Un hommage vibrant hommage a été rendu hier à Samba Felix Ndiaye à l’Institut Français de Dakar. Toute une journée a été consacrée à celui que l’on surnomme «l’homme documentaire», à travers la projection de quatre films choisis dans la riche filmographie du cinéaste.

A l’occasion des dix ans de sa disparition, l’Institut français a célébré ce mercredi Samba Felix Ndiaye, «l’homme documentaire». Toute la journée a été consacrée à cet hommage. Quatre films ont été choisis dans la riche filmographie du cinéaste du réel pour être projetés dans la salle de cinéma de l’Institut français, qui porte son nom depuis 2010. Il s’agit, selon Baba Diop, de revenir sur la manière de filmer, sur le patrimoine filmique de celui que l’on surnomme «l’homme documentaire». Trésor des poubelles a été projeté le matin. Ce film a suscité au sein des spectateurs de la curiosité, quant à la manière dont filmait Samba Felix, mais aussi leur a donné un autre regard sur les artisans. «C’est une série de courts documentaires intéressants dans la mesure où c’est de la mémoire. Parce qu’il y a beaucoup de métiers comme la fonte des métaux, ou encore la fabrication de petites valisettes avec les cannettes…Des métiers qui sont en voie de disparition», a analysé Baba Diop, à la fin de la première série de projection. «La fonderie, ça a évolué, mais la manière dont on le faisait en 1989, ce n’est plus la même. Nous avons vu aussi les bouteilles avec les petits poissons là dans, ce sont de mini aquariums. Ça a complètement disparu. Maintenant, à Soumbédioune, on ne voit plus les chercheurs d’or. Il y avait effectivement des gens qui cherchaient de l’or parce que tout simplement des bijoutiers jetaient du sable à la mer et ces gens venaient effectivement récupérer les poudres», détaille le critique de cinéma et journaliste. Serigne Saliou Diop, élève au Lycée Lymamoulaye, a fréquenté des fondeurs. Il connait bien ce métier. «La fonderie, c’est un travail très complexe qui demande beaucoup de moyens», dit-il. Il explique : «D’abord, le lieu de travail est très chaud puisqu’il y a la combustion de l’aluminium. Ensuite, ils n’ont pas assez de place pour bien pratiquer cet art. Et par rapport à la forme, si toutefois, une partie a un défaut, les autres suivent. Ce qui fait que le travail doit repartir de zéro.»

Valorisation des métiers artisanaux
«Ce qui est intéressant, c’est l’approche que Samba Felix a, l’attention qu’il apporte à ces métiers-là. Il ne filme pas seulement, il va de a à z dans la fabrication de leurs produits. Ce qui nous donne une meilleure vision de l’importance de ces gens qui ont un savoir-faire, et ce savoir-faire risque de se perdre avec l’industrialisation», a martelé Baba Diop. Quant à Saliou, qui s’est penché sur la question des fondeurs, il déplore le fait que malgré que ce film de Samba Felix montre l’importance du travail des artisans, aucun effort considérable n’est fait pour leur venir en aide. Le jeune élève se désole du fait que depuis 1989 jusqu’à maintenant ces artisans n’ont pas évolué. «Il est important que nous mettions l’accent sur son émergence. Que l’Etat ait une idée beaucoup plus positive pour ce travail qui se fait à la main, par des gens acharnés.»
Après la projection du film Trésor des poubelles, l’après-midi a été consacré à la projection de trois autres films. Il s’agit de Ngor, L’esprit des lieux, une peinture du mode de vie des habitants du village, Lettre à Senghor, à la fois mea culpa, réconciliation et reconnaissance tardive de la grandeur du Président-poète et enfin Question à la terre natale, aux airs de déception amoureuse.
Stagiaire