Hausse des cas de Covid-19 : Le Cnge sort de son coma
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Les sommités impliquées dans la lutte contre la pandémie du Covid-19 se sont rencontrées hier pour préparer la riposte à ce qui ressemblerait à une troisième vague, avec la hausse des cas positifs notés ces derniers jours.Par Justin GOMIS –
Avec 164 cas dont 100 issus de la transmission communautaire recensés hier, on retombe dans les records. Cette situation a réveillé le Comité national de gestion des épidémies (Cnge), qui a organisé hier une réunion d’évaluation et de remobilisation de ses équipes de riposte. C’est le signal d’une résurgence de la pandémie. Selon le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’action sociale Alassane Mbengue, cette rencontre, qui a réuni les différents acteurs impliqués dans la chaîne de riposte nationale contre la propagation du Covid-19, «consistait à apprécier la stratégie jusque-là mise en place, mais aussi de remobiliser les équipes autour de la riposte». Evidemment, le relâchement est total avec la banalisation du port du masque, le non-respect à tous les niveaux de la société des gestes barrières, avec la multiplication des rencontres politico-économiques, culturelles et sociales. «Il urge de garder notre rang honorable dans la riposte contre le Covid-19, qui a été salué d’ailleurs par les partenaires internationaux», rappelle M. Mbengue. Qu’est-ce qui explique cette tendance haussière des cas positifs recensés ces derniers jours ? «La circulation à l’international de divers variants devrait nous interpeller pour mieux nous réarmer afin d’éviter une troisième vague qui serait préjudiciable à la population et à l’économie nationale», conseille le secrétaire général du Msas.
Aujourd’hui, les signaux sont au rouge avec la présence des variants britannique et indien sur le territoire sénégalais. Même si, explique la directrice générale de la Santé publique, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, «la montée fulgurante de la courbe de contaminations contraste avec les cas graves». Pour le moment. «Quoique la situation n’est pas inquiétante, les acteurs du Cnge sont invités à la vigilance et à l’alerte maximale», enchaîne-t-elle. En attendant, le Cnge insiste sur le «renforcement de la surveillance épidémiologique et virologique pour mieux maîtriser la circulation des variants». La réalisation annoncée d’une enquête Cap (Connaissance-aptitude-pratique) et la deuxième enquête de séroprévalence pour une photographie complète de l’évolution de la maladie au niveau national permettront d’évaluer la situation qui inquiète aussi les Pr Moussa Seydi (chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann), Souleymane Mboup (Iressef), le Pr Amadou Alpha Sall (Institut Pasteur), qui insistent sur «l’adhésion aux vaccins» des populations. «Le vaccin demeure la seule arme efficace, compte tenu du fait que l’on ne peut plus retourner en arrière», avertit Pr Seydi, qui fait sans doute allusion au rétablissement de l’état d’urgence ou le couvre-feu instaurés au début des deux premières vagues.
Pr Seydi : «Le vaccin demeure la seule arme efficace…»
Il y a aussi l’épidémie des fake news qu’il faut combattre en «gérant les rumeurs autour des vaccins, quitte à déployer des unités mobiles de vaccination». Cette démarche agressive devrait se faire, d’après le chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de Fann, qui plaide pour l’appui aux services de santé afin qu’ils continuent dans la gratuité des examens cliniques, notamment les scanners pour les malades atteints de Covid-19, «concomitamment à la disponibilité des vaccins, sous peine de se trouver dans une situation où la demande sera supérieure à l’offre après une large campagne de communication».
Cette «remobilisation» du Cnge fait suite au lendemain du signal d’alarme lancé par l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Selon elle, «le nombre de cas de Covid-19 en Afrique augmente à un rythme alarmant, battant tous les records établis par les pics précédents». Elle estime que «le nombre de cas en Afrique a connu une progression constante sur six semaines consécutives, avec notamment une hausse de 25%, pour un total de 202 mille cas au cours de la semaine se terminant le 27 juin, soit neuf dixièmes du précédent record de 224 mille nouveaux cas enregistrés sur le continent». D’après les estimations de l’Oms, «sur la même période, la mortalité liée au Covid-19 s’est accrue de 15% dans 38 pays africains pour atteindre la barre de 3 000 décès». Analysant cette situation, les experts de cette organisation en déduisent que «le nombre de cas en Afrique double toutes les trois semaines». Pendant ce temps, préviennent-ils, «le variant Delta continue de se propager dans un nombre croissant de pays». «En tout, 16 pays ont indiqué être confrontés à ce variant, y compris neuf qui ont signalé une forte recrudescence des cas. Il s’agit du variant le plus contagieux jamais détecté, qui présenterait un taux de transmissibilité de 30% à 60% supérieur à celui des autres variants. Le variant Delta a été détecté dans trois pays parmi les cinq ayant enregistré le plus grand nombre de cas, lors de la semaine se terminant le 27 juin», informe l’Oms dans son document. Dans la même veine, elle souligne que «ce variant est très répandu en Afrique du Sud qui comptait plus de la moitié des cas détectés sur le continent au cours de la même période».
justin@lequotidien.sn