L’arrestation du journaliste guinéen, Mamadou Saliou Diallo, pour «diffamation» constitue une violation flagrante de la loi sur la presse de 2010, aux yeux de l’organisation Reporters sans frontières (Rsf). Rsf, qui parle de détention illégale du fait du ministre de la Justice guinéen, exige la libération de Diallo.
Un autre journaliste fait les frais de sa plume ! Accusé de «diffamation et calomnie» par Cheick Sako, ministre de la Justice de guinéen, Mamadou Saliou Diallo, auteur du journal en ligne Nouvelledeguinée.com, croupit en prison depuis deux semaines déjà. Le sieur Diallo a été arrêté suite à la publication d’un article dans son journal. Dénonçant les agissements du ministre de la Justice qui, selon l’article, aurait touché des pots-de-vin et obtenu un appartement en Espagne en échange de l’attribution d’un marché de construction d’une nouvelle prison.
«En Guinée, la diffamation n’est pas passible de peine de prison. La détention de ce journaliste constitue donc une violation flagrante de la loi sur la presse de 2010, dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de Rsf. Comment un ministre de la Justice peut-il accepter d’être à l’origine de la détention illégale d’un reporter ? Mamadou Saliou Diallo doit être immédiatement libéré, sans attendre que l’affaire puisse être jugée sur le fond», lit-on dans le document publié par Reporters sans frontière.
En soutien à leur confrère à travers un communiqué publié à leur tour, le 20 juin, l’Association guinéenne de la presse en ligne (Aguipel) demandait aux autorités, entre autres, le «respect des procédures». Pour ces professionnels de l’information, «seule la loi sur la liberté de la presse est opposable aux journalistes» accusés de délits de presse.
Toutefois, le ministre de la Justice n’a pas répondu aux sollicitations de Rsf, fait-on savoir. Pour rappel, la publication du dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par Rsf, montre que la Guinée occupait la 104ème et a perdu trois places. Une situation qui a irrité le Président Alpha Condé, affirmant que les journalistes guinéens présentent une image du pays qui «ne correspond pas à la réalité». Le chef de l’Etat guinéen se targuait alors qu’«aucun journaliste n’avait été arrêté par le gouvernement». Une situation qui ne prévaut plus depuis la mise aux arrêts de Mamadou Saliou Diallo.
Stagiaire