«Dans un pays où trône Pastef, l’embastillement de Moustapha est légitime : il est toute la liberté et l’intelligence qu’ils haïssent ; ils sont la grande nuit qu’il hait.» C’est l’analyse faite par Hamidou Anne, membre de l’Apr, suite au placement sous mandat de dépôt, hier, de Moustapha Diakhaté pour le délit d’offense au chef de l’Etat. M. Anne soutient dans une déclaration que «parce qu’il s’est affranchi de la prison, de la possession ou de l’accumulation de biens matériels, Moustapha n’a peur ni des rudesses de la privation de liberté, ni de la corruption des puissants, encore moins de la méchanceté de politiciens incultes dont la première urgence devrait être d’ouvrir une fois dans leur vie un livre». Et d’ajouter : «Quand j’ai rencontré Moustapha la première fois, en guise de cadeau pour la prochaine revoyure, il m’a confié ceci : «Tu sais, je crois en trois choses : la République, la démocratie et la liberté.».» Cette conviction, selon le membre de l’Apr, «l’ancre dans une profonde haine des populistes, des racistes et des fascistes». Poursuivant ses propos, Hamidou Anne souligne qu’en cela, Moustapha Diakhaté est parmi ses «plus précieux voisins de pensée». Saluant ainsi la posture de Moustapha Diakhaté, Hamidou Anne estime qu’il «est entré en politique comme on entre en religion, en y apportant cette exigence sur lui-même et sur les structures qui charpentent l’espace public et fécondent les victoires futures». Et de témoigner : «Même dans les geôles où ils l’ont jeté, il ne répond ni à l’injonction corruptrice du ventre ni à celle des honneurs fugaces, il n’agit que sous la dictée du tribunal suprême de sa conscience.» Revenant sur les faits ayant valu à l’ancien député cette arrestation, M. Anne, qui rappelle que «sous le IIIème Reich, Victor Klamperer pointait le début de la dérive macabre déjà par la confiscation de la langue», fait remarquer qu’il «est reproché à Moustapha Diakhaté une offense à la police du langage».

Par ailleurs, Hamidou Anne a encore relevé le silence des intellectuels et autres politiciens face à la restriction de la liberté d’expression. «Moustapha Diakhaté est un héros tragique. Il est une conscience debout, là où une élite universitaire et politicienne a cédé aux compromissions et au marchandage sur le dos du peuple des opprimés. Qu’est-ce que la politique sinon la position exigeante de veilleur et de semeur de graines d’espérance ? La politique, la vraie, pas l’agitation stérile d’incultes et de mercenaires, est une charge douloureuse que l’on porte sur soi pour, chaque matin, défricher une terre nouvelle d’un futur désirable. Elle requiert une distance vis-à-vis des ors et des privilèges, et une méfiance des nôtres d’abord, puis des fachos, pour ne suivre que le tracé de son devoir jusqu’à la fatalité de la victoire de la vérité sur le mensonge et du progrès sur la réaction», a-t-il écrit.
Par Dieynaba kane – dkane@lequotidien.sn