Hommage – Le ministre gambien des Affaires étrangères salue sa mémoire : «En Alioune Badara Bèye, nous avons perdu un grand panafricain»
![](https://lequotidien.sn/wp-content/uploads/2025/02/Mamadou-Tangara.jpg)
Deux mois après sa mort, Alioune Badara Bèye a reçu un hommage de la part de l’Association des écrivains du Sénégal (Aes) qu’il a longtemps présidée et du Centre Pen Sénégal. En partenariat avec le Théâtre national Daniel Sorano et l’association Artistes-comédiens du théâtre sénégalais (Arcots nationale), cette cérémonie a débuté vendredi et s’est poursuivie le lendemain, samedi, avec un hommage appuyé du ministre gambien des Affaires étrangères, Mamadou Tangara, qui n’a pas tari d’éloges à l’endroit du défunt, en marge d’un panel tenu à «Kër Birago».
Par Amadou MBODJI –
Le président de l’Association des écrivains du Sénégal (Aes), Alioune Badara Bèye a tiré sa révérence le 1er décembre 2024, à l’âge de 79 ans. Deux mois après sa disparition, sa présence dans le cœur des Sénégalais et des Africains lui a valu un hommage appuyé, durant trois jours, de l’Association des écrivains du Sénégal(Aes), du Centre Pen Sénégal, en partenariat avec le Théâtre national Daniel Sorano et l’association Arcots nationale. Débutée vendredi, cette cérémonie d’hommage s’est poursuivie le lendemain, samedi, avec une projection de films sur cette personnalité multidimensionnelle et des échanges sur son œuvre à travers un panel tenu à Kër Birago et présidé par Mamadou Tangara, ministre des Affaires étrangères de la Gambie. «Je pense que vous allez faire en sorte que l’esprit de Alioune Badara Bèye soit perpétué. Parce que l’âme de cette maison est un peu aussi associée à la sienne», a déclaré Mamadou Tangara. J’ai fait ma thèse sur le Ngabou. Et les Nianthio, ce sont des gens qui souhaitent mourir à la fleur de l’âge, et de façon glorieuse. Parce que pour eux, ce qui est important, c’est le nom qu’ils vont laisser derrière. Et c’est pour cela qu’ils veulent que le griot soit là pour perpétuer leur mémoire. Aujourd’hui, je pense que nous allons tous jouer ce rôle de griot pour perpétuer la mémoire de Alioune Badara Bèye. La mort est inéluctable. Donc, on n’a pas d’autre choix que de l’accepter et de faire en sorte que son œuvre ne soit pas vaine», poursuit le ministre gambien. M. Tangara révèle que le regretté Alioune Badara Bèye était son conseiller. «Alioune Badara Bèye, c’était quelqu’un qui m’était très cher. Pour ceux qui ne le savent pas, quand je prenais de grandes décisions, souvent je le consultais. Même pour prendre des postes, il me donnait des conseils», avance le ministre gambien. Pour lui, Alioune Badara Béye était quelqu’un qui lui tenait toujours un langage de vérité. «J’ai commencé très jeune et il y a beaucoup de tentations. Parce que quand tu occupes certaines fonctions, tu es le plus beau, tu es le plus gentil. Mais souvent, ce sont des laudateurs, des gens qui te font croire que tu es le meilleur, que tu peux tout faire, que tu peux changer la face du monde. Et ça me rappelle les paroles du film de Youssouf Saïd, Le Destin. Il y avait un monsieur qui, au début du film, était là en train de dire : «vive le sultan, vive le sultan». Et quelqu’un lui a dit, «mais tout le monde sait que tu n’aimes pas le sultan». Il dit, «oui, mais je vais le flatter, à tel point que son propre orgueil va l’étouffer et le tuer». Et c’est pour cela que moi, je reste attentif à mes amis. Parce que je sais que si Alioune Badara Bèye m’appelle, ce n’est pas pour me dire quelque chose qui sera comme une musique à mes oreilles. Il va me dire la vérité», poursuit le ministre. Ce dernier se rappelle une visite de Alioune Badara Bèye en Gambie devant une photo où il apparaît avec le Président Barrow. Lors de cette visite, le regretté président de l’Aes avait tenu un discours avec des mots forts, souligne-t-il. «En Bèye nous avons perdu un grand panafricain, un grand fils de l’Afrique», souligne le ministre gambien. «Je dis toujours que si la Gambie et le Sénégal n’arrivent pas à être ensemble, ce n’est pas demain la veille l’unité africaine. C’est une Nation avec deux Etats», fait remarquer le ministre Mamadou Tangara.
Pendant ces deux jours d’hommage, Kër Birago, la Maison des écrivains, a accueilli des activités. Un panel sur l’œuvre de Alioune Badara Bèye a été animé par Racine Senghor, le professeur Ndongo Mbaye et Mme Mariama Ndoye, conservatrice du Musée Léopold Sedar Senghor. D’éminents personnalités ont marqué de leur présence la cérémonie dont le Général Mamadou Seck, le Colonel Moumar Guèye, et les membres de la famille du regretté président de l’Aes.
ambodji@lequotidien.sn