Ce lundi 4 novembre 2024, en soirée, veille de scrutin présidentiel aux Usa, en ma qualité de candidat aux élections législatives sur la liste nationale de la Coalition «Pôle alternatif Kiraay ak natangué 3ème Voie», je suis invité de l’émission-débat politique «Elect’Oral», sur Walf Tv, où je débats contre le pharmacien Assane Ka, président du parti «Panel» et candidat de Pastef.
En toute fin d’émission, la présentatrice Awa Diop Ndiaye annonce un «sondage» de Walf indiquant que les Sénégalais veulent massivement une Haute Cour de Justice pour juger des crimes économiques (supposément) commis par les pontes du «Salltennat» précédent.
Assane Guèye, journaliste virtuose de Walf Tv, traite du sujet, puis pose la question aux deux invités que nous sommes et aux deux chroniqueurs. Je suis interrogé en premier. Tous les autres soutiendront que la Haute Cour de Justice est une très bonne idée. Moi non.
Premièrement, j’indique qu’il ne faut pas confondre «sondage et micro-trottoir» : un sondage, c’est très technique et scientifiquement encadré. Je conteste donc que ce recueil d’opinions de Sénégalais ait la dignité de sondage.
Puis, je réponds d’abord que la Haute Cour de Justice est instituée pour juger le président de la République et les ministres. Pas les directeurs généraux sortants.
Ensuite, je dis que les organes judiciaires existants dont celui créé par le régime pastefisé qu’est le Pool judiciaire financier, sont suffisants pour entendre des crimes économiques.
Enfin, je dis qu’au Jub-Jubal-Jubanti, il faut ajouter le Jubelé et le Jubboo. Surtout, une Haute Cour de Justice, c’est faire juger des politiciens par des politiciens. Car si elle est présidée par deux magistrats, les autres «juges» de cette Cour sont des députés qui y sont élus, comme juges suppléants et juges titulaires. Ainsi, en 2014, la Haute Cour de Justice instituée il y a 10 ans n’a mené à rien.
Pour rappel, qui nous fera plus prendre conscience de ce que ce machin est à …prendre avec des pincettes : la Haute Cour de Justice n’a été instituée que deux fois au Sénégal, en 1962 pour juger le Grand Maodo Mamadou Dia et en 2004 pour juger l’ex-Pm Idrissa Seck, qui a bénéficié d’un non-lieu total.
Ce que je n’ai pas pu ajouter lors de l’émission «Elect’Oral» du lundi 4 novembre 2024, je le dis ici : toutes les idées politiques ne sont pas faites pour être soumises à la validation de la dictature du choix majoritaire.
Pour certaines dispositions juridico-politiques, il nous faut le leadership fort de ceux qui nous dirigent, pour imposer comme vérité universelle sur le territoire national, en tournant le dos à la foule.
Il en va ainsi de la belle idée humaniste de l’interdiction sanctuarisée dans la Constitution sénégalaise que nous a léguée le Président Abdoulaye Wade : tout le monde sait pourtant que la majorité des Sénégalais préféreraient que la peine de mort soit en vigueur !
Mais il y a des choses et des dimensions qui relèvent du choix de civilisation. Qui disent que nous ne sommes plus dans le règne du «œil pour œil, dent pour dent». La prétendue possible Haute Cour de Justice pour les crimes économiques contre les tenants du pouvoir Sall sortant est une fausse bonne idée, mais reste une mauvaise réponse à une bonne question. Que l’Ofnac qui a reçu les dossiers les transmette et que les juridictions compétentes existantes poursuivent les présumés voleurs que seraient les anciens ministres et anciens directeurs généraux. Et ils ne sont pas tous des voleurs et détourneurs de deniers publics, je suis bien placé pour le savoir.
Ousseynou Nar GUEYE
Candidat sur la liste nationale Coalition Pôle alternatif Kiraay ak Natangue 3ème Voie