Oumar Mamadou Baldé, Gouverneur de la région de Tambacounda, qui recevait le rapport Itie 2020 des mains du Conseiller spécial à la présidence de la République, Mamadou Mbaye, et du secrétaire permanent du Comité national-Itie, a appelé à veiller à ce que les populations sentent que les ressources extractives ne leur sont pas spoliées, mais également à une juste et équitable répartition des revenus générés par le secteur.Par Dialigué FAYE
– Le Gouverneur de Tambacounda ne croit pas à la malédiction du pétrole. Il l’a réitéré dimanche, lorsqu’il recevait le rapport Itie 2020 du Cn-Itie. Pour Oumar Mamadou Baldé, «seuls les esprits faibles ou les esprits qui ne croient pas, peuvent admettre que le pétrole est une malédiction». En effet, explique le commis de l’Etat, «il y a énormément de pays qui ont construit leur développement à partir de la valorisation des ressources minières».
Mais, reconnaît l’autorité administrative, «dans d’autres pays, il y a des difficultés liées à l’exploitation des ressources minières. Pourquoi ces pays connaissent des difficultés ? Je n’ai pas la prétention de donner les réponses, les explications. Mais en qualité de commis de l’Etat, nous avons une idée. Pour de telles ressources, il est impératif que l’Etat veille à trois choses. La première, c’est de travailler à ce que la population sente que ce sont ses ressources. Les Etats n’ont pas compris cette dimension. Ils ont pensé qu’en rapport avec des investisseurs, de petites élites au niveau central, ils pouvaient s’occuper de la gestion de la ressource, tirer des bénéfices et laisser les populations dans leur état de désolation. Deuxième élément des pays qui ont failli dans l’exploitation des ressources minières, c’est le fait de ne pas penser à former et capaciter la ressource humaine nationale pour que celle-là puisse participer à l’exploitation. Dans ces pays, ce sont des expertises venues de l’extérieur, amenées par les investisseurs qui sont en train de travailler à l’exportation, tandis que les nationaux, les locaux, sont tenus éloignés de ces ressources».
Et comme troisième élément, il évoque la répartition inéquitable des revenus. «Il nous faut forcément veiller à une juste et équitable répartition des revenus générés par le secteur… Qu’aucun Etat, qu’aucune institution, ne se hasarde à dire qu’on peut faire une gestion qui n’est pas équitable de ces ressources et penser que cela va durer… Ce sont ces trois faiblesses, entre autres, qui sont arrivées à ces pays et ceux qui avaient des intérêts par rapport à ces ressources minières qui ont profité de ces faiblesses pour engager les populations dans des rebellions, des guerres… Je l’ai déjà dit de manière claire et limpide à toutes les autorités jusqu’à celle la plus élevée, à savoir le président de la République.»
Ainsi reste-t-il confiant et convaincu que le Sénégal saura tirer les leçons des échecs des autres, mais tirer également les leçons des réussites des autres pour aller dans le bons sens. «Si les populations sentent que les ressources ne leur sont pas spoliées, que l’exploitation qui est faite, suivant l’encadrement de la puissance publique par les investisseurs leur retombe, nous aurons un calme et une stabilité dans ce pays. Si l’Etat veille à former des ressources humaines dans tous les domaines de l’exploitation pour que tous les Sénégalais participent, c’est un élément supplémentaire», plaide le Gouverneur de Tamba.
Pour rappel, cette région orientale n’abrite pas de grandes compagnies internationales minières, mais des groupes nationaux qui interviennent dans l’exploitation du basalte, du calcaire…. Mais assure-t-il, «depuis que nous sommes arrivés, tous les permis (recherche, exploitation) sont systématiquement liés à l’avis que le Gouverneur de Tamba émet par rapport à la demande de l’investisseur». Ce qui n’est pas encore le cas dans la région de Kédougou, où les autorités administratives dénoncent l’octroi des permis tous azimuts sans leur avis.
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