La société de production Pikini, dirigée par Alioune Ndiaye, vient de lancer deux nouvelles séries, «Sama woudiou toubab la» et «Madior ak Dior». En marge de cet évènement, l’ancien journaliste, reconverti en producteur audiovisuel, a plaidé pour que «les vrais producteurs» puissent bénéficier des financements du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique (Fopica).

Comment faites-vous pour rentabiliser vos productions ?
On est des promoteurs, on est dans l’économie, donc on fait des films et puis après on va chercher des partenaires. Comme vous le voyez, on a la chance, notre film n’est pas encore sorti sur les écrans et on a déjà des partenaires qui ont accepté de nous accompagner, parce qu’ils nous ont vu faire d’autres choses, des films, des séries qui ont marché et que les Sénégalais ont regardés. Donc pour l’essentiel, quand nous leur disons que nous avons de nouvelles idées, ils nous disent oui pourquoi pas, ça peut marcher. C’est ce qui nous fait vivre. Et les recettes que nous tirons des autres ressources comme l’internet.

Pikini productions trouve-t-elle son compte dans les contrats signés avec les télévisions dans le cadre de la diffusion de ses productions ?
Ça se passe bien. Il y a des dispositions contractuelles que je ne peux pas révéler, mais ce que je puis vous dire, c’est que nous essayons d’avoir les meilleures relations. C’est une relation d’affaire, de partenariat où eux ont un contenant et nous essayons de proposer un contenu. Sans les télévisions, nous ne pourrions pas diffuser. Donc nous diffusons à travers des chaînes de télévision et si vous regardez bien, Pikini a travaillé avec la plupart des chaînes. On n’est pas cloisonné, on n’a pas de parti pris, on essaie toujours d’avoir de meilleures relations avec tout le monde et de proposer des programmes de qualité à tout le monde. La première grande difficulté, c’est le financement de la production, parce que dans tous les pays du monde, la production c’est un élément très important de la culture. Dans les pays comme la France, on dit aux télévisions que vous ne pouvez pas diffuser plus 60% hors France, c’est-à-dire qu’il faut avoir au moins 40% de programmes qui viennent de la France, de producteurs français. Au Sénégal, on n’en est pas encore là. Le gouvernement du Sénégal a mis en place le Fopica avec un fonds de 2 milliards. Et c’est beaucoup. C’est vrai qu’on n’en a jamais bénéficié alors qu’on travaille sur le terrain de la production depuis 5 ans maintenant. Mais il faut que les vrais producteurs, ceux qui sont sur le terrain, qui produisent réellement, qui sortent des films sans l’aide et l’assistance de personne, ce sont ces gens-là, à mon avis, qui méritent d’être soutenus financièrement et puis au-delà des producteurs, l’argent doit aller aux comédiens, aux vrais comédiens.

Quel est le coût financier pour la production de ces deux nouvelles séries ?
Il y a des chiffres que je ne veux pas révéler pour ne pas avoir de problèmes avec les gens. Mais disons que faire un film, ça coûte de l’argent. Il faut d’abord payer les comédiens, il faut trouver des sites de tournage, il faut du transport, il faut de la communication, ça fait beaucoup d’argent.

Pouvez-vous nous parler de vos projets dans le court et long terme ?
Notre ambition, c’est d’avoir suffisamment de capacité de production pour que la chaîne YouTube de Pikini soit regardée et vue comme une télévision. C’est-à-dire aujourd’hui, déjà on a une série qui passe sur la chaîne de Pikini. Il va y en avoir deux en janvier. Il y a une autre série qu’on est en train de préparer et qui va certainement aussi passer avant la fin de l’année. On est en train de faire des émissions et des informations, entre autres choses. On veut que la chaîne de Pikini soit regardée comme une chaîne de télévision. Pour ça, on est en train de développer nos moyens de production. Et je pense qu’au courant de l’année 2019, les gens vont voir les pas que Pikini va faire dans le sens de son développement.

Gardez-vous toujours l’espoir de disposer d’une licence télé ?
Pour l’instant, les licences ont été gelées par le président de la République. Du moins, c’est ce qu’on nous a dit. Quand je dirigeais une radio au Sénégal, la radio était première de ce pays. Quand j’ai dirigé un journal, ce journal a été premier. Quand j’ai dirigé un projet de télé, ce projet est premier. Je pense que je suis fondé légitimement à demander à l’Etat qu’il m’octroie une licence de télévision parce que j’ai fait la preuve que j’étais capable de gérer une structure médiatique dans le sens de l’intérêt de la structure et du pays. Je crois avoir donné les preuves de mes capacités. Maintenant, le reste appartient aux autorités.

Une information faisait état de votre retour à Radio futurs médias. Comptez-vous réintégrer une rédaction pour renfiler votre costume de journaliste ?
Je suis journaliste de formation. Je donne ma langue au chat s’il y a un chat quelque part. On m’a annoncé depuis quelque temps. Mais je suis à mon bureau à Pikine. Et franchement, Pikini est une option pour moi. En 2012, quand je quittais Rfm, je n’avais aucun problème avec les gens du Groupe futurs médias (Gfm). Je dirigeais le groupe. J’avais réussi en termes de chiffres d’affaires, de travail et de volume à faire progresser le groupe. Je n‘avais aucun souci avec le président directeur général, Youssou Ndour. J’aurais pu rester, je n’ai pas voulu. J’ai décidé d’aller à l’aventure.