Grand ! Pour la première fois, je vais déroger à la règle. Pour la première fois, je vais passer outre vos conseils. Je vais écrire un papier dans lequel je vais exprimer ce que je ressens. Je suis très triste, je suis choqué et je pense plus fort encore à la mort. Tous les jours que Dieu fait, vous m’envoyez un message. Je n’avais pas encore lu votre dernier message du vendredi, parce que j’étais en déplacement à l’intérieur du pays. Quand j’ai appris la très mauvaise nouvelle, à travers les réseaux sociaux, je n’en revenais pas. Je me suis tout de suite précipité pour aller lire votre message du vendredi. Votre dernier message. Dans ce message, vous me disiez : «Quand ta bonne action te rend heureux et ta mauvaise action te dérange, tu es un croyant.» Un message qui renseignait aussi sur l’autre facette de Grand Zo. Vous étiez un croyant. Je peux en témoigner.
Chaque jour avec son message. Et chaque message était à votre dimension Grand Zo (comme je vous appelais). Je n’ai jamais écrit un papier d’analyse ou de commentaire étant journaliste. Je ne le faisais presque pas. J’étais toujours sur les faits et quels faits. Parce que je venais de quitter l’école de journalisme. Mais surtout parce que c’était votre dada. Toutes les deux années qu’on a partagé le bureau à la Sodida, dans les locaux du journal Le Quotidien, je n’ai jamais écrit de papier d’analyse ou de commentaire. Avec Grand Ibrahima Sakho, vous et moi, on «gérait» le desk politique du canard, avec bien sûr les correspondants.

Quand certains reporters voulaient décompresser, ils venaient dans notre bureau, parce que vous y étiez. Vous aviez ce don de tout tourner en dérision. Vous saviez comment tirer de l’humour dans toute situation. Les calembours, plaisanteries, homophonies et autres… étaient votre champ de prédilection. Vous saviez trouver le titre qu’il faut à tout article. Grand Zo, vous étiez bon. Très bon. Toujours souriant. Je ne me rappelle pas vous avoir vu fâché. Très taquin avec un bon niveau de langue, toujours avec une bonne mise, vous étiez un modèle dans votre genre. Courtois et élégant.

Quand vous commenciez à écrire un papier, c’était la concentration maximale. Vous enchaîniez les cigarettes. Vous faisiez aussi des va-et-vient dans le bureau du desk actualités, où se trouvaient Aminatou, Ticko et Fatou Faye. Et des fois, vous faisiez un crochet dans le bureau de Mohamed, pour taquiner Safiétou. Vous vouliez que tout le monde ait la joie de vivre. Vous le répétiez souvent : que vous étiez un bon viveur.

Quoi d’autre ? Bon je vais m’arrêter là Grand. PSD, BON, Ndiassé, Biaye, Mor Talla, Fafaye, Babs ou encore Madiambal, sauront mieux que moi quels mots utiliser pour vous décrire, pour témoigner sur vous. Même Barka, venu au desk politique bien après, ou encore Ndiaga, le feront mieux que moi. Bon j’arrête, tout en espérant que vos «amis», «collègues» vont s’occuper de Mme Diop en lui trouvant un bon travail pour qu’elle puisse prendre soin des enfants. De vos enfants que vous aimiez tant. Prêt à tout faire pour eux. Grand, que Le Bon Dieu vous pardonne et vous accueille dans son Paradis firdaws. Au revoir l’homme au cœur d’Or.
Par Latir MANE