On s’achemine peut-être vers 72 heures sans pain la semaine prochaine. La Fédération nationale des boulangers du Sénégal a menacé d’observer un arrêt de travail si le gouvernement ne réagit pas. Face à la hausse du prix de la farine, les boulangers veulent renégocier une nouvelle structure des prix pour «offrir de la qualité aux populations, mais surtout pour ne pas disparaître».
La Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs) exprime son ras-le-bol en menaçant d’observer 72 heures d’arrêt de production de pain dès la semaine prochaine. «Nous sommes fatigués et nous ne pouvons plus continuer avec la structure actuelle des prix», lance Amadou Gaye, furieux. Le président de la Fnbs, qui réclame une révision des prix, demande également la convocation du Conseil national de la consommation pour déterminer le prix réel de la farine au gramme. Les boulangers souhaitent à l’issue de cette rencontre mettre sur le marché de nouveaux formats, notamment une baguette de 250 g à 200 francs Cfa avec plus de qualité.
Une baguette de 250 grammes à 200 F Cfa
Faut-il le rappeler, en juin 2014, le gouvernement avait pris un arrêté portant homologation des prix et poids du pain. Cette décision laissait croire une baisse sur le prix de la baguette de pain qui passait de 175 à 150 francs Cfa. Mais de l’avis de Amadou Gaye, il n’y a jamais eu de baisse puisque le poids de la baguette avait aussi diminué, passant de 210 à 190 g. «C’était une grosse arnaque et un diktat et nous l’avions dénoncé à l’époque», se rappelle-t-il. Le président de la Fnbs qualifie d’ailleurs cette décision «de pire dans l’histoire de la boulangerie sénégalaise». Il s’y ajoute, fait-il remarquer, que cette structure des prix est aujourd’hui «caduque». Car, poursuit-il, «les meuniers ont augmenté à deux reprises le prix du sac de farine qui est passé de 16 mille 200 à 18 mille francs Cfa». Amadou Gaye estime que dans un système d’homologation, si les prix bougent, la révision des prix doit s’imposer, surtout que la structure des prix n’avait pas pris en compte «certaines charges telles que l’emballage et les invendus».
Autant d’arguments qui mettent en rogne les boulangers. Ils interpellent d’ailleurs le nouveau ministre du Commerce. Ils veulent des mesures pour assainir leur secteur, notamment un arrêté ministériel pour éliminer les intermédiaires et un autre arrêté pour fixer la commission des vendeurs à 10%, conformément à la structure officielle du pain, mais également l’institutionnalisation d’un Comité régional de la boulangerie. Amadou Gaye précise cependant que ces revendications ne sont pas nouvelles. «Nous demandons juste une application des conclusions des Assises de la boulangerie que l’Etat, les meuniers, les consommateurs et nous-mêmes avions organisées en décembre 2017», rappelle-t-il.
La Fnbs a dans la foulée reçu une délégation de la Fédération ivoirienne des boulangers. Ces derniers sont en visite de travail à Dakar. Ils disent vivre les mêmes souffrances. Le chef de la délégation a appelé les gouvernants à prêter une oreille attentive aux cris du cœur des boulangers. Car, selon lui, la boulangerie est un «secteur qui emploie beaucoup de jeunes et qui participe au développement des pays d’Afrique de l’Ouest».
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