Il y a des paroles qui trahissent une confusion profonde entre militantisme tapageur et responsabilité républicaine.
Celles de Guy Marius Sagna en font désormais partie. En déclarant que le Président Bassirou Diomaye Faye devrait «faire une transition», sous-entendant qu’il devrait transférer le pouvoir à son Premier ministre Ousmane Sonko, le député s’égare une nouvelle fois dans un discours incendiaire, dangereux pour la stabilité du pays.
Le Sénégal ne vit ni crise institutionnelle ni crise politique. Les institutions fonctionnent normalement, le gouvernement travaille, même s’il n’a encore produit aucun résultat tangible, et la démocratie sénégalaise poursuit son chemin. Alors, de quelle transition parle Guy Marius Sagna ? Vers quoi ? Vers qui ? Vers quel vide institutionnel ?
Ce n’est pas la première fois que le député du peuple autoproclamé s’enfonce dans des propos irresponsables.
On se souvient de sa sortie ahurissante où il affirmait que le Sénégal avait deux présidents : l’un légitime, l’autre légal. Une absurdité qui confine à la provocation. Mais ce n’est pas tout.
Il faut rappeler qu’en 2012, ce même Guy Marius Sagna proposait un référendum pour la partition du Sénégal, en appelant à l’indépendance de la Casamance. Oui, un homme qui siège aujourd’hui à l’Assemblée nationale, censée incarner l’unité nationale, avait publiquement plaidé pour la désintégration du pays. Une position qui, à elle seule, aurait dû le disqualifier à jamais de tout discours républicain.
En vérité, ses déclarations successives ne traduisent ni une réflexion politique profonde ni une analyse lucide de la réalité. Elles relèvent plutôt d’une tentation populiste, visant à entretenir le tumulte, à exciter les foules, à faire du bruit pour exister.
Guy Marius Sagna, député de la République, oublie qu’il parle au nom du Peuple, pas à la place du Peuple. Son mandat ne lui confère pas le droit de jouer avec les institutions, encore moins de remettre en cause la légitimité d’un Président démocratiquement élu. Bassirou Diomaye Faye n’est pas un chef de transition, il est le chef de l’Etat, élu au suffrage universel direct, selon les règles républicaines.
La vraie question est donc celle-ci : jusqu’où ira Guy Marius Sagna dans sa fuite en avant verbale ?
Jusqu’où ira ce besoin maladif de se positionner en frondeur permanent, même au prix du bon sens ?
Et maintenant, une autre question mérite d’être posée, avec tout le sérieux républicain qu’elle exige : le procureur de la République ne doit-il pas l’entendre ? Car au-delà de l’immunité parlementaire, il y a la responsabilité pénale de tout citoyen sénégalais, surtout lorsqu’il tient, publiquement sur un plateau et à travers les réseaux sociaux, des propos susceptibles de troubler l’ordre public ou de porter atteinte à la stabilité institutionnelle.
Dans la mesure où ses déclarations ont été faites en direct, devant témoins et diffusées publiquement, nous sommes bien en présence d’un flagrant délit. Et dans un Etat de Droit, nul ne saurait se réfugier derrière son mandat pour échapper à la loi.
La politique n’est pas un théâtre d’agitations, ni un concours de slogans. Elle est un exercice de responsabilité, de lucidité et de respect des institutions. En appelant à une prétendue «transition», Guy Marius Sagna ne défie pas seulement le Président, il défie la Constitution, il défie la maturité démocratique du Peuple sénégalais.
Il serait temps qu’il se ressaisisse. Le pays n’a pas besoin de prophètes du désordre, mais de constructeurs de sens.
Le Sénégal n’a pas besoin d’un député en quête de buzz, mais d’un représentant capable de défendre le Peuple sans déstabiliser la République.
Amadou MBENGUE
dit Vieux
Secrétaire général de la Coordination départementale de Rufisque, Membre du Comité Central et du Bureau Politique du Pit/ Sénégal