Un manque à gagner de la Senelec se chiffre à 12 milliards 191 millions de francs Cfa, un besoin de ressources financières pour réaliser les objectifs de performances de la Senelec dans le cadre de son contrat avec l’Etat du Sénégal, telles sont entre autres, les raisons liées à la hausse des tarifs de l’électricité à compter du 1er décembre 2019, d’après le Directeur général de la Société nationale d’électricité, Pape Mademba Biteye.
Deux jours après la vulgarisation de la hausse des tarifs à compter du 1er décembre 2019, dans la presse, le Directeur général de la Société nationale d’électricité est monté au créneau hier, pour essayer de faire avaler la pilule amère. Pape Mademba Biteye assure que cette nouvelle augmentation des prix n’est pas globale. Car, la Senelec épargne les ménages à faible revenu, soit un taux de 54%, équivalant à 611 mille 203 ménages, là où les industriels connaitront une hausse de 6%. C’est-à-dire, cette hausse qui va entrer en vigueur le 1er décembre prochain varie entre 2 et 10%, selon les clients. 300 cent mille clients domestiques, soit 26% auront une augmentation de 2,7%, alors que les autres ménages (20%) connaitront une hausse variant entre 7 et 10%. Les clients moyenne et haute tensions, généralement des industriels, connaitront une hausse de 6% après la baisse de 4% de 2017. «L’application de la nouvelle grille tarifaire ne concernera que les factures à payer en janvier 2020 pour certains et février 2020 pour les autres. Elle impactera la clientèle domestique, qui est de 1 million, 131 mille 53, à fin 2019», a informé Pape Mademba Bitèye hier lors d’une conférence de presse. «Par conséquent, la hausse n’est que de 2% depuis 2012, ce qui est supportable au regard de la continuité et de la qualité de service de la Senelec avant 2012 et du niveau de la hausse dans les pays similaires pendant cette même période», fait remarquer M. Bitèye.
Manque à gagner de 12 milliards au dernier trimestre
Le Directeur général indique par ailleurs, que la société d’électricité a besoin de ressources financières pour réaliser ses objectifs de performances dans le cadre de son contrat avec l’Etat du Sénégal. Ces ressources nécessaires à la réalisation des obligations de Senelec sont de 70% pour les achats de combustibles et assimilés, 20% pour les investissements dans la production et le réseau et 10% pour les autres charges de gestion dont les salaires.
Aussi renseigne le Dg, la Senelec tire son revenu des recettes issues de la vente d’électricité et de la compensation versée par l’Etat. Pour le trimestre commençant le 1er octobre 2019, le manque à gagner de Senelec se chiffre à 12 milliards 191 millions de francs Cfa, correspondant à une hausse tarifaire de 26,3%. «L’ajustement des tarifs du 1er décembre 2019 correspond en réalité à une hausse de 6%, contre 20,3% supportés par le gouvernement, soit une contribution des clients à hauteur de 2 milliards 462 millions de francs Cfa sur 12 milliards 191 millions Cfa de la compensation du dernier trimestre de 2019», a expliqué le directeur. Selon M. Bitèye, le gouvernement a supporté pendant ces trois dernières années 316,342 milliards de francs Cfa, afin d’éviter une augmentation des tarifs pour le consommateur. En outre, souligne Pape Mademba Bitèye, le gouvernement n’a pas appliqué la Redevance électrification (Rer) aux consommateurs de 0,7 francs Cfa par Kwh depuis 2006. Ce qui constitue une forme de subvention aux consommateurs qui ont accès à l’électricité par ceux qui n’en ont pas.
La hausse du prix de l’électricité devrait permettre à la Senelec de réaliser son programme d’investissement d’1 milliard 493 millions de francs Cfa entre 2020-2022 pour améliorer en continu le niveau de qualité du service à ses clients. «Ces investissements, y compris la transformation des centrales au gaz, vont permettre à la Senelec de réduire ses coûts de production d’environ 40%. Cette réduction sera répercutée aux consommateurs dès 2023 par la formule de contrôle des revenus», justifie M. Bitèye. A l’Etat, informe-t-il, cette hausse permettra de mieux accompagner la Senelec pour l’exécution de son programme d’investissement. «En réduisant la subvention, l’Etat disposera de plus de ressources pour l’électrification rurale et les autres projets nécessitant des garanties dans le cadre de l’accès universel et du programme Gas to power». Enfin, cette augmentation du prix va permettre à l’Aser de disposer de plus de revenus pour réaliser ses projets d’électrification rurale pour améliorer l’équité territoriale. Cette Rer est comprise entre 1,2 et 2,5 milliards de francs Cfa par an.