Le soldat de première classe Mawa Ba, accusé du meurtre d’un officier en temps de guerre, fut condamné aux assises de Dakar en 2009, à 20 ans de travaux forcés.
Il encourrait la perpétuité et était défendu par un excellent avocat du nom de Me Sadio Diaw qui, avec Joe Ndione, Emmanuel Padonou et le capitaine Wone, formait une redoutable équipe.
Ce dernier  m’expliquera plus tard qu’en tant que militaire, ce soldat ne pourrait supporter l’humiliation d’une détention pour un crime commis à la suite d’une bavure.
L’histoire lui donna raison, car Mawa Ba mourût 2 ans après sa condamnation par la Cour martiale.
Le soldat à l’automitrailleuse légère (Alm) s’en est allé après avoir été l’un des meilleurs éléments de la zone sud, selon son avocat.

Me Sadio Diaw à son tour  nous a quittés ce samedi 8 juillet 2017.
Au moment où je trempe ma plume pour laisser quelques traits noirs sur ce papier qui supporte mes mains tremblantes, mon cœur se souvient de lui avec tristesse. Sadio était un homme bon.
Il était discret, humble et compétent.
L’éclat de son visage, qui rayonnait lorsqu’il évoquait le souvenir des différents contingents qu’il a contribué à former, me conforta dans l’idée que cet avocat était resté un passionné de la chose militaire.
Il était justement un ancien gendarme reconverti plaideur au temple de Thémis. Son décès marque la fin d’une brillante carrière. Qui aurait pu imaginer un militaire quitter le dispositif martial pour entrer dans le périmètre de la rhétorique ? Quelle belle prouesse !
L’homme était tout simplement doué. Calme et affable, il avait un flegme bien britannique, qui faisait de lui un véritable gentilhomme. Il était peut-être écrit qu’il ne pouvait rester gendarme.
De ce que je sais de lui, je puis dire que Sadio Diaw ne disait jamais du mal de quelqu’un.
Il tenait son rôle d’audience normalement et regagnait l’entrée du Palais de justice, où il se plaisait à papoter avec ses anciens collègues gendarmes.
A mes côtés, il arbora sa toge pour défendre le colonel Abdoulaye Aziz Ndao, condamné et mis en forteresse pendant 60 jours pour violation de l’obligation de réserve.
J’ai envie de lui dire ceci : «Grand Sadio, tu as compris que le verbe peut être plus tranchant que le glaive, que la tenue militaire arborée par les combattants pour répandre la paix et la justice n’est pas si différente de la bonne parole prêchée pour une cause relevant de la justice et de l’équité. Tu as toujours défendu les militaires, les gendarmes et les hommes de loi avec honneur et fierté. J’ai  de l’admiration pour ton courage et ton engagement.
Tu as été  un bon officier de gendarmerie.
Tu as servi l’armée en toute loyauté.
Tu as contribué ensuite  à l’éclat, à la richesse et à la diversité du Barreau.
Tu as été en définitive un homme bon, un croyant et un père de famille.
Nous ne t’oublierons jamais.»
Tel est le témoignage que je peux faire d’un homme qui était d’une simplicité sans précédent, un homme qui a vécu dignement la profession d’avocat et qui est parti comme il l’a exercé, dans une absolue discrétion.
Repose en paix, Grand Maitre, car après  une vie de lutte, tu es tombé dignement les armes à la main, ici même au temple de Thémis.
Dieu t’accueille en son paradis et te pardonne tes péchés.

Me Bamba CISSE
Avocat
Dakar