Hôpital Ahmadoul Khadîm : Wééddi guiss bokkou tchi

En dépit des augures de quelques Cassandres politiques et médiatiques alarmistes qui ont tout dit sur la construction de l’hôpital Ahmadoul Khadîm de Touba, le Président Macky Sall, sourd à cette situation très éloignée des préoccupations de ses compatriotes, s’est appliqué à trouver des réponses aux questions infrastructurelles et économiques qui se posent et à intensifier la marche irréversible de Touba vers un statut de ville émergente. Avec la construction de l’hôpital de Touba, le Président Macky Sall, vient non seulement de réaliser le vœu du Khalife général des Mourides, mais il rénove et, surtout, innove dans l’approche et la gestion des cités religieuses, en accordant une oreille attentive aux doléances des populations.
Le formidable accueil que Serigne Mountakha lui a réservé, est à la hauteur de la confiance que le Président inspire et un indicateur de sa reconnaissance sans fard, des immenses efforts consentis dans la ville sainte. En dépit de tout ce qu’on a pu dire, le Président Macky a toujours entretenu d’excellentes relations avec Touba. Car autant les régimes de ses prédécesseurs étaient liés aux khalifats mourides de leur temps, autant son régime est étroitement lié au khalifat de Serigne Sidy Makhtar Mbacké, puis de Serigne Mountakha Mbacké. Tant il est vrai que de la bonne santé des relations entre l’Etat et Touba est nécessaire au bien-être national.
Désormais, il est possible de se soigner à Touba. En orientant une partie du budget national vers la construction et la rénovation des cités religieuses, il confirme, si besoin en était encore, son statut d’Homme d’Etat majeur plaçant les intérêts et les aspirations des Sénégalais, au centre de son engagement politique et les élevant au rang de boussoles de toutes ses actions. C’est dire que les grands hommes ont toujours été seuls, enseignait le grand philosophe de la dialectique, Hegel. Ils ont été seuls parce qu’ils sont toujours porteurs de projets, d’idées et de valeurs novateurs dans tous les domaines. Ils ont été seuls, car ce qu’ils portaient comme vérité et comme valeurs n’était pas encore compris par leurs contemporains. Ils ont été toujours seuls, parce qu’ils ont eu la lucidité et l’audace de penser plus loin que le commun des mortels. Ils ont été toujours seuls, parce qu’ils ont assemblé et mûri la force nécessaire pour déchirer le voile opaque des forces réactionnaires. Dans les prochaines décennies, quand le pouvoir sera entre de nouvelles mains, des forces réactionnaires vont apprécier de façon plus positive, l’ampleur et la valeur de l’engagement du Président Macky Sall auprès de Touba.
Macky Sall le talibé
Dans la philosophie mouride, quel que soit le statut du talibé, le respect de la hiérarchie, l’engagement et le dévouement sont des attitudes que fondent l’ordre et la discipline sans lesquels, le djébellou ou l’acte de soumission et de servitude sont vains. Cependant, à son arrivée au pouvoir, le Président Macky Sall n’a pas suivi la stratégie de contournement des confréries religieuses, comme on l’a prêté à Abdou Diouf et à Senghor dès le début de leurs mandants respectifs. Au contraire, il a proclamé publiquement son appartenance à la confrérie mouride, mais le quatrième président de la République du Sénégal ne vit pas sa religion sur la place publique.
Dans le sillage de Senghor, Macky Sall prône une laïcité positive dans laquelle l’Etat et la religion gardent leur autonomie respective, mais se réservent des espaces de coopération partout où l’intérêt national est en jeu. Au Sénégal, aucun chef d’Etat, quelle que soit sa légitimité, ne saurait se passer du rôle particulier des confréries religieuses musulmanes. En effet, des éléments de ce que l’on pourrait désigner sous le nom de contrat social, contrat liant la société au pouvoir politique central de l’Etat, ont été discernés dans les rapports bien établis entre les confréries musulmanes sénégalaises et les gouverneurs, puis les présidents de la République.
Le Mouridisme se trouve au cœur du contrat social sénégalais qui, selon plusieurs observateurs, est à l’origine de la stabilité remarquable du Sénégal. Ce contrat social qui a été abondamment discuté par les politistes les plus réputés, fonctionne, selon l’historien Meissa Babou, comme un système d’échanges à travers celui-ci, l’Etat et les ordres soufis, quoi que situés dans des espaces différents collaborent pour maintenir la stabilité au Sénégal. Le succès de ce système repose, dans une large mesure, sur la capacité des leaders confrériques à maintenir leur crédibilité aux yeux de la population en gardant une distance à l’égard du pouvoir pour jouer le rôle de porte-parole des sans voix et de soupape de sécurité en temps de crise.
Bien qu’étant d’obédience tidiane, la famille de Macky Sall, originaire du Fouta, a très tôt développé des relations très anciennes avec les dignitaires mourides. Son père Amadou Sall noua de bonnes relations avec feu notre père, par ailleurs représentant de Serigne Cheikh Mbacké Gaindé Fatma dans le Sine. C’est pourquoi très jeune, le Président Sall s’est mis au service du Cheikh en participant, à la construction de la première maison «Keur Serigne Touba» de Fatick sise dans le Darel, à l’époque à quelques encablures de la maison des Sall dans le Peulgua, en compagnie d’un de ses camarades d’enfance, en l’occurrence Oumar Ndaw Seck, fils de feu El Hadji Ibrahima Seck. On comprend aisément que dans ces conditions, le chantier était l’attraction d’autres enfants dont l’élève Macky Sall. Dans les années 80, alors qu’il fut étudiant, il fait connaissance avec certains Cheikhs mourides, notamment ceux de Kouye Mbind, par l’intermédiaire de feu Ousmane Masseck Ndiaye.
Même s’il n’avait pas encore fait acte d’allégeance, il avait une forte culture mouride. Partout où il allait, il s’asseyait au sol en signe de respect à l’ordre maraboutique. C’est pourquoi, il a très tôt bénéficié des prières et des faveurs de la hiérarchie mouride qui garde de lui un bon souvenir de ses visites. Lui-même l’a confirmé lors du rappel à Dieu de Serigne Abdou Fatah. «C’est Darou Khoudoss qui a constitué ma porte d’entrée dans le Mouridisme», a-t-il confié à l’assistance. Et de préciser : «En 2000, je suis venu ici par l’entremise de Serigne Mbacké Sokhna Lô. C’est lui qui m’a présenté à Serigne Mohamed Mbacké. J’ai passé deux jours ici avec mon épouse et Baïla Wane et à mon retour sur Dakar, j’ai été nommé ministre de l’Hydraulique.» Chemin faisant, il fera acte d’allégeance à Serigne Saliou Mbacké, témoigne Cheikh Mbacké Sakho. A la disparition de ce dernier, il renouvela son acte d’allégeance auprès de Serigne Bara Fallilou, ensuite chez Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké et actuellement à Serigne Mountakha Ibn Cheikh Mouhamadoul Bachir. Donc la Mouridité du Président Sall ne se discute pas. Sous ce rapport, avec Macky Sall, nous ne sommes en présence d’un Président qui subordonne sa fonction de premier magistrat de la République à son identité confrérique mouride. Au contraire, c’est quelqu’un qui a toujours su faire la différence entre sa fonction de président de la République et ses sensibilités identitaires.
Mieux, en plus des gestes d’allégeance à la hiérarchie mouride, le Président Sall s’est engagé à investir dans le développement de la ville de Touba. Il a compris la symbolique que représente cette ville où repose Cheikh Ahmadou Bamba mais, surtout ce que signifie Liguéyal Serigne-bi chez le talibé mouride. En bon talibé mouride, le Président Sall s’est attelé à moderniser la ville de Touba, en le dotant d’infrastructures modernes. La construction de l’autoroute Illa Touba, la plus grande de tous les temps en termes de financement, s’élève à plus de 400 milliards de francs Cfa. Sur le plan de l’assainissement, le Président Sall a réalisé un important réseau à hauteur de 10 milliards francs Cfa. Tout le monde sait que les quartiers comme Dianatou, Madiyana, Keur Niang et même les alentours de la grande mosquée étaient inondés à chaque hivernage. Au plan sanitaire, Touba vient d’inaugurer un nouvel hôpital, dont la valeur est estimée à 37 milliards de francs Cfa. Ce bijou va soulager la commune de Mbacké dont le district sanitaire gère la majorité des évacuations venant de Touba.
Monsieur le président de la République a fait sien un enseignement mouride : «Travaille pour le marabout sans rien attendre autre que la récompense d’Allah.»
Président Macky Sall yalla na fi yague té wèrr. Bon Magal à tous.
Pape A. KHOUMA
Conseiller Spécial
Présidence de la République