Le gouvernement bissau-guinéen a annoncé la suspension de certains médias publics portugais. Selon les autorités de Bissau, le non-respect d’accords bilatéraux est à l’origine des faits. Cela n’a pas laissé indifférente l’Ong Reporters sans frontières (Rsf) qui l’a «fermement condamné».
«Le ministre de la Communication bissau-guinéen, Victor Pereira, a annoncé le vendredi 30 juin dernier, dans un communiqué, la suspension de tous les médias portugais diffusés sur son pays : l’agence de presse Lusa, le groupe public de radio-télévision Rádio e televisão de Portugal (Rtp), et sa chaîne internationale Radio Portugal (Rdp)», indique à travers un communiqué l’Ong Reporters sans frontières (Rsf). Cette décision du gouvernement bissau-guinéen de fermer ces médias n’enchante pas Rsf qui l’a fermement condamnée. «Il n’est pas normal que les journalistes payent le prix de conflits politiques. Ces suspensions constituent un danger pour la liberté d’expression et d’information. En fermant ces médias pour faire pression sur le Portugal, la Guinée-Bissau se coupe de voix essentielles qui contribuent à la pluralité des opinions en temps de crise», dénonce l’organisation de défense de la liberté de la presse. Mais même si le gouvernement a finalement estimé que l’agence Lusa n’était pas concernée, il justifie cette suspension par «le non-respect d’accords bilatéraux de coopération professionnelle avec le Portugal». Ainsi, «la Guinée-Bissau entend faire pression sur le Portugal, en conditionnant la réouverture de ses médias à la renégociation de ces accords dont les modalités n’ont jamais été respectées». Sur ce, le pays «avait donné au Portugal jusqu’au 30 juin dernier pour répondre à ses demandes. En 1997, les deux pays avaient prévu l’installation à Bissau d’une délégation de la Rtp, la formation de journalistes et techniciens bissau-guinéens, ainsi que des échanges de programmes».
Par ailleurs, suite à l’annonce de la suspension des médias publics portugais, «le gouvernement portugais a fait valoir dans un communiqué officiel qu’il ‘’n’exerce aucun contrôle éditorial sur Rtp, Rdp et Lusa’’, soulignant que ces médias ‘’agissent avec la même indépendance et impartialité à Bissau comme dans tous les pays où ils sont présents’’».
«Derrière les raisons officielles avancées, il semble que le Président bissau-guinéen, José Mário Vaz, et son gouvernement veuillent faire taire des médias alignés sur le gouvernement de Lisbonne, lui-même soupçonné de parti pris dans la crise politique qui secoue le pays depuis plus d’un an», note le document de Rsf.
La Guinée-Bissau occupe la 79e place au Classement mondial de la liberté de la presse réalisé par Rsf en 2017.
Stagiaire