Soutenir la mise en œuvre de la Stratégie nationale quinquennale pour l’inclusion des personnes handicapées (Enpicd) en renforçant une approche multisectorielle et un cadre pour mobiliser des ressources, y compris pour la fourniture de services de réhabilitation durables ; et sensibiliser de plus en plus sur l’Enpicd et inclure les engagements de la Guinée-Bissau en matière d’assistance aux victimes ! C’est le sens de la rencontre internationale, axée sur le Dialogue national des parties prenantes sur l’assistance aux victimes de mines et les droits des personnes handicapées, organisée du 25 au 27 janvier 2022 en Guinée-Bissau.Par Ibou MANE(Correspondant)

– La Guinée-Bissau ! Un pays qui a enregistré plus de 1500 victimes causées par des munitions explosives dont le dernier incident est survenu le 28 janvier 2021, lorsque six garçons ont été blessés et deux autres tués à Buruntuma, dans la région de Gabu. Et d’après l’Institut national d’études et de recherches (Inep), ce sont 13 590 personnes handicapées (0,94% de la population) qui sont enregistrées en 2009 dont 53,9% étaient des hommes et 46,1% des femmes. Et aujourd’hui, malgré les informations disponibles, on estime que la prévalence de l’invalidité et le nombre de victimes causées par des munitions explosives en Guinée-Bissau sont beaucoup plus élevés. Normal donc que la Guinée-Bissau ait en 2012, signé la Convention d’interdiction des mines (Convention d’Ottawa) qui l’oblige, en vertu de l’article 5, à déminer et à détruire toutes les mines antipersonnel sur son territoire. Malheureu-sement, près d’une décennie plus tard et à la suite de plusieurs accidents, la Guinée-Bissau a rapporté la découverte de zones minées jusque-là inconnues, poussant ainsi le pays, conformément au protocole de la convention, à demander du temps pour évaluer plus la situation et élaborer un plan pour le défrichement de ces zones minées. Un délai circonscrit au 31 décembre 2022, temps nécessaire accordé à la Guinée-Bissau pour achever la mise en œuvre de l’article 5.

Quid de l’assistance aux victimes et droits des personnes handicapées en Guinée-Bissau ?
Dans ce pays à l’heure actuelle, seuls des services limités sont disponibles pour les personnes handicapées, y compris les survivants des mines. La réadaptation physique, y compris fourniture et réparation de prothèses, d’orthèses, d’appareils de mobilité, de physiothérapie, etc., est aujourd’hui assurée par le Centre de réadaptation physique (Prc) de Bissau qui fonctionne sous la responsabilité du ministère de la Santé publique (Moph) et qui était soutenu jusqu’au mois de décembre 2021, par le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) dont la mission est terminée en Guinée-Bissau. C’est dire que ce Centre, pour davantage fournir les services nécessaires, a besoin de ressources nationales et internationales accrues. En outre, la disponibilité de services tels que l’éducation inclusive, l’inclusion sociale et économique et les soins de santé est rare dans ce pays où la qualité et l’étendue de ces services font défaut. C’est fort de tels manquements qu’en 2018 le gouvernement de Guinée-Bissau, à travers le ministère de la Femme, de la famille et de la cohésion sociale, en coordination avec la Fédération des associations pour la défense et la promotion des droits des personnes handicapées de Guinée-Bissau (Fadpd-Gb), a préparé une Stratégie nationale quinquennale pour l’inclusion des personnes handicapées (Enpicd). La Guinée-Bissau n’ayant pas encore promulgué de législation sur les droits des personnes handicapées, l’En­picd, premier plan national que la Guinée-Bissau a préparé conformément à ses obligations en matière de Convention relative aux droits des personnes handicapées (Cdph) mais non encore approuvée par le gouvernement, est pour l’heure développée comme une stratégie inclusive couvrant tous les types de handicaps.

Un Dialogue national pour le respect des engagements internationaux
En raison de la contamination de la mine récemment découverte et de la nécessité de respecter ses engagements continus en matière d’aide aux victimes, la Guinée-Bissau compte ainsi redynamiser ses efforts de lutte anti-mines. Et la mise en œuvre, la coordination et la gestion des activités de lutte anti-mines, y compris celles liées à l’application de la Convention sur l’interdiction des mines en Guinée-Bissau, relèvent du Centre national de lutte anti-mines (Caami), basé au ministère de la Défense. Le Caami, qui s’est adressé au secrétariat de la Convention d’interdiction des mines pour soutenir les efforts de la Guinée-Bissau visant à accroître sa visibilité et le soutien à ses activités, à planifier la mobilisation des ressources et à renforcer les synergies entre les efforts menés dans le cadre de l’interdiction des mines. C’est tout le sens de cette rencontre internationale sur le Dialogue national des parties prenantes sur l’assistance aux victimes et les droits des personnes handicapées en Guinée-Bissau organisé pendant trois jours à Bissau.

Pour «ne laisser personne à côté»
Cette rencontre, qui a eu comme cadre un hôtel de la place à Praca à Bissau, a été rehaussée de la présence du représentant des organisations de personnes en situation de handicap et de survivants de mines, du Représentant de l’Icbl, du Directeur national du Centre national de lutte anti-mines (Caami), du Repré­sentant de l’Union européenne, du ministère de la Santé publique (Moph), du ministère de la Femme, de la famille et de la cohésion sociale (Mmfss) et de plusieurs associations de défense des droits humains. Un séminaire de trois jours mis à profit par les participants pour faire connaître en outre la nouvelle Enpicd ; permettre à toutes les parties prenantes de contribuer à relever les défis éventuels de sa mise en œuvre ; de suggérer des améliorations et de discuter des synergies avec la Convention relative aux droits des personnes handicapées (Cdph) ; et ce, afin de mieux répondre aux droits et aux besoins des victimes des mines. C’est dire qu’en plus des présentations axées, entre autres, sur les Obligations et opportunités internationales, sur l’état actuel de l’aide aux victimes et du handicap, sur les Défis et opportunités, la voie à suivre et sur les engagements concrets et mesurables pour assurer le suivi des résultats du dialogue, les participants auront droit à une visite de terrain au niveau du Centre de réadaptation physique. Une structure qui fournit une gamme de services de réadaptation et d’autonomisation aux personnes handicapées, y compris les survivants des mines, qui viennent de différentes régions du pays, ainsi que de la Casamance, au Sénégal. Un exercice qui sera suivi d’échanges sur l’état des services de réadaptation, des progrès et surtout de l’avenir de la Rpc à la suite de la réduction de l’assistance du Cicr. Et ce, entre les autorités bissau-guinéennes et les différents partenaires tels l’Isad Sénégal, l’Aifo, le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr), l’Oms, le ministère de la Santé publique, le Centre de réadaptation physique (Prc), le directeur de la Rpc, etc. «Il s’est agi pour nous de voir à travers cette conférence qu’elle est la situation des victimes de mines parce que la Guinée-Bissau a signé et ratifié la Convention d’Ottawa», a justifié Maria Santa Da Silva Gomes, représentante du Centre national de lutte anti-mines (Caami).
Jared Bloch, directeur des Campagnes et des communications, Juan Carlos Ruan, directeur Unité d’appui à la mise en œuvre de Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel ont à leur tour mis, entre autres, l’accent sur l’amélioration et l’intégration des engagements en matière d’assistance dans les politiques et programmes nationaux plus larges, y compris les droits des personnes handicapées et les cadres de développement ; mais également sur la transparence accrue du dialogue, sous la forme de la présentation d’un rapport sur l’état et les défis auxquels sont confrontés les survivants des mines, et d’autres obligations en suspens au titre de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel. Une rencontre qui a en outre a fourni des contributions au Caami pour élaborer un plan de travail visant à plaider en faveur de l’intégration de l’assistance technique dans des politiques et des programmes plus larges ; et émis des recommandations pour l’amélioration de l’Enpicd, y compris pour l’intégration des engagements de victimes de mines et leur assistance dans la stratégie.
imane@lequotridien.sn