Avec le décès de Soro Diop, c’est un pan de l’histoire du Quotidien qui s’affaisse aussi. De la Sodida à la Cité Djily Mbaye, en passant par la Cité Adama Diop, les échos de ses grands éclats de rire emplissent toujours les couloirs des différents sièges du journal. Sur les balcons du siège du journal, tasse de café à la main, Soro Diop, chef du desk politique, orientait toujours les reporters sur la bonne direction, avec un sourire légendaire et contagieux. Il n’avait pas besoin de gronder les gens pour être obéi : sa bonté et sa générosité lui suffisaient pour être suivi. Pour lui rendre hommage, Le Quotidien a ouvert ses colonnes à ses anciens collaborateurs et aussi fils spirituels, qui sont dans d’autres sphères et rédactions. Ils lui rendent un hommage à la hauteur de son talent : Unique.Les témoignages sur Soro Diop, décédé suite à un accident dans la nuit du vendredi au samedi, sont unanimes : c’était un homme bon, un journaliste brillant. D’anciens collaborateurs collègues saluent la mémoire de l’ancien chef du desk politique du Quotidien. Par B. SAKHO –
Les gens craquent… A la morgue de l’hôpital Principal de Dakar, le public est figé dans la douleur : le décès brutal de Soro Diop, tué dans un accident de la circulation dans la nuit vendredi au samedi, a laissé tout le monde sans voix. Il y avait des journalistes, des hommes politiques, des officiers de l’Armée et de la gendarmerie à la levée du corps de l’ancien chef du Desk politique du Quotidien. Visages tristes, voix tremblantes, les amis de Soro Diop étaient dévastés. Mais, les gens peuvent se consoler de son héritage. Immense. Lourd à porter… Sidiki Kaba, atterré par la mort de son Conseiller en communication depuis 8 ans, s’incline devant son talent. Ils ont travaillé ensemble au ministère de la Justice, au ministère des Affaires étrangères et au ministère des Forces armées. «Cette nuit du 24 septembre 2022 restera inoubliable pour moi, car elle fut porteuse d’une terrible nouvelle qui m’a foudroyé de douleur. Sa soudaineté et sa brutalité m’ont secoué et paralysé mon corps endormi, car elle s’est annoncée tard dans la nuit. Je suis dévasté par la douleur car Soro Diop m’a accompagné avec foi et engagement, partout dans mes missions ministérielles», témoigne M. Kaba. Soro Diop était un «fin lettré, et un esprit libre qui a cassé sa talentueuse plume». «Il était éblouissant par la puissance de ses idées, l’élégance de son style et la fluidité de sa parole. Il avait l’esprit d’équipe. Il savait mutualiser. Il savait partager. Il était un pilier important de cette belle et dynamique équipe que coordonnait avec brio, la directrice de Cabinet, Madame Aminata Fall Cissé.» Pour lui, le décès de Soro Diop est une perte incommensurable. «Je perds, nous perdons, un frère généreux, disponible et serviable. Ses dents blanches qui illuminaient son visage dévoilaient la pureté de son cœur qui ne laisse place ni à la haine, ni à la méchanceté, ni à la rancœur. Il était bien. Et il était un homme de bien. Il était sérieux au sens que lui donne Maurice Marleau de Ponty, qui distingue l’homme sérieux de l’homme qui se prend au sérieux.»
En écho, le frère aîné de Soro enchaîne : «Tous ses amis sont là. Ses amis du village, et d’ici. Ses amis de la presse. Voilà Soro. Un homme bien est parti. On va apprendre à faire avec, mais le vide qu’il laisse ne sera jamais comblé…» Il abrège son discours. C’était presque un supplice. Il craque sur les épaules d’une connaissance. L’ambiance est lourde. Il flotte un sentiment de tristesse à la morgue de Principal, devenue si petite pour contenir un monde énorme.
Il est 12h 34…. Les adieux à Soro Diop, une plume «sublimable», sont terminés. Il finit le voyage terrestre à Kanel où il a été enterré ce dimanche. Comment est-ce possible ?
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