Les disciples de Cheikh Anta Diop, comme chaque année, entendent lui rendre hommage à travers la «Marche internationale Dakar-Thiaytu». Le coup d’envoi de la 11e édition a été donné la semaine dernière à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad). Elle sera bouclée le 5 février prochain dans le village d’origine du Pr Cheikh Anta Diop.Par Amadou MBODJI –
Thiaytu est une localité du Centre-ouest du Sénégal, au nord de Bambey. Le village est entré dans la postérité pour avoir vu naitre l’historien et égyptologue Cheikh Anta Diop. Pour lui rendre hommage, ses disciples organisent, comme chaque année, une marche internationale qui part de Dakar vers le village de Thiaytu où repose le savant sénégalais. Cette année marque la 11ème édition de cette marche dont le coup d’envoi a été donné le 1er février devant l’université Cheikh Anta Diop. Le 5 février prochain, les marcheurs seront accueillis à Thiaytu. «Le but est de commémorer le décès du grand homme Cheikh Anta Diop et de lui rendre hommage en organisant des sensibilisations tout le long du parcours. Cette année, nous en sommes à notre 11e édition. Si la marche a été initiée par une seule personne, aujourd’hui elle regroupe plus d’une cinquantaine de personnes venant d’horizons divers de l’Afrique», déclare Nicolas Boissy, coordonnateur de la Marche internationale Dakar-Thiaytu. «Ça fait 11 bonnes années que des jeunes Africains marchent pour célébrer le pharaon du savoir. Aujourd’hui, la Marche internationale Dakar-Thiaytu est une association panafricaine, pédagogique, qui a pour objet la vulgarisation de la pensée et de la vision du professeur. Elle promeut la culture, la souveraineté et l’unité africaine. Mais elle vise aussi, entre autres, le développement de la fraternité, de l’entraide et de la solidarité entre les Africains», poursuit Nicolas Boissy.
Durant le trajet, «les marcheurs passent dans les écoles pour discuter avec les élèves et les inciter à aller à la découverte de celui qui a bouleversé le monde de l’égyptologie», indiquent les organisateurs qui ont fait face à la presse au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, le 30 janvier dernier. Revenant sur la distance de 154 km que les marcheurs couvriront, les organisateurs informent que la première nuit est prévue à Bargny, à l’issue de la première étape. La deuxième étape les verra rallier Thiès en partant de Bargny, avant de partir de Thiès pour joindre Khombole pour la troisième étape. La quatrième étape partira de Khombole pour être bouclée à l’Université de Bambey. L’ultime étape se fera entre l’université de Bambey et Thiaytu.
Pour les organisateurs de ce pèlerinage, l’impact de la marche est réel, au Sénégal comme sur le continent africain. «C’est cette marche-là qui a inspiré la Marche pour l’unité africaine, soit 1367 kilomètres, pour soutenir le Peuple africain du Mali, mais aussi 992 kilomètres pour soutenir le Peuple africain du Burkina. A chaque fois que nous avions rencontré des autorités, nous leur avons remis le livre de Cheikh Anta Diop, Les fondements économiques et culturels d’un futur état fédéral noir. Et on peut dire que c’est à partir de cette œuvre-là que l’idée de l’Aliance des États du Sahel (Aes) est née», se réjouissent les organisateurs de cette Marche internationale Dakar-Thiaytu.
Cette année, Mamadou Fall Hervé est le parrain de l’édition. Il soutient que «l’histoire de Cheikh Anta Diop doit être intégrée dans les curricula afin que sa vision d’un Etat fédéral africain, étape fondamentale pour la reconnaissance africaine, soit concrétisée». L’avocat réunionnais inscrit au Barreau de Saint-Pierre et Paris, Saïd Larifou, a également abordé la dimension universelle de Cheikh Anta Diop. «Toutes les valeurs qu’il portait et l’héritage qu’il a laissé nous appartiennent. Pour dire tout simplement que nous sommes en train de célébrer non pas un Sénégalais, mais un patrimoine africain et de l’humanité venant du Sénégal», affirme l’avocat. Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 à Thiaytu. Il est mort le 7 février 1986 à Dakar. Il est auteur d’ouvrages sur l’histoire et l’égyptologie. Il a par ailleurs cherché à montrer l’apport de l’Afrique et en particulier de l’Afrique noire aux cultures et civilisations du monde.
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