La nomination, le 17 septembre 2022, d’un nouveau gouvernement qui coïncide avec la restauration du poste de Premier ministre, est venue (une fois de plus !), replacer le Parti socialiste au cœur du débat politique. Malgré les soubresauts inhérents au compagnonnage stratégique qui fonde depuis 2012 la dynamique de la coalition présidentielle, le Ps conserve «ses» 2 postes ministériels. Il y va certainement du jeu des équilibres et de l’impérieuse obligation pour le président de la République, de voir les alliés «rester groupés» au sein de Bby, au moins jusqu’en 2024.

A la faveur de la realpolitik induite par ce dernier remaniement, les camarades Serigne Mbaye Thiam et Alioune Ndoye restent donc au sein de l’équipe gouvernementale. Cet acquis de gouvernance symbolique, conservé en termes de présence dans la haute sphère décisionnelle de l’Etat du Sénégal, n’est malheureusement pas sans méfait(s) politique (s) au vu des réactions suscitées par le défaut de renouvellement des effectifs du Ps au sein du gouvernement. Multiples, et diversement appréciées, ces réactions émanent de camarades militant à la base (échelles locale et nationale), mais également, par exemple, de structures de jeunesses socialistes dissidentes avec le Mnjs et réclamant «la responsabilisation de jeunes», etc.

Le point de vue -par ailleurs largement partagé et diffusé- du camarade Aly Mané dès l’annonce de la composition du gouvernement dirigé par le Premier ministre Amadou Ba, ainsi que les ressentis exprimés par plusieurs camarades, viennent nous rappeler que le Ps, loin de s’éteindre, doit se relever et se réinventer pour continuer d’exister.
Aussi, nous devons tous nous rendre à l’évidence qu’il s’agit moins d’un débat de personnes que d’un nécessaire besoin de renouvellement et de circulation des ressources humaines de notre formation politique. Au bon souvenir des débats soulevés au sein du parti, je rappelle que dès 2019, le camarade Pr Gorgui Ciss, Pca de la Safru Sa, suggérait pédagogiquement cette exigence de vitalité démocratique par la rotation des effectifs. Cette posture prospective lui donne raison en 2022 et nous rappelle que *de manière ponctuelle et régulière, toute organisation politique a besoin de sang neuf et de démocratie rotative*. En définitive, ce qui était pleinement valable en 2019, l’est encore davantage en 2022.

A défaut, l’on ne resterait plus dans un gouvernement après 10 longues années que pour jouir d’un titre et d’avantages liés à la fonction occupée. De surcroît, ce ne serait que participer à entretenir davantage, dans la conscience collective, qu’en dehors de deux ministres, il n’existerait pas d’autres profils socialistes capables de siéger au Conseil des ministres ou d’occuper des charges et fonctions de responsabilités dans la gouvernance de l’Etat. En ce sens, *la reconduction de Serigne Mbaye Thiam et, dans une moindre mesure, celle de Alioune Ndoye* (par ailleurs dépossédé du portefeuille de la Pêche et de l’économie maritime), *desservent plus le Ps à l’interne qu’il ne le fortifie -stratégiquement- au sein de la coalition présidentielle* ; l’Apr et l’Afp l’ont apparemment mieux compris en renouvelant leurs ressources humaines au sein de l’attelage gouvernemental.

De plus, une autre réalité politique s’imposerait aux Socialistes et les interpelle au moment où les Libéraux -aux côtés de leurs frères républicains- (re)prennent de plus en plus les rênes de Bby et de la majorité présidentielle, notamment avec la récente arrivée de M. Pape Diop, ancien président de l’Assemblée nationale sous Abdoulaye Wade et président du parti Bokk gis gis. A cet effet, les éventuelles nouvelles nominations attendues encore à la tête de certaines sociétés nationales, et particulièrement à la présidence du Hcct qu’assure le Ps depuis la création de cette institution, serviraient donc de pertinente grille de (re)lecture pour *apprécier à quoi ressemble notre formation politique aujourd’hui et quel est son statut depuis le décès du président Ousmane Tanor Dieng*, le 15 juillet 2019.
Stanislas NDIAYE,  
Militant de la 26ème Coordination Ps de Rufisque, 
Membre de Vision Socialiste.