Gouvernement – Entrée de Rose Faye, Déthié Fall, Me Bamba Cissé et Amadou Bâ : Sonko, les pleins pouvoirs

Les hommes qui se sont plus distingués dans la défense de Sonko font leur entrée au gouvernement. Dans la même logique, les fortes personnalités comme Ousmane Diagne, Jean-Baptiste Tine, qui étaient une caution de neutralité du régime aux postes de souveraineté, ont pris la porte. Par Malick GAYE –
Il faudra attendre pour compter un deuxième gouvernement de Sonko. En lieu et place d’un remaniement attendu depuis la présentation du Plan de redressement économique et social (Pres), c’est plutôt un réajustement qui a été décidé. Lequel a été motivé par la démission de Abass Fall du gouvernement pour se consacrer à la mairie de Dakar, et le besoin de réorganisation après 18 mois au pouvoir. A cet effet, il faut noter l’entrée dans l’équipe gouvernementale de 5 nouvelles personnalités. Il s’agit de Déthié Fall, qui va regrouper toutes les directions sectorielles des Infrastructures pour en faire un ministère, Me Bamba Cissé, qui va gérer le ministère de l’Intérieur, Amadou Bâ pour la Culture, Marie Rose Faye, nommée secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement, et Cheikh Niang, qui va gérer les Affaires étrangères. Pour le reste, l’équipe gouvernementale a été reconduite, à l’exception de quelques changements de portefeuille. En effet, la Culture devient un ministère plein. Abdourahmane Diouf et Daouda Ngom échangent leur portefeuille : Environnement-Enseignement supérieur.
Le Premier ministre, qui avait clamé tout haut sa volonté de gouverner sans obstacle, semble obtenir gain de cause. En effet, au regard de l’équipe réajustée, Pmos a placé ses hommes. Désormais, les «neutres» comme Ousmane Diagne et Général Baptiste Tine, qui étaient considérés comme des cachets technocrates, ont sauté, surtout que les pressions sur les lenteurs dans les traitements des dossiers judiciaires étaient devenues trop fortes sur les deux têtes de l’Exécutif.
Aujourd’hui, Ousmane Sonko est seul maître à bord. Une situation qu’il ne va pas manquer de savourer. En effet, en s’assurant de placer ses hommes dans les ministères de souveraineté, Sonko tient désormais l’appareil d’Etat. Pour preuve, il vient de nommer Marie Rose Faye porte-parole du gouvernement et secrétaire d’Etat rattachée à ses services.
Déthié Fall, l’ombre de Sonko
Parmi les personnes qui sont entrées au gouvernement, Déthié Fall semble le plus à même de prouver sa loyauté au Premier ministre dont il était l’ombre depuis plusieurs mois. Celui qui avait brillé par la fourberie politique lors des dernières Législatives, va s’occuper des Infrastructures du pays. Selon les explications de Sonko, le gouvernement va réunir toutes les directions sectorielles des Infrastructures pour en faire un ministère. Une explication assez simpliste qui en dit long sur les attentes du Pm à l’égard de Déthié Fall. Il devra continuer à être cette passerelle entre le régime et la classe politique, comme il l’a fait dans l’élection de Abass Fall.
Cheikh Niang, enfin un diplomate aux Affaires étrangères
Cheikh Niang, diplomate chevronné et expert reconnu des relations internationales, va succéder au «gros calibre» au ministère de l’Intégration africaine et des affaires étrangères. Sa nomination est officiellement présentée comme un remplacement. Mais au regard des faits d’armes de Yassine Fall, le fait de nommer un diplomate à ce poste peut être perçu comme une volonté du gouvernement de corriger les impairs du «gros calibre». Il faut dire que le Sénégal a connu des ministres des Affaires étrangères plus compétents que Yassine Fall. Son bilan dans ce département n’est pas des meilleurs. En nommant Cheikh Niang, le message envoyé par le Sénégal est clair : le pays va entrer dans l’orthodoxie de la diplomatie.
Amadou Bâ, «tête pensante» de Pastef, récompensé
Khady Diène Gaye ne va plus gérer la Culture. Qui devient, avec le tourisme, un ministère. Même si le Premier ministre a avoué à demi-mot l’échec de Khady Diène Gaye. Le simple fait de reconnaître, comme l’avaient préconisé les acteurs du secteur, que la Culture doit être un ministère à part entière, est un aveu d’échec. Désormais, c’est Amadou Bâ qui va s’y atteler. Cette nomination est plus une récompense qu’autre chose. Amadou Bâ, connu dans le domaine du Droit, va devoir se retrousser les manches pour relancer un secteur longtemps laissé pour compte. En nommant un homme avec un profil politique, le Premier ministre ne semble pas convaincu par les propos de Senghor qui disait que la culture est au début et à la fin de tout.