Par Amadou MBODJI – Fatwa Fall est une jeune artiste comédienne de profession qui a joué dans des séries télévisuelles comme «Diabarou Gorgui» (la femme du vieux), «Mirage», «Belle Mère», «Karma» et «Jigen» (la femme). Dans cet entretien, elle nous retrace son parcours dans le théâtre et nous parle de ses projets et comment elle gère sa célébrité pour ne pas tomber dans l’excès.Parlez-nous de vous ?

Je suis artiste polyvalente, je suis artiste comédienne de profession, j’ai pu obtenir des certificats glanés à travers des formations au Burkina Faso, Congo, en Allemagne, et une formation que des Canadiens étaient venus faire ici. Donc je suis actrice, scénariste, slameuse et danseuse contemporaine. Je fais pas mal d’art scénique, je suis aussi entrepreneuse et présidente de l’association Fatwa Empire qui fait dans des actions sociales avec la construction de puits dans les localités en manque d’eau et des formations en entreprenariat culturel pour des jeunes et des femmes, des sensibilisations sur la santé et encourager les filles à garder leur teint naturel. Je suis influenceuse. J’évolue dans le domaine de la communication aussi, je suis égérie publicité, j’assure les voix off dans les pubs. Je suis dans le monde du cinéma en quelque sorte et de la pub.

Quand avez-vous commencé à faire du théâtre ?
Alors pour le théâtre, j’ai commencé en 2009 officiellement dans la troupe théâtrale du collège où j’étudiais, à savoir  Ndiawar Diagne qui est à Thiaroye, plus précisément au quartier Biafra. Alors j’ai commencé à l’école primaire de Makhfouz Baldé à Thiaroye à faire du théâtre depuis petite, je faisais de la danse et du théâtre. J’ai commencé par le breakdance. En premier lieu, j’ai fait popping  dance que je pratiquais depuis ma tendre enfance. Après l’école primaire, j’ai continué avec le break­dance. J’ai adhéré officiellement à la troupe théâtrale au collège Ndiawar Diagne. C’est comme ça que j’ai commencé à avoir l’appétit du théâtre. Et dans notre quartier Geustou de Thiaroye,  il y avait une grande sœur et un grand frère qui avaient mis en place une troupe théâtrale et j’ai commencé par là, à prester dans les quartiers et écoles. C’est de là que j’ai commencé à intégrer les troupes théâtrales de mon quartier, jusqu’à me valoir de rejoindre, avec quelques amis, la troupe de Taan Bombé, qui  était aussi le président de la compagnie Beug Sa Reew à Guédiawaye.

Comment êtes-vous parvenue à allier vos études et le théâtre ?
J’ai fait beaucoup d’années à Guédiawaye en apprenant le théâtre. Donc Taan Bombé était notre président, président de la compagnie Beug Sa Reew à Guédiawaye. Après je me suis formée avec des metteurs en scène, des Congolais, Ivoiriens, Canadiens, etc. J’étudiais en faisant en même du temps du théâtre. J’ai connu une pause forcée parce que j’étais malade, c’est ce qui fait que je n’ai pu poursuivre le théâtre, et les études que j’ai reprises après deux ans de pause. J’ai pu travailler dans le commerce et dans d’autres domaines avant de reprendre les études pour décrocher mon Bac en 2019 après une première tentative infructueuse. Tout s’organise dans ma tête, j’ai mon plan de carrière. Je fais ce que j’ai à faire. Mais comme le théâtre scénique n’est pas bien connu, tu peux y réussir et avoir tous les avantages sans que les gens ne le sachent. Je précise qu’entre le théâtre et les séries, ce n’est pas la même chose. Il y a une grande différence : le théâtre sur scène appelle une certaine maîtrise et beaucoup de formation, alors que pour les séries télévisuelles, on peut se faire recruter au bout d’un casting. En plus, le théâtre se passe sur scène et les séries passent à la télévision. Mais tout compte fait, la réalité veut que ceux qui les pratiquent suivent une formation pour davantage se professionnaliser.

Parlez-nous des autres aspects de votre vie théâtrale.
Avant 2018, j’ai obtenu une bourse de l’Ecole des arts, mais je n’ai pas suivi cette formation. C’est ensuite que j’ai remporté le titre de meilleure comédienne du Sénégal. Après, j’ai fait un stage à Sorano où je suis prestataire. J’ai commencé à voyager en tant que comédienne professionnelle en Afrique avec des créations théâtrales élaborées par des professionnels qui m’invitent à y jouer. Mon talent a été très tôt détecté à travers les grands rôles que j’interprétais souvent dans les pièces de théâtre dans lesquelles j’ai joué. Je suis l’actrice principale, en même temps je chantais, je faisais de la chorale. Alham­doulilah ! J’ai travaillé dur en matière de théâtre scénique.

Laquelle des pièces théâtrales que vous avez eu à jouer vous a le plus marquée ?
Je répondrais que la pièce qui m’a le plus marquée est la première qui m’a permis de voyager au Niger. C’est  elle qui se révèle être une performance qui m’a permis d’atteindre une autre étape, cette pièce s’appelle L’abcès. Ça a été écrit par Mouhamadou Tendanon, un Burkinabè. J’ai joué avec Aliou Sané qui était à Kaddu Yaraax. C’est le président de la troupe Euleuk. Et la mise en scène a été faite par Moussa Kalamou, c’est le président de la troupe théâtrale Mélokane. Nous nous rencontrions à Blaise Senghor, nous sommes des amis de longue date. Voilà, on se connaît, on est des collègues. Il fait des formations, des ateliers, Alioune Sané aussi. Ce sont de grands comédiens, j’ai eu la chance de travailler et de voyager avec eux. Cette pièce théâtrale aussi revêt une dimension internationale. Les pièces de théâtre auxquelles j’ai participé, je ne peux pas les dénombrer. On a récemment fait le Congo, la Tunisie, et tout ça c’était bien. Ce sont des pièces de théâtre de grande envergure. Récemment, j’ai voyagé au Congo avec Sorano, en tant que comédienne dans l’art dramatique. Je ne peux pas compter les pièces, mais ce sont de grandes pièces, des pièces qui voyagent.

Vous exercez quelle activité en dehors du théâtre ?
En dehors du théâtre, je suis entrepreneuse, j’ai mon institut de beauté qui est à Pikine. Ça fait longtemps que je faisais du commerce, et là, j’ai mon institut de beauté. C’est un rêve en parallèle pour créer ma propre marque. Je travaille en bureau comme manager. Je suis manager d’entreprise à mes heures perdues, et parfois si je suis embauchée. Ce n’est pas un travail à temps plein et qui m’empêche d’exercer le théâtre. Je suis community manager également. J’ai eu à travailler dans tout ce qui est vente vu que j’ai fait les centres d’appel, machAllah ! Vu que la communication ça va, ça motive bien et j’y ai gagné un peu d’argent. Si ce n’est pas le côté artistique, tout ce je fais c’est du management, de la communication, la gestion des affaires et l’événementiel. Je suis derrière les caméras, je suis régisseur de plateau et Directrice artistique. C’est ce que je fais, j’adore tout ce qui est entreprise. De l’autre côté, je développe mon esprit entrepreneurial au sein de mon association Fatwa Empire vu que là-bas, je donne des formations, je suis coache en développement personnel, en acting et l’art de la danse parlée, contemporaine en même temps, interprétation du corps sur la scène. Je fais des conférences de gauche à droite, ça c’est purement social. Je suis dans la communication, la vente et dans le management des entreprises. Je gagne comme ça ma vie en quelque sorte, si je ne fais pas de publicité, etc.

Pouvez-vous dévoiler le plus gros cachet que vous avez empoché au cours de vos prestations ?
Dans le théâtre, je gagne, mais pas beaucoup. Le fait d’y gagner, ça ne veut pas dire constamment, parce que c’est par projet. Alhamdoulilah. On m’appelle en tant que comédienne professionnelle. Parfois ça va, parfois ça ne va pas. Du moment que tu as des projets successifs, tu as dix tournées, des voyages et tout ça, tu y gagnes. J’aime ce qui est constant, ce qui évolue, ce qui continue, qui progresse, si ce n’est pas le cas, je ne considère le pas comme source de revenus stable ou fixe, mais ça va. On s’en sort. En tant que comédienne, si tu as des projets, tu vis. Donc ça va. Tu vis de ça. Alham­doulilah ! On ne se plaint pas. Parfois ça s’arrête comme dans tous les boulots, mais ça va (Rires.) Mon plus gros cachet, je ne m’en rappelle plus (Rires). Et de toutes les façons, je ne vais pas le dire ici (Rires).

Avez-vous connu l’artiste comédien Jean-Paul d’Almeida, qui vient d’être arraché à l’affection des siens et du monde des arts à la suite d’un accident tragique ?
Je prie pour le repos de l’âme de Jean-Paul d’Almeida. Je compatis à la douleur du monde du cinéma avec cette perte qu’il vient de subir. Je ne l’ai pas connu personnellement et on n’a pas eu à partager des scènes ensemble.

Votre plus grand rêve, c’est quoi ?
Je compte faire une carrière dans le monde du cinéma, mais plus sur le plan international. J’ai toujours eu des visées pour le cinéma, mais au niveau international. Les séries sénégalaises, ce n’était pas ce que je cherchais à faire, ce n’était même pas mon objectif, peut-être les choses devaient se passer ainsi et que je devais y prendre part. Moi, c’est le théâtre, c’est l’art scénique. La scène carrément, le cinéma carrément, mais pas les séries sénégalaises, mais malheureusement et heureusement, j’en ai beaucoup appris.

Et ça vous a permis de gagner beaucoup d’argent ?
Les séries sénégalaises ne paient pas bien, mais vous rendent célèbre. Quand on te voit à la télé, on pense que tu as tout l’or du monde. Alors que tu as des difficultés comme tout le monde. C’est l’art de la scène qui nous a construit, qui fait qu’on peut gérer cette célébrité qui nous poursuit comme notre ombre. On nous colle une étiquette. Les gens pensent que nous ne devrions même pas emprunter les transports publics. Si on n’est pas assez solide artistiquement parlant et mentalement, cela peut vous pousser à vivre au-dessus de vos moyens. Et bonjour les difficultés.   Je veux être dans le domaine artistique et entrepreneurial. L’objectif de mes projets, c’est de me stabiliser financièrement, point barre, et de faire une très belle carrière (Rires). C’est ça.

Vous êtes un cœur à prendre. Le mariage, c’est pour quand ?  
C’est pour bientôt si Dieu le veut, on prévoit de se marier avec la bonne personne. Dieu Seul sait. Ça dépend, c’est par étape. Rien n’est en vue pour le moment.
ambodji@lequotidien.sn