Se souvenir toujours du ­missile russe sur la gare Kramatorsk et sur la file ­innombrable des passagers qui attendaient ­d’embarquer ! Cette cruelle et inacceptable image en ce vendredi 8 avril 2022, nous restera pour toujours !
Comment l’Europe, le monde, en 2022, peuvent-ils regarder ces images en ne proposant que des sanctions économiques, même si on sait maintenant qu’elles ont dépassé ce seul seuil ?
Des embargos pleuvent sur le gaz russe, le charbon russe, le pétrole russe, les navires russes, les banques russes, les avoirs russes, les oligarchies russes, alors que les missiles russes semblent punir chaque communiqué de l’Ue et de l’Otan, par des attaques toujours plus meurtrières contre les civils ukrainiens !
Cela va-t-il encore durer, ­perdurer ? Ce génocide à ciel ouvert, sans compter les ­assassinats de journalistes et reporters, est indigne de notre 21ème siècle naissant.
Encore une fois, quelque chose de puissant, d’énorme, de fou, d’audacieux, de fraternel, doit se lever pour sauver le Peuple d’Ukraine ! Quelque chose doit être fait et très vite pour emmener Poutine, malgré lui, à une table de négociation pour arrêter les massacres ou périr lui-même à la place du brave Peuple russe désinformé et barbelé !
Nous devons penser au schéma de capitulation dans les guerres ! Il faut que Poutine capitule ou que la Russie, cette grande Russie à la culture prodigieuse, le fasse elle-même capituler ! Chaque heure, chaque jour, chaque semaine qui passe, compte ! Ne faisons pas semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, pour vaquer à nos occupations. Chacune, chacun de nous doit se rendre compte non pas de ce qui arrive au Peuple ukrainien, mais de ce qui arrive à l’homme, à l’être, à notre civilisation qui recule, régresse, s’humilie, se pétrifie. Tous ceux qui se taisent sont complices !
Pour notre part de ce côté-ci du continent, que personne ne vienne nous dire que l’Afrique meurt tous les jours et ­qu’aucun Grand Blanc ne vient la sauver ! Ce n’est ni beau ni grand de le dire de cette ­manière, face à ces crimes contre ­l’humanité, et surtout, ce n’est humainement point une posture humaine à ­adopter!  Elevons-nous. C’est cette élévation qui fera la ­grandeur de l’Afrique à travers chaque Africaine, chaque Africain. Nous avons un droit de fraternité à faire prévaloir !
En cash, nous sommes tristes de constater que l’Afrique est absente, c’est-à-dire invisible, sur la scène mondiale, pour apporter sa haute part d’action et de sagesse à cette guerre inacceptable que la Russie mène contre un peuple libre et qui a le droit d’être libre ! Nous espérions plus de notre continent qui, chaque jour, désormais, agrandit sa voix dans le concert des nations. Mais là, nous ne voyons rien que des reflets de compassion. Que doivent donc dire les diplomates africains qui conseillent nos princes en leur demandant d’être prudents avec ce conflit, d’être distants des postures des grandes puissances de l’Otan et du reste de l’Europe qui tirent à boulets rouges sur Poutine ? Mais comment donc peut-on être prudents et distants avec tant de haine, d’acharnement, de violences, d’injustices, tant de morts d’enfants et de civils ?
Nous connaissons tous l’histoire politique de l’Ukraine. Elle n’est certes pas toujours claire comme le jour, mais c’est une histoire énorme, douloureuse et richissime. Nous savons également que Poutine a des défenseurs ! Ils disent haut et fort que depuis bien longtemps et toujours, il a demandé à l’Ue et aux Etats Unis, de respecter la garantie sécuritaire de la Russie «en ne faisant pas de l’Ukraine une base avancée de l’Otan aux frontières de la Russie». Comme jadis ce que «refusait Kennedy, en 1962, quand Khrouchtchev a voulu installer ses missiles nucléaires à Cuba». Toutefois, devrait-on s’en arrêter là, aujourd’hui, en 2022, pour fermer les yeux et tout pardonner à «Tsar» russe ?
Nous cherchons à comprendre simplement pourquoi l’Ukraine, libre et indépendante, n’aurait-elle pas le droit de conduire sa politique et de s’allier au camp auquel il souhaite s’allier, pour vivre, exister, rayonner, se développer ?
Doit-elle toujours et au nom de son histoire politique être à la remorque de la Russie, dévouée et soumise à la Russie ?
Des pays en Afrique comme en Amérique latine, ­aujourd’hui, cherchent encore à se libérer de l’ancien colonisateur. Leurs leaders les plus révolutionnaires sont souvent mis dans une tombe. Mais la lutte de libération continue. Oui, il s’agit bien de libération ! L’Ukraine a le droit, enfin, de se libérer comme l’Afrique et tous les autres. C’est d’une nouvelle carte stratégique du monde dont il s’agit. Ce tournant ne doit pas être raté avec ce conflit russo-ukrainien ! En dehors de tous les traités imaginables, il arrive un moment où il faut ­s’émanciper ! Etre libre ! C’est ce qu’a voulu l’Ukraine en cherchant à aller se réfugier dans une Ue jugée plus sécuritaire, plus solidaire économiquement. Pourquoi vouloir ôter ce droit à l’Ukraine parce que la Russie s’y oppose ? Aucun pays libre au monde ne devrait voir ses droits à la liberté et au développement être autant entravés ! Il nous faut désormais franchir le pas et créer cette force internationale d’ingérence pour sauver des peuples fragiles contre des Poutine non imaginaires et contre des leaders qui écrasent, pillent, tuent, assassinent, humilient, spolient, trichent, corrompent et étouffent tout pour leur seul intérêt et jouissance du pouvoir.
Quelque chose doit changer après ce conflit monstrueux entre la Russie et l’Ukraine ! Le monde doit changer ! L’Onu doit muter !  Ce vigile des temps anciens n’en est plus un. Il fait plus de mal que de bien. C’est le premier «Etat» au monde à souffrir d’un manque cruel de démocratie. Il n’est plus l’arbitre de rien. On rit de lui. Il ne s’adapte pas à son temps. Il perpétue la dictature des puissances en même qu’il met à nu leurs faiblesses coupables. Comment alors compter sur l’Onu pour se libérer, se sauver, exister, vivre ?
Ce qui s’est passé avec ce missile sur la gare ukrainienne Kramatorsk ce vendredi saint du 8 avril 2022 est inoubliable ! C’est encore une autre de ces images cruelles, vives, injustes, nauséabondes d’une Russie et de son démon froid, glaçant, terrifiant, qui oblitèrent toute humanité, qui rayent et effa­cent toutes les gouttes d’espoir d’un monde qui semble s’inscrire dans la peur, l’indifférence, la mort. Nous, nous voulons vivre. Battons-nous alors ensemble pour vivre ensemble et non mourir ensemble parce qu’un homme, un seul, Poutine de son nom d’enfer, a décidé de nous creuser à tous une tombe.
Nous devons ensemble, main dans la main, épaule contre épaule, Afrique-Europe-Amérique-Asie, replanter ce même arbre de vie dans un jardin commun et le même grand palais de vie dans les branches.
Pourquoi malgré notre peine et notre douleur devant tant de sang et de lambeaux de chair sur nos écrans de télévisions, nous voyons pourtant des reflets de lumière dessiner sur nos visages et sur nos mains des mosquées, des églises et des temples, où nous nous regardons, où nous nous voyons venir prier ?
Prions mais agissons !

Amadou Lamine SALL
poète 
Prix Spécial du Festival mondial de poésie Mihai Eminescu, Craiova, Roumanie