Une délégation du Conseil économique, social et environnemental, conduite par M. Cheikh Ngaïdo Bâ, a visité hier le Grand Théâtre national de Dakar afin de cerner les difficultés que rencontre l’institution. Au terme de cette visite, M. Bâ a plaidé pour l’augmentation du budget du Grand Théâtre et la nécessité pour cette structure d’avoir son statut.

Une forte délégation du Conseil économique, social et environnemental était annoncée hier au Grand Théâtre national de Dakar pour une visite de courtoisie et de travail. Mais avec l’annonce du décès du guide religieux Cheikh Ahmet Tidiane Sy Al Makhtoum, tous les membres de cette délégation n’ont finalement pas pu effectuer le déplacement. Toutefois, le président de la commission Culture, sport, tourisme et artisanat du Conseil économique, social et environnemental, M. Cheikh Ngaïdo Bâ, et ses pairs ont pu visiter de fond en comble l’édifice, entouré par l’administration du Grand Théâtre. Ils ont sillonné les différentes salles de conférence, les loges artistes, la grande salle de spectacle, l’espace souterrain, le bâtiment technique, la salle de vidéo surveil­lance… pour finalement plaider une augmentation du budget du Grand Théâtre, afin de permettre à cette institution de remplir les missions qui lui ont été confiées. «Nous sommes venus faire l’état des lieux de cette ins­titution et faire des recommandations au président de la Répu­blique, car nous avons reçu sur le Grand Théâtre un document très fourni sur sa situation», a expliqué Cheikh Ngaïdo Bâ.
«Du dehors, les gens pensent que le Grand Théâtre, depuis son inauguration en 2011 et son fonctionnement depuis 2012, n’a pas de problème. Nous sommes venus voir de visu ce qui s’y passe», a-t-il poursuivi, affirmant qu’après la visite, la délégation constate qu’il existe «beaucoup de problèmes» qui ne permettent pas un fonctionnement optimal. «Le Grand Théâtre rencontre beaucoup de problèmes. Il y a d’abord le problème de budget. De 1 milliard 300 millions, le Grand Théâtre a aujourd’hui un budget qui tourne autour de 600 millions. Je crois qu’il y a un problème», a dit Cheikh Ngaïdo Bâ. «Avec 600 millions, il faut reconnaître que ce n’est pas gérable par rapport aux problèmes que les gens rencontrent ici et que nous venons de constater», a-t-il in­sisté, plaidant pour que les autorités puissent en prendre conscience. «Nous avons au Conseil économique, social et environnemental demandé dans notre rapport que le budget du ministère de la Culture et de la communication soit augmenté. Et ce fut le cas. C’est pour que des infrastructures comme le Grand Théâtre puissent en béné­ficier et faire face aux problèmes de gestion, de maintenance etc.», a éclairci M. Bâ. Il plaide par conséquent «pour que le budget revienne à la normale».
Pour Cheikh Ngaïdo Bâ, par ailleurs président des Cinéastes sénégalais associés (Cinéseas), «le Grand Théâtre a un rôle international à jouer et il faut donc lui donner les moyens en ce sens». «Sorano, c’est une complémentarité du Grand Théâtre. Nous venons de visiter Sorano. Et nous constatons que ce théâtre est d’une vétusté incroyable. Mais Sorano a 50 ans. C’est différent. Au Grand Théâtre, nous voyons qu’il y a les mêmes problèmes qui se signalent. Donc rapidement, nous devons les prendre à bras-le-corps et demander au président de la République de régler les problèmes du Grand Théâtre qui sont des problèmes de climatisation, d’électricité, de sécurité…», a-t-il mentionné. «On a appris que pour la climatisation, il n’y a qu’une seule machine qui marche. Mais c’est dangereux», signale encore Cheikh Ngaïdo Bâ, ajoutant qu’il profite de «l’année de la culturelle» pour, en tant que conseiller et ayant un rôle consultatif, attirer l’attention du président de la Répu­blique et des pouvoirs publics sur la situation du Grand Théâtre. «Nous sommes heureux de venir visiter ce joyaux et de demander au gouvernement qu’un bijou comme celui-là ne soit pas laissé à la mort, car c’est en voie» prévient-il.

Le statut du Grand Théâtre au menu
«C’’est l’Année de la culture. Nous voulons qu’au 31 décembre 2017, en faisant le point par rapport à l’agenda culturel régulier, 2017, décidée par le président de la République comme année de la culture, qu’il y ait une valeur ajoutée. Et qu’au-delà de cette année, les industries culturelles prennent leur envol. Et que comme le cinéma aujourd’hui, les différentes directions du ministère de la Culture et de la communication prennent leur envol», a en outre dit Cheikh Ngaïdo Bâ qui pose par ailleurs le problème de statut du Grand Théâtre. Pour lui, il est temps que l’institution ait ses statuts. «Je l’ai dit et nous l’avons dit en commission. Aujourd’hui, le Grand Théâtre n’a pas encore de statut. Depuis deux ans, c’est dans le circuit. Il faut enfin sortir ce statut pour qu’il y ait un meilleur cadre de travail. Sorano va passer épique, il faut que le Grand Théâtre passe aussi épique pour pouvoir attirer des fonds additionnels. Seule la subvention de l’Etat ne peut plus permettre à ces infrastructures d’être gérées de façon convenable», a analysé Cheikh Ngaïdo Bâ.
Le président de la commission Culture, sport, tourisme et artisanat du Conseil économique, social et environnemental soulève dans la foulée un autre problème qui impacte, selon lui, le fonctionnement du Grand Théâtre, «c’est le problème de gratuité». «Nous l’avons appris et nous savons que des hommes politiques prennent le Grand Théâtre gratuitement. Cela n’est pas normal. Tous spectacles et les rencontres faits ici doivent être payants, car le Grand Théâtre à des charges énormes», a-t-il dénoncé, avant d’inviter au changement des mentalités. «Il faut que les mentalités changent et qu’on arrête avec cet esprit de gratuité que les gens cultivent. Il faut arrêter de faire des pressions sur le directeur général pour que les rencontres soient gratuites», précise-t-il. M. Keyssi Bousso, administrateur du Grand Théâtre national de Dakar, a, après avoir remercié la délégation pour cette visite de proximité, adressé des remerciements à l’endroit de la présidente du Conseil économique, social et environnemental, Mme Aminata Tall, et du président de la République qui n’a de cesse de soutenir l’institution qu’il dirige. M. Bousso a toutefois souhaité que le budget du Grand Théâtre ne soit plus à l’avenir ponctionné, mais plutôt renforcé afin de lui permettre de faire des spectacles locaux et internationaux, et aussi faire vivre la culture dans ce temple comme il se doit.
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