Le samedi 14 août, un tremblement de terre magnitude 7,2 a frappé Haïti de plein fouet dans la partie ouest de l’île. L’intensité est plus forte que celui qui avait fait plus de 200 mille victimes en 2010. Les dernières statistiques parlent de plus de 2 200 morts, près de 10 mille sont blessées et de nombreuses personnes sont portées disparues dans les décombres. Au moins, 60 mille maisons ont été détruites. La zone sinistrée est la région dans laquelle l’ouragan Matthew avait déjà causé de graves dégâts en 2016 ; dégâts qui n’ont pas encore été totalement réparés.
«Les villes ont été particulièrement atteintes», nous rapporte une collègue de Caritas internationale, Martine Haentjens, gestionnaire de projets. «Des bâtiments à plusieurs étages se sont écroulés les uns sur les autres». «Et la campagne n’est pas épargnée», selon la coordinatrice de projets à Caritas Haïti qui nous apprend «qu’il est plus difficile d’accéder aux zones reculées des campagnes à cause de l’état des routes. En plus, il n’y a souvent pas de réseau de téléphone». En campagne, les paysan-ne-s qui vivent de la transformation de cannes à sucre ont vu leurs installations endommagées. Ils essaient de mettre le reste des machines de transformation à l’abri, mais ils ne trouvent rien pour le faire.
Sur le plan médical, «des personnes malades ont dû être évacuées des hôpitaux pour laisser la place aux blessé-e-s ; c’est dire que les hôpitaux sont pleins à craquer. Ils ne peuvent pas accueillir toutes les victimes. C’est pourquoi alors certaines doivent rester sous des abris de fortune, malgré les risques que cela comporte.»
Depuis le 14 août, les populations d’Haïti vivent des jours et des nuits en alerte constante avec, comble de malheur, les tornades et les averses sous menace de tsunami. Depuis le lundi 16 août, la tempête tropicale Grace souffle sur les zones les plus touchées. Tout le monde est stressé, sur le qui-vive. Des organisations humanitaires comme Caritas essaient d’intervenir pour apporter soutien et solidarité aux Haïtiens.
Mais pendant ce temps, rien ni personne n’a donné de la voix en Afrique, pour ne serait-ce que marquer une solidarité panafricaniste et humanitaire. La diplomatie africaine a encore brillé par un mutisme et une absence inquiétante. A l’Union africaine, sauf si nous ne sommes pas bien informés, aucune action d’envergure à la dimension des relations de sang qui nous lient aux Haïtiens n’a été entreprise.
Pourtant, Haïti a toujours demandé d’être diplomatiquement rattachée à l’Afrique mère, car les Haïtiens ont été douloureusement arrachés à la terre de leurs ancêtres par l’histoire coloniale et esclavagiste. La République de Haïti serait, nous dit-on, Observateur à l’Union africaine. Le mutisme de l’Afrique est d’autant plus inquiétant que lorsqu’une fois, une cathédrale a connu un incendie en France, des chefs d’Etat africains se sont signalés par des communiqués de solidarité et des contributions pour sa reconstruction. Que ces sommes d’argent données pour la cathédrale leur soient rétribuées à l’au-delà ! Mais dans la même logique, il était attendu que de pareils gestes soient faits pour Haïti, une partie du sang africain et donc de nous-mêmes ! Le mutisme africain serait-il lié à un manque de leadership africain à dose panafricaniste ?
C’est là qu’il faut rappeler et saluer le geste d’alors du Président Abdoulaye Wade qui, dans de pareilles situations, avait fait montre d’une solidarité panafricaniste en allant prendre de jeunes étudiants haïtiens pour les amener au Sénégal et leur offrir des bourses d’études en les inscrivant dans des universités sénégalaises. Même si la gestion de ce dossier n’a pas été sans reproches par certains de ses collaborateurs, l’acte et le geste étaient nobles et salutaires.
Au demeurant, en militants panafricanistes, nous voudrions demander au Président Macky Sall, héritier sénégalais de la diplomatie panafricaniste et futur Président en exercice de l’Ua, d’entreprendre des actions et initiatives de solidarité envers les Haïtiens. Et le Mouvement fédéraliste panafricain serait disposé à soutenir toute initiative allant en ce sens, car Haïti n’est pas épargné par les désastres naturels. On ne peut pas laisser les Haïtiens face à de telles catastrophes qui se répètent fréquemment.
Vive la solidarité panafricaniste !
Vive l’Afrique et les Afro descendants !
Mamadou DIOUF –Mignane
Membre du Mouvement Fédéraliste Panafricain/
Coordonnateur du Forum social
Expert en interventions humanitaires et catastrophes naturelles