Hébergement de certains organismes de l’Onu : Nairobi prend son envol

Le Système des Nations unies s’apprête à investir plus de 220 milliards Cfa pour construire et rénover des locaux à Nairobi, au Kenya. Lesdits locaux sont destinés à accueillir des organismes de l’Onu et permettre à la capitale du Kenya d’avoir une envergure comparable, pour l’Organisation internationale, à New York, Genève ou Vienne. Au détriment de Dakar ?
Une information interne au réseau du Système des Nations unies informe que l’organisation se prépare à dépenser un montant équivalent à plus de 220 milliards Cfa pour agrandir ses installations à Nairobi, au Kenya, afin d’être en mesure d’abriter plusieurs bureaux et agences. La note interne indique que les agences comme l’Unicef, l’Onu-Femmes et l’Unfpa notamment verront leurs opérations dirigées à partir de la capitale du Kenya.
La source de l’information souligne que cette opération, une fois accomplie, mettra le bureau des Nations unies à Nairobi au niveau de ceux de New York aux Etats-Unis, de Genève en Suisse ou de Vienne en Autriche.
Cette information circule au moment où le Système des Nations unies a engagé un bras de fer avec le gouvernement sénégalais en ce qui concerne la Maison des Nations unies. Cet ensemble, conçu et réalisé dans le Pôle urbain de Diamniadio par l’ancien Président Macky Sall, devait abriter les bureaux du Système des Nations unies à Dakar. Les locaux ont même été inaugurés par le Président Sall, en compagnie du Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Les choses semblaient se dérouler comme dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que le gouvernement du Premier ministre Sonko remette en cause les accords d’occupation. Il semblerait que les Nations unies seraient réticentes à payer le loyer auquel voudrait les soumettre l’Etat du Sénégal. Les collaborateurs de M. Guterres auraient même brandi la menace de plier bagage pour d’autres villes plus clémentes pour leurs activités. Des sources très bien informées avaient mis en avant le fait que les bureaux régionaux de l’Onu établis au Kenya ne payaient qu’un shilling kenyan symbolique, en termes de loyer, pour les bureaux qu’ils occupaient.
Cela était largement compensé par les rentrées de devises produites par les nombreux fonctionnaires internationaux travaillant pour ces organismes. Tout ce monde payait un loyer pour son domicile, les frais de scolarité des enfants, les véhicules qu’ils achetaient et le carburant, l’énergie qu’ils consommaient… Sans compter le personnel de maison, les services de gardiennage, ainsi que les multiples commodités destinées à rendre la vie facile à ces expatriés. Au regard de tout cela, le loyer de quelques immeubles, aussi bien situés soient-ils, devenait dérisoire.
On sait que lors de leur bras de fer et leur volonté de délocalisation, les Nations unies ont exploré l’idée de s’établir à Abidjan. Sans doute l’instabilité nouvellement créée par la situation politique préélectorale a dû les pousser à mieux considérer la capitale kényane, une zone dont ils maîtriseraient mieux les rouages.
Reste à savoir si les nouveaux développements qui se préparent à Nairobi concernent aussi la capitale sénégalaise. Ici, aussi bien les officiels sénégalais que le personnel onusien, tout le monde se réfugie dans l’ignorance.
Diplomatique ou précautionneux ? Le temps nous le dira. On a déjà eu à relever les pertes que les Sénégalais pourraient subir du fait d’un départ massif du personnel des Nations unies de Dakar. Et pour la Maison des Nations unies à Diamniadio, reste à savoir quel mécanisme pourrait permettre à l’Etat de remplir ses obligations envers son prestataire, «Envol Immobilier», tout en assurant sa rentabilité.
mgueye@lequotidien.sn