Gouvernance et arrogance : l’art des incompétents au Sénégal

Au Sénégal, la gouvernance est trop souvent marquée par une arrogance qui cache une incompétence notoire. Ceux qui occupent les sphères du pouvoir, censés être des serviteurs du Peuple, adoptent un ton condescendant et autoritaire, confondant leadership et mépris, gestion et improvisation, compétence et clientélisme.
Loin d’être une démonstration de force ou de maîtrise des affaires publiques, cette posture arrogante est en réalité le refuge des dirigeants en manque de vision et de rigueur. Elle se traduit par un déni constant des réalités vécues par les citoyens, une communication arrogante et un refus systématique de la critique. Dans ce contexte, toute remise en question des décisions publiques est perçue comme une attaque personnelle, et les voix discordantes sont réduites au silence par la répression ou le mépris.
Ce phénomène est d’autant plus préoccupant que l’arrogance en politique est souvent le signe d’une absence de résultats concrets. Incapables d’apporter des solutions aux défis économiques, sociaux et environnementaux du pays, certains dirigeants se réfugient dans une posture défensive, préférant imposer leur volonté plutôt que de dialoguer avec les citoyens. Cette attitude crée une rupture entre gouvernants et gouvernés, aggravant la crise de confiance qui mine nos institutions.
L’arrogance des dirigeants se manifeste aussi dans leur gestion des crises. Face aux revendications populaires, aux mouvements citoyens et aux critiques légitimes, la réponse est trop souvent une communication arrogante, teintée de menaces et de mépris. Pourtant, une gouvernance efficace repose sur l’écoute, l’humilité et la capacité à s’adapter aux besoins de la population. Loin d’être un signe de faiblesse, reconnaître ses erreurs et engager un dialogue constructif est une marque de grandeur et de responsabilité.
Cette situation est également favorisée par un système où la compétence est rarement le critère principal de nomination aux postes de responsabilité. Le népotisme et le clientélisme permettent à des individus peu qualifiés d’occuper des fonctions stratégiques, non pas pour leurs compétences, mais pour leur loyauté envers le pouvoir en place. Dès lors, plutôt que de chercher à exceller dans leurs missions, ces responsables adoptent une posture arrogante pour masquer leur incapacité à gérer efficacement les affaires publiques.
Pourtant, il est encore possible de changer cette dynamique. Le Sénégal regorge de talents, de cadres compétents et de jeunes leaders capables d’impulser une nouvelle vision basée sur la transparence, la compétence et la responsabilité. La gouvernance ne doit pas être un exercice d’auto-satisfaction, ni un espace réservé à ceux qui excellent dans l’art de mépriser le peuple. Elle doit être un engagement envers l’intérêt général, fondé sur l’écoute et la quête permanente d’efficacité.
Tant que l’arrogance primera sur la responsabilité, le développement restera un mirage et la confiance entre gouvernants et citoyens continuera de s’effriter. Il est temps que la gouvernance sénégalaise évolue vers plus d’humilité et de compétence, car c’est dans le respect du Peuple et la recherche de solutions concrètes que réside la véritable force d’un leadership éclairé.
Amadou DIA
Conseil en travail social
Consultant formateur
Responsable politique à Ourossogui