HCCT – Equité territoriale en matière de santé : Les collectivités locales s’y mêlent

«Quelles stratégies pour une amélioration de la politique sanitaire dans les collectivités territoriales ?» est le thème de la troisième session du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) ouverte hier dans les locaux de l’institution. Il s’agira pour les membres de cette structure, de réfléchir pour arriver à une meilleure stratégie afin de renforcer les acquis relatifs à l’offre de santé publique. Par Amadou MBODJI –
Mouhamed Mawloud Diakhaté, président commission numéro 1 au niveau du Haut-conseil des collectivités territoriales (Hcct), reconnaît les efforts consentis par le gouvernement pour mailler le territoire en infrastructures sanitaires et en personnel médical. Mais, il admet qu’ils devraient être poursuivis pour atteindre l’équité territoriale. «Si on l’évalue, on a 40 hôpitaux. Il y a des hôpitaux qui sont en train d’être construits, qui vont bientôt être bouclés, mais il y en a qui ne disposent pas de tout ce que devrait avoir un hôpital de niveau 3. Nous avons 79 districts sanitaires et 103 centres de santé, plus de mille postes de santé. Si on l’évalue, on peut dire qu’il y a eu des avancées, mais qu’il reste toujours des efforts à faire, surtout au niveau de l’équité territoriale. Les 36% des médecins et les infrastructures sanitaires se retrouvent à Dakar. Les 11% sont à Thiès et les 10% à Diourbel. Les autres localités sont moins pourvues», détaille en wolof Mouhamed Mawloud Diakhaté, qui a fait ce discours lors de la cérémonie d’ouverture de la troisième session ordinaire de l’année 2023 du Hcct dont le thème porte sur : «Quelles stratégies pour une amélioration de la politique sanitaire dans les collectivités territoriales?»
L’implication des collectivités est scrutée pour voir dans quelle mesure renforcer l’offre de santé publique avec la question de la prise en charge des urgences qui constitue un problème et la lenteur des services de secours. «Le Haut-conseil a décidé de consacrer ses assises pour cette troisième session autour de la problématique de la santé. Il s’agit d’étudier la compétence territoriale de la santé, notamment les stratégies pour pouvoir «capaciter» les collectivités territoriales, notamment les communes en cette matière. Et nous avons dans un premier temps, fait un diagnostic, et ce diagnostic nous a permis, au-delà de toutes les avancées qui ont été notées en matière de construction d’infrastructures et d’équipements sanitaires, en matière de cadrage de la politique par la loi concernant le développement sanitaire et social qui encadre toute cette politique de 2019 jusqu’à 2028», ajoute-t-il. Pour M. Diakhaté, la «compétence territorialisée doit renforcer la politique sociale des collectivités territoriales politiques». Il explique : «Beaucoup ont découvert lors de la pandémie du Covid-19, qu’on doit permettre aux collectivités, notamment celles qui sont en dehors des régions les plus nanties en matière sanitaire, à savoir Dakar, Thiès et Diourbel, d’être mises à niveau.»
Aujourd’hui, Mawloud Diakhaté assure qu’il faut tracer une meilleure cartographie sanitaire pour le Sénégal. «Qu’est-ce qu’il faut faire pour que les communes qui n’ont pas les moyens puissent trouver des solutions aux problèmes qui leur sont posés ? Nous avons pensé que l’intercommunalité, la mutualisation de moyens, permettrait à ces communes-là d’accéder à des niveaux supérieurs dans la pyramide de santé. C’est-à-dire les hôpitaux de niveau 2, même de niveau 3, qui pourraient effectivement mailler le territoire, mais que cette initiative soit celle des collectivités territoriales», argue-t-il. Il faut corriger les disparités. «Lorsqu’on lit la carte sanitaire du Sénégal, on voit effectivement que la distribution des structures de santé évoque quelque part une fracture. Mais quelque part aussi, la couverture sanitaire par les structures privées reproduit ces mêmes fractures», avance-t-il.
Mme Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Hcct, enchaîne : «Les collectivités territoriales, désormais détentrices de compétences en matière de santé, ont une responsabilité en termes de développement de solutions d’accès au service de santé et de promotion de mesures adéquates à l’échelle de leur territoire.» Elle enchaîne : «Elles doivent ainsi participer à la réalisation et à l’entretien de structures sanitaires pour répondre aux besoins de la santé humaine en matière d’accès de quantité et de qualité. Pour inclure donc les plus nécessiteux dans le système de santé, il faut que les collectivités territoriales également fassent du développement social un objectif essentiel de leur politique.» Dans son discours, Mme Ndiaye rappelle que «l’accès à la santé, à la protection sociale, est un pilier essentiel pour une collectivité territoriale inclusive qui exprime sa solidarité envers les populations les plus fragiles afin d’atténuer les inégalités sociales». Ouverte hier en présence de 98 membres du Hcct, la troisième session ordinaire de l’année 2023 sera clôturée le 17 octobre prochain.
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