, hier dimanche à Thiès, sous la présidence du ministre de l’Environnement et du développement durable, Abdou Karim Sall, a comme arbre parrain, le caïlcédrat. Et le choix du caïlcédrat comme parrain de cette présente édition résulte du constat de la menace certaine qui pèse sur l’espèce. A Djibanar, dans le département de Goudomp, région de Sédhiou, cet arbre, appelé aussi «khaya senegalensis», fait l’objet d’un massacre ordonné, comme qui dirait, par la puissance publique.Par Abdoulaye KAMARA
– Le caïlcédrat est un arbre partiellement protégé au Sénégal. Soumis à des conditionnalités pour autoriser son abattage. Pourtant, cet arbre fait l’objet d’une agression innommable dans la commune de Djibanar depuis quelques années. Des fabricants de pirogue se sont installés dans le village de Djibanar et ont choisi cet arbre comme matériau de construction de leurs pirogues. Des pirogues géantes. Un tour au bord du fleuve Casamance où ils ont installé leur quartier général nous a permis de mesurer la taille des pirogues qui sortent de «leur usine». Le chef de chantier, qui s’apprêtait à mettre à l’eau une de ces pirogues, la décrit : «Elle mesure 22m de long, 4m de large et 2m de profondeur.» Parmi les fabricants se trouvent un Ghanéen et un Togolais. Les pirogues seraient commandées par des Sénégalais mais aussi par des pays de la sous-région. L’un des collaborateurs de l’opérateur explique : «Nous sommes là depuis quelques années. Nous avons des autorisations d’abattage par pied. Ce sont souvent du bois mort ou alors des arbres qui ont fait l’objet d’abattage par les entreprises de construction de routes.» Un habitant du village a donné une toute autre version : «dans mon champ, ils ont abattu un caïlcédrat qu’ils ont finalement laissé sur place parce que moisi de l’intérieur. Il occupe une partie du champ», fulmine-t-il, apparemment impuissant. «De temps à autre, des camions viennent débarquer des troncs de bois rouge ici ou en embarquent pour d’autres localités», poursuit-il. Nos tentatives de faire parler le chef du service départemental des Eaux et forêts de Goudomp et son patron de la région, basé à Sédhiou, sont restées vaines.
C’est dans ces conditions que la région de Sédhiou a célébré, hier dimanche, cette journée de l’arbre dans le village de Simbandi Brassou, chef-lieu d’une commune du même nom. Pour certainement parler de l’importance de cet arbre pour la médecine traditionnelle et comme bois d’œuvre. Les autorités étatiques, les techniciens et les autorités locales se sont tus sur ce massacre à grande échelle qui se déroule sous leurs yeux, avec leur complicité. Et c’est finalement tous les caïlcédrats de la région qui ont comme cimetière le village de Djibanar qui loge leurs «serial killers».
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