Le ministre de l’Urbanisme a annoncé la révision du Plan d’urbanisme détaillé (Pud), qui devait apporter à Guédiawaye des infrastructures sociales de base. Le Collectif des défenseurs du Pud s’attaque à Moussa Balla Fofana, qui n’aurait pas, selon leurs dires, le pouvoir de revenir sur ce dossier.
Par Abdou Latif MANSARAY –

Après la visite du ministre de l’Urbanisme, Moussa Balla Fofana, à Guédiawaye, Gadaye et Malika, la colère gronde au niveau du Collectif des défenseurs du Plan d’urbanisme détaillé (Pud) du département de Guédiawaye. Ils se sont réunis ce week-end pour dénoncer une visite «commandée» du ministre de l’Urbanisme. «Nous voilà réunis ici, pour rétablir, par devoir et éthique, la vérité, pour éviter que la manipulation et la tromperie ne prospèrent sur le lit sordide de la conspiration. En s’interdisant formellement toute polémique stérile, nous voulons juste, avec diplomatie certes, mais sans faillir à notre sens de responsabilité et obligations citoyennes, prémunir  nos autorités  contre des erreurs fatales nées  des règlements de comptes personnels et de querelles politiciennes à l’occasion de la visite du ministre de l’Urbanisme, de l’aménagement du territoire et des collectivités territoriales, Moussa Balla Fofana», note Alboury Ndiaye, porte-parole du collectif.

Ce Collectif des défenseurs du Pud est composé d’élus locaux, du Conseil départemental de la jeunesse, du Conseil consultatif des femmes, de l’Odcav, du Collectif des Badiénou gox, des artisans, des délégués de quartier, des imams,  des autorités religieuses, de personnalités de la Société civile, entre autres. Khalifa Guèye, président du Conseil de la jeunesse, refait la genèse du Pud : «Sur demande maintes fois et en toutes occasions exprimées par les populations de Guédiawaye, le président de la République Macky Sall, que nous remercions au passage,  a, par décret 2021-401 du 4 juin 2021, approuvé et rendu exécutoire le plan d’aménagement concerté du littoral officiellement appelé Plan d’urbanisme  détaillé de la zone Nord de Guédiawaye ; plan qui s’étend sur une superficie globale de 150, 58 hectares répartie comme suit :  21, 08/100 pour voirie  et réseaux divers, 35/100  pour des équipements collectifs et infrastructures communautaires, 43, 92/100 pour habitat.» Selon lui, le même décret a classé 19, 5 hectares en zone de protection par aménagement paysager et régénération de la bande des filaos sur la partie comprise entre l’océan et la Vdn3, en réponse aux préoccupations environnementales et écologiques.

Le Pud allait permettre au département d’assurer sa transition de cité dortoir en ville moderne dotée d’équipements et d’infrastructures sociaux modernes : une école élémentaire, un Cem, un lycée scientifique, un centre de santé, deux maisons de la femme, une maison des personnes du 3ème âge, une maison des handicapés, une grande mosquée, une chapelle, une maison communautaire Keur Serigne Touba, un cimetière musulman, un cimetière chrétien, une maison de la jeunesse, des aires de jeux, une salle de spectacle, une esplanade, des jardins publics, un centre de formation professionnelle, une université islamique, une maison de la culture, des espaces verts et 19, 5 hectares de bande de filaos.
Aujourd’hui, il y a le Dépôt Brt, le Tribunal de grande instance, liste Khalifa Guèye. Bass Diatta Mbacké, responsable politique, enchaîne : «Des centaines de familles à travers 376 conseillers municipaux, des dignitaires religieux, des autorités coutumières, des personnages individuels de notre localité ont bénéficié de parcelles à usage d’habitat. Pour toutes ces raisons, les populations de Guédiawaye dont nous portons le mandat et légitimement la voix,  réclament le respect du Pud, ⁠l’implantation des lots et le parachèvement des titres de propriété y afférents pour permettre la réalisation des équipements et infrastructures, ainsi que la mise en valeur des parcelles d’habitation, mais surtout  la levée des suspensions aveugles de travaux de construction.» Le collectif condamne «fermement» l’accaparement du foncier  de Guédiawaye. Youssou Ndiaye, agent municipal, explique : «Le collectif ne saurait terminer sans s’interroger sur le silence du ministre sur les autres localités visitées, la question préoccupante des 386 familles déguerpies des zones inondées de Guédiawaye, qui courent après leur recasement depuis 2005, de même que la situation chaotique des mairies du fait de la grève des agents municipaux depuis deux ans. Malgré ces maux, le ministre s’est tout bonnement focalisé sur le département de Guédiawaye pour uniquement un règlement de comptes politiques que nous tous savons, vu les propos qu’il a tenus sur sa page Facebook en disant qu’il va supprimer les notifications. Alors on se demande depuis quand un ministre peut se permettre d’annuler un décret présidentiel. Son rôle, c’est de venir s’enquérir de la situation et de rendre compte.»
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