Au moins 18 personnes ont été tuées depuis janvier dans le contexte des manifestations, dont trois par arme à feu au cours des deux dernières semaines. Une vidéo et des photos authentifiées montrent des membres d’une unité d’élite militaire sur les lieux d’une manifestation.

La Guinée connaît encore une nouvelle vague de manifestations politiques et de violences. Au cours des deux dernières semaines, trois personnes ont été tuées par arme à feu. La voiture de Cellou Dalein Diallo, dirigeant de l’opposition, a été atteinte par un projectile. D’ailleurs, Amnesty international deman­de une enquête approfondie, impartiale et efficace sur les allégations indiquant que M. Diallo a été pris pour cible parce qu’il a ouvertement critiqué le gouvernement.
Amnesty international, par le biais de son Service de vérification numérique (réseau de bénévoles formés à la vérification des réseaux sociaux), a authentifié des vidéos et des photos montrant des membres des «bérets rouges», une unité d’élite militaire déjà «impliquée dans des violations des droits humains, comprenant des homicides illégaux et des violences sexuelles, portant des armes aux côtés de la police lors d’une manifestation le 15 octobre», lit-on dans ce communiqué de l’Organisation de défense des droits humains.
Amnesty, qui dénonce ces violations, demande aux autorités de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger le droit de réunion pacifique et de veiller à ce qu’aucune autre personne ne perde la vie à cause de la violence de tous les côtés, notamment des «excès meurtriers des forces de sécurité,», s’emporte l’Ong internationale. Poursuivant son propos, Amnesty souligne que l’opposition guinéenne prévoit de nouvelles manifestations dans les prochains jours. A cet effet, elle exhorte les autorités guinéennes à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que la situation ne devienne incontrôlable. «Elles doivent faire clairement savoir à toutes les forces de sécurité que l’utilisation injustifiée et excessive de la force ne sera pas tolérée», ajoute Amnesty international.
Amnesty international appelle aussi les autorités à ouvrir des enquêtes sur toutes les personnes soupçonnées d’avoir commis des violations des droits humains dans le contexte des manifestations, y compris celles occupant des fonctions de commandement, et à s’assurer qu’elles ne soient pas mobilisées tant que les enquêtes et les poursuites pénales engagées, le cas échéant, seront en cours.
Depuis les élections locales du 4 février 2018, des groupes d’opposition manifestent contre des résultats qu’ils jugent frauduleux et appellent régulièrement à des manifestations et des opérations «ville morte» lors desquelles les citoyens sont invités à rester chez eux.
Ces manifestations ont donné lieu à des affrontements meurtriers entre les manifestants et les forces de sécurité. Des violences ont été signalées des deux côtés. «Certains manifestants auraient lancé des pierres, blessant des membres des forces de sécurité. Celles-ci ont souvent répondu par un usage excessif et aveugle de la force contre les manifestants, en ayant recours à des gaz lacrymogènes, des coups de matraque et des tirs à balles réelles», déplore Amnesty. Selon François Patuel, chercheur pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty international, l’usage excessif de la force par les forces de sécurité et le déploiement d’une unité militaire connue pour avoir commis des violations des droits humains risquent d’aggraver encore la situation.
D’ailleurs depuis le début de l’année 2018, Amnesty international informe qu’au moins 18 personnes sont mortes dans le contexte des manifestations, dont trois ont été tuées par des tirs d’arme à feu semblant provenir des forces de sécurité les 16, 23 et 30 octobre dans la capitale Conakry.
Plus de 150 personnes sont mortes après que des membres des «bérets rouges» ont ouvert le feu lors d’une manifestation au stade de Conakry le 28 septembre 2009. Au cours de cet événement, une centaine de femmes ont été violées, plus de 1 500 personnes ont été blessées et beaucoup d’autres ont disparu.
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