HORIZON – Cultures urbaines : Ibaku et Ceptik chantent «Kandang»

Kandang, «le tremplin des musiques actuelles», est pensé comme un outil de développement pour les artistes confirmés et émergents de la scène musicale sénégalaise. Le coordonnateur, Ibaku, artiste musicien de Baraka Global Arts, et Ceptik, artiste invité, cofondateur de «Lyriciste», déclinent leurs visions de la «nouvelle» scène musicale des cultures urbaines hip-hop.
Le projet «Lyriciste» de CeptiKalif
Ceptik : Le projet de CeptiKalif (Lyriciste) est bien accueilli par le public. On est agréablement surpris. On est des «old school» (vieille école) de la musique sénégalaise, on s’amuse bien. On est content que mon public et celui de Kalif se retrouvent dans notre musique parce que c’était un peu l’inquiétude : est-ce que le public qui écoute Ceptik qui rappe en français va se plaire à ce genre de projets ? Est-ce que le public qui écoute Kalif, exceptionnellement en wolof, va aimer ce genre de combinaisons ? Et finalement oui, le résultat est là, les gars sont apparemment contents du projet. La première phase s’est bien passée. Là, on va commencer la deuxième avec deux autres artistes qu’on va taire le nom pour continuer avec la même logique du projet «Lyriciste».
Promotion
Ceptik : On est entre les spectacles, on fait autant que possible les spectacles qui commencent au Sénégal parce que je bouge beaucoup. Il y a quelques projets de concerts à Guédiawaye parce que nous sommes (CeptiKalif) tous deux de là-bas. Il a une date prévue à l’Institut français. Avec «Africulturbaine», on a quelques dates qui sont en train de se clôturer.
Le projet «Kandang»
Captik : Ça nous fait plaisir qu’on nous associe à ce genre d’initiatives parce c’est un tremplin pour les artistes. C’est une scène où on ne demande rien aux artistes, surtout un artiste qui démarre ou en quête de promotion. Cela fait du bien d’entendre les gens dire : «Viens je te passe une scène, une sono, une vitrine. En plus, je te donne la possibilité de t’exprimer pendant 45 minutes.» C’est très bien, c’est quelque chose que j’encourage.
Pour l’avenir, il faut de plus en plus ce genre d’initiatives pour que les plus jeunes aient une plateforme d’expression. On est très content d’avoir été invité à prendre part à ce projet. On était prêt à faire le show, mais avec le petit souci de santé de Kalif… Quand je ne suis pas malade, c’est lui qui est malade (rires). Mais je suis venu pour montrer que ce n’est pas la scène qui est importante, mais le concept et tous les gens qui portent le projet derrière.
Une petite idée de la démarche
Ceptik : On avait prévu 45 minutes de transpiration, 15 mn de «yuxu» : cri du public parce qu’on voulait se faire plaisir, parce que ça nous manque, ça nous fait du bien, nous fait plaisir. C’est bien parce que c’est beaucoup de temps qu’on t’accorde. Donc, tu peux te faire plaisir, c’est différent d’une scène où tu viens faire 10 à 15 mn. On aurait montré une bonne partie des sons de l’album (Lyriciste). Il n’y avait aucun morceau triste dans l’opus, on voulait faire 10 mn chaudes pour montrer qu’on est proche de la quarantaine, mais on est encore bien frais dans la tête et dans le cœur.
Evolution de la scène musicale sénégalaise
Ceptik : Ça fait partie du jeu. La musique est en train d’évoluer. Je donne un exemple : Claire Ibaku, c’est un ami de longue date. On a créé notre premier collectif ensemble Rj3. Ibaku s’est reconverti il y a longtemps. Il est dans la technique, le D-jying. Il a une nouvelle personnalité. Je pense que le hip-hop est comme ça. Je suis d’accord qu’on évolue, mais on n’a pas la même capacité d’évolution.
Le concept «Kandang»
Ibaku : L’idée, c’est de mettre sur scène des artistes qui sont confirmés et de les associer avec ceux qui sont en devenir. Faire profiter de l’expérience, de l’exposition que ces artistes confirmés ont à faire profiter à une nouvelle scène à Dakar qui est florissante : une scène qui est riche et qui n’a pas de plateforme pour s’exprimer, pas d’endroit comme ici à la maison des cultures urbaines.
Pour la première édition, c’était avec Sakhad de Dakar Patchwork, Chimcham, qui est un groupe d’artistes béninois qui sont basés à Dakar. Et il y a des thématiques par rapport aux genres musicaux : la première c’était plus dans une direction afro-jazz. Pour cette édition, ça va être plus hip-hop parce qu’il y a Mc Mo qui vient de sortir son premier album, Rhapsod et CeptiKalif qui sont là à moitié parce que Kalif est malade. Le plateau va être carrément hip-hop avec une diversité parce qu’il y a une partie live avec band live.
Innovation
Ibaku : On a carrément changé la saveur, c’est-à-dire qu’on est parti dans une autre direction musicale qui est celle du hip-hop et on a fait évoluer les choses en termes de promotion, en essayant de faire une promotion sur nos réseaux, par rapport aux artistes qui vont passer une promotion de leur vidéo, leur travail. On développe ça au fur et à mesure et, pour la troisième, ce sera un autre genre. Et une promotion beaucoup plus large, aller dans les médias parler du «Kandang»…
Actu Ibaku ?
Ibaku : Je prépare mes projets pour 2019. J’ai sorti mon premier projet solo Allien Kertoun, qui met l’accent sur le beat-making, la production et l’expérimentation musicale. C’est un projet qui s’est beaucoup inspiré des musiques du Sud du Sénégal, la Casamance, en mélangeant ça avec des sonorités actuelles : l’électronique, le hip-hop. Je prépare mes prochains projets, notamment beaucoup de collaborations avec des artistes. Je suis en train de m’investir plus dans la scène culturelle au Sénégal, à Dakar. C’est cela notre mission : développer la nouvelle scène culturelle, donner beaucoup de concerts, de collaborations.
Lecture de la scène musicale
Ibaku : Je pense qu’il y a artistiquement une scène qui se développe, de nouveaux groupes comme Sakhad, Rhapsod, Daba, Makhou Radja, Chimcham…, mais il y a un manque énorme de lieux où ils peuvent se produire. Il y a aussi un manque énorme d’expositions vis-à-vis des médias qui peuvent donner plus de visibilité au travail qui est en train de se faire sur le terrain et le faire découvrir au grand public.
Par extension, le manque de lieux de répétition, ce sont des points comme ça qui permettent le développement des artistes, de la scène, qui font que les gens puissent se rendre compte de ce qui se passe, puissent écouter, découvrir. Il y avait beaucoup de lieux où il y avait des scènes live qui ont fermé ces dernières années. Je pense au Just 4 U. C’est ce manque-là qu’on essaie de combler, avoir chaque mois au moins un plateau qu’on propose avec de la musique live.
Dernier message
Donner la priorité aux artistes qui sont du pays, du Sénégal, avant d’aller chercher ailleurs parce qu’on a tout ici : des talents, l’envie, la passion pour le public, aller à la découverte de cette nouvelle scène. Aux artistes, plus de structuration, d’organisation, d’unité… en faisant des actions où tout le monde met sa touche, apporte son expérience. Cela peut encore beaucoup solidifier les choses.
Stagiaire