Le khalife général des Mourides, qui a dirigé la prière mortuaire et choisi l’emplacement de la tombe où repose le fondateur de Sud, avait une relation particulière avec Babacar Touré, qui était aussi une voix qui compte dans le monde mouride.

A Touba, l’émotion était forte au moment d’enterrer Babacar Touré qui était un fervent talibé mouride. Signe de la grandeur de l’homme, c’est Serigne Moun­takha Mbacké en personne qui a dirigé la prière mortuaire et choisi l’emplacement de sa tombe. Il a fait un témoignage élogieux sur le défunt, qui a marqué son époque et était une voix qui compte dans l’univers mouride. Mais il était d’une discrétion «extraordinaire» malgré le poids de sa renommée dans le pays.
Entre Babacar Touré et le khalife général des Mourides, c’est une histoire amicale particulière. Avant son intronisation à la tête de la confrérie mouride, le patriarche de Touba se rendait régulièrement chez Babacar Touré à Ngaparou. Conscient que le guide avait besoin de discrétion durant ses visites, Babacar Touré lui avait construit un pavillon spécial avec une mosquée pour lui offrir toutes les commodités.
Décédé dans la nuit du dimanche, Babacar Touré, 69 ans, est une figure médiatique respectée partout en Afrique. Fondateur du groupe Sud communication, il laisse derrière lui une réputation et une aura qui font l’unanimité.
Précurseur dans le milieu de la presse, Babacar Touré était à la fois un journaliste et un homme d’affaires né en 1951 à Fatick. Diplômé en sociologie et sciences politiques, en journalisme et communication, et titulaire d’un Certificat de maîtrise d’anglais, il complète sa formation au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), au sein de la promotion 1979. Ses premières expériences professionnelles auront lieu au sein du quotidien gouvernement Le Soleil. Ensuite, cap sur les Etats-Unis, la France et le Canada. Avec quelques anciens collègues comme Abdoulaye Ndiaga Sylla, Ibrahima Fall et Sidy Gaye, il écrit les lettres de noblesse de la presse.
Après la création du magazine Sud Hebdo, qui deviendra Sud Quotidien en 1993, naquirent la première radio privée du Sénégal (Sud Fm) en 1994, une école de formation de journalistes et de communicants (Issic) en 1996 et La chaîne africaine (Lca) qui a connu une courte existence. Durant toute sa vie, Babacar Touré s’est battu pour la liberté de la presse et les combats nobles.