Le Premier ministre Aristides Gomes a déclaré ne pas respecter cette décision
Le Président de la Guinée-Bissau José Mario Vaz a démis lundi soir le gouvernement du Premier ministre Aristide Gomez, une décision que ce dernier juge illégale. C’est par un décret, lu sur des radios locaux, que le chef de l’Etat a décidé de dissoudre le gouvernement, à quelques semaines de l’élection présidentielle. Dans ce décret, il est noté «qu’à la suite de l’analyse effectuée par le président de la République, la situation qui prévaut actuellement est une pleine crise politique qui empêche le fonctionnement normal des institutions de la Républi­que, conformément à l’article 104 (2) de la Constitution».
Ledit décret présidentiel est entré immédiatement en vigueur. Le Premier ministre Aristides Gomes a déclaré à des médias locaux, suite à cette annonce, ne pas respecter cette décision, la jugeant «illégale».
Cette décision intervient après une rencontre entre le président de la République et les partis politiques représentés au Parlement et les membres du Conseil d’Etat.
Dans une déclaration exclusive à Anadolu, le Premier ministre estime que cette «décision est nulle et non avenue, tenant compte du fait que le Président n’est plus dans la plénitude de ses pouvoirs constitutionnels». «C’est vrai qu’il est toujours sur place et cela est dû à un arrangement qu’on a trouvé lors du sommet d’Abuja au mois de juin», a-t-il reconnu, mais «le Président ne doit pas se mêler des affaires du gouvernement selon l’accord d’Abuja, et aussi il n’y a pas de crise et nous sommes en train de nous acheminer vers la résolution du cycle de crise avec l’élection à venir. Il n’a pas non plus de pouvoir ni pour une nomination ni de limogeage», a-t-il souligné.
«Nous sommes déterminés à poursuivre notre travail en tant que gouvernement pour des élections avec l’accompagnement de la communauté internationale, particulièrement de la Cedeao et donc samedi, nous comptons procéder à l’ouverture officielle de la campagne présidentielle électorale qui va conduire au vote du 24 novembre et je lance un appel à l’Armée pour qu’elle ne se mêle pas du processus politique en cours et que, le moment venu, les autorités judiciaires seront amenées à se prononcer sur la validité juridique de ce décret», a-t-il expliqué à Anadolu.
Selon les derniers accords politiques issus de la médiation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le gouvernement ne peut être limogé avant l’élection présidentielle de novembre.
Douze candidatures à la Présidentielle du 24 novembre ont déjà été validées par la Cour suprême. Elu en 2014 pour un mandat de cinq ans, le Président José Mario Vaz devait assurer une succession le 23 juin dernier.
Il continue cependant de diriger le pays, mais la gestion des affaires courantes est confiée au gouvernement formé début juillet 2019, suite à une décision de la Communauté économique des Etats de l‘Afrique de l’Ouest. Cette décision, résultant d’une confrontation de plusieurs mois entre présidence et gouvernement, risque, selon des analystes, de compromettre l’organisation de l’élection présidentielle tant attendue dans ce pays qui a connu depuis son indépendance en 1974 quatre putschs et seize tentatives de coup d’Etat.
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