HORIZON – Ousseynou Nar Guèye, promoteur de Miss 4T : «Nous ne voulons pas supplanter Miss Sénégal»

La société de communication Global com international, éditrice du site d’info Tract.sn, organise dans la première quinzaine du mois de janvier prochain le concours Miss Tract top two tee. Ouvert uniquement aux femmes, il se déroulera au cours d’un dîner de gala, Tract top models night, qui verra défiler d’anciens mannequins. Gérant de Global com international, Ousseynou Nar Guèye a échangé avec nous sur cet événement. Il est également revenu sur le lancement du site Tract.sn et ses démêlés avec la justice à la suite d’une publication dans la version papier de son journal.
Qui est Ousseynou Nar Guèye ?
Je me définis comme un communiquant, un ingénieur de projets culturels, un entrepreneur. Ce sont ces trois casquettes que je revendique. Même si par ailleurs j’ai un engagement politique comme cadre du Suv, parti Sénégalais unis pour le développement (Suv), présidé par Moustapha Guirassy. J’évolue aussi principalement dans l’incubateur Ctic Dakar où je suis senior catalyst. Je m’occupe de la coordination des activités sous la supervision de la direction générale. A côté de cela, j’ai ma propre société de communication, Global com international, éditrice de deux sites Tract.sn et Devactu.com.
C’est la dernière casquette qui nous intéresse pour le moment. Global com international organise en janvier prochain un concours Miss Tract top two tee. De quoi s’agit-il ?
Nous allons organiser dans la première quinzaine du mois de janvier, le 12 janvier précisément, un événement culturel. Ce sera en fait un événement 2 en 1. Il y aura un dîner de gala que nous appelons Tract top models night. Et à l’intérieur de cette même soirée, une élection Miss Tract top two tee. Miss Tract est un événement que nous avons organisé dans le passé (vers les années 2000) au temps où Tract existait en quotidien. Nous l’organisons toujours dans le même esprit, sauf que cette fois, ce sera un grand dîner de gala dans lequel il y aura, outre le concours Miss Tract top two tee, un défilé de mode d’anciens mannequins du début des années 2000. Ces anciens mannequins défileront, parés des créations d’un styliste de renom, qui a eu à participer à plusieurs événements internationaux de mode, dont récemment la Lomé fashion week. Je veux nommer Amadou Diop Da Fashion.
Qu’est-ce qui vous motive à lancer un tel événement ?
Nous voulons en tant que société de communication et site d’information apporter notre contribution à l’agenda culturel et événementiel du Sénégal. Je revendique ma place et ma mission d’acteur culturel. Et à ce titre, je trouve qu’on ne fait pas assez d’activités culturelles. Il n’y a pas suffisamment d’événements dans l’agenda culturel au sens large. Tract.sn et Global com international qui l’éditent se proposent d’apporter des contenus culturels. On le fait dans la mode, on aurait pu le faire dans la musique, le cinéma… Tout ce que nous voulons, c’est apporter un événement culturel.
Qu’est-ce que vous entendez par Tract top two tee ?
C’est un jeu de mots. Tract comme Tract.sn ; top comme top model et two tee pour dire deux «t» et en wolof, ça veut dire en même temps petit. En définitif, c’est comme si on disait Miss 4 T.
Quels sont les critères de participation à ce concours ?
Il n’y a pas de critère exclusif. Cependant, il faut juste noter que ce concours concerne uniquement les mannequins féminins. Il n’y aura pas de mannequin masculin. Pour participer, il faut être mannequin femme, et âgé de 18 à 30 ans. Le second critère pour cette première édition, c’est que malheureusement on va se limiter aux mannequins qui sont à Dakar. Nous n’allons pas prospecter dans les régions. Mais s’il y a quelqu’un de l’intérieur (Ndlr : des régions) qui veut se présenter et qui a les moyens de venir à Dakar lors de la soirée, nous l’accueillerons à bras ouverts.
Quels seront les prix décernés ?
Je précise d’abord qu’il y aura un jury de professionnels du milieu du mannequinat, de la mode. Ces gens vont statuer et décider qui sera élue miss et qui seront la première et la deuxième dauphine. La miss aura normalement un prix d’1 million de F Cfa, la première dauphine 500 mille F Cfa et la 2e dauphine 250 mille F Cfa. Nous sommes en train de négocier avec les partenaires et sponsors éventuels pour la mise à disposition de cadeaux en nature qui seront également partagés entre les gagnantes.
Vous disiez que vous allez faire défiler d’anciens mannequins lors de cette soirée. Qui sont-ils et pourquoi vous souhaitez les faire défiler ?
La directrice artistique de Tract top models night, Mantoulaye Ndoye, est elle-même un ancien mannequin. Elle fait partie de l’Association des anciens mannequins du Sénégal dont nous pensons que certaines ont marqué les mémoires, je vais nommer Khadija Sy, Mimi Basse, Diémé Samb, Mantoulaye Ndoye… Elles ont participé à beaucoup d’événements qu’il y a eu ici comme le Simod de Oumou Sy. Elles ont défilé à l’étranger pour Alphadi au Fima à Niamey et dans plusieurs autres pays. Ce sont des célébrités quelque part. Ce sont des vedettes au même titre que les stylistes. Et contrairement aux actuels mannequins qui sont presque méconnus du public, ceux du début des années 2000 étaient très connus. Elles ont marqué le public et sont restées dans les mémoires. C’est pourquoi nous voulons les faire défiler le 12 janvier prochain.
Cet événement existait déjà au début des années 2000. Il y a eu deux éditions de miss Tract en 2001, 2002 et vous avez arrêté. Etes-vous sûr de disposer de tous les moyens pour organiser ce concours et l’inscrire dans la durée ?
Tract faisait partie à l’époque d’un autre groupe de presse. Le groupe Com 7 qui avait 3 quotidiens (Info 7, Populaire, Tract) et une radio. Com 7 a déposé le bilan, c’est dans ce sillage que Tract a été fermé en 2002. Il ne pouvait pas organiser un événement parce qu’il n’existait plus. Bien sûr, les soucis financiers étaient quelque part avérés puisqu’au final le groupe en question n’existait plus. Même si ses promoteurs, et j’en suis content, sont toujours restés dans le monde de la presse : Bara Tall, Youssou Ndour. Et aujourd’hui, cet événement est porté par une structure privée certes, mais nous avons plusieurs partenaires et travaillons avec des professionnels dans divers secteurs que sont les médias (nous allons le diffuser en direct à la télévision), les associations d’anciens mannequins, les stylistes… Et nous espérons faire la différence en organisant un événement fun, où les gens de prendront beaucoup de plaisir. Nous comptons absolument pérenniser notre événement, en faire un rendez-vous annuel que chaque fois on fera dans un lieu différent de la capitale dakaroise.
N’avez-vous pas peur de connaître le même sort que beaucoup d’élections de miss qui, après 2 ou 3 années, disparaissent ou comptez-vous supplanter le concours Miss Sénégal ?
Oui, c’est vrai que Miss Sénégal bat un peu de l’aile. Il y a plusieurs années qu’il n’y a pas eu d’édition de Miss Sénégal. Même si depuis quelques années on essaye de relancer timidement la chose. Mais que ce soit clair. Nous ne voulons pas supplanter le concours Miss Sénégal. C’est important dans chaque pays du monde que des gens s’organisent pour mettre en place chaque année un concours miss qui porte le nom du pays. C’est une fierté nationale et bien au-delà. C’est une question de rayonnement culturel international que Miss Sénégal existe. J’appelle d’ailleurs de tous mes vœux à ce que Miss Sénégal revienne. Nous ne voulons pas le supplanter. Nous voulons simplement faire quelque chose à côté. Il n’y a pas d’exclusivité à organiser un concours de miss.
Pour en venir à Tract.sn, vous avez décidé depuis le 8 mars dernier de relancer le journal qui existait en papier vers les années 2000, 2001, mais que cette fois-ci vous passez à la version électronique. Après 8 mois de fonctionnement, quel est le bilan ?
En octobre 2017, avec des amis, j’ai décidé que le 8 mars 2018 on lancera Tract.sn, que ça nous prendra 6 mois, mais qu’on y arrivera. Et dans les 6 mois, les 2 amis en question m’ont lâché, parce qu’ils trouvaient qu’ils voulaient se consacrer plus à leurs propres affaires et que ça pouvait encore attendre un peu. J’ai décidé d’y aller tout seul, parce que je suis comme ça. C’est ma personnalité, quand je tiens à quelque chose je ne lâche pas l’affaire. Tract renaît de ses cendres pour devenir Tract.sn. J’étais quelque part nostalgique de Tract qui avait marqué les esprits, surtout une certaine génération. Ceux qui ont 40 ans et plus se souviennent de Tract. C’était un journal très original dans sa titraille, dans l’utilisation du wolof pour faire des titres de Une. Tract avait réussi à séduire en adoptant un ton insolent, ni injurieux, mais impertinent et en titillant un peu les puissants du monde économique, politique. Et aujourd’hui, c’est ce que nous voulons faire sur Tract.sn, à quelques différences près. Entre 2002 et aujourd’hui, l’ère est devenu plus numérique. Nous avons une sensibilité numérique, une sensibilité people, des analyses, des éditos. Nous avons des contributeurs réguliers, l’écrivain sénégalais Elgas avec sa rubrique «Inventaire des idoles», l’éditorialiste Gilles Eric Foadey, installé en Johannesburg et Addis Abeba qui, dans sa chronique «Quinzomadaire, Ndoumbelane», parle politique, société, Aminata Thior, une bloggeuse qui fait des contributions régulières. On a une petite rédaction.
Au bout de 8 mois ?
On est assez satisfait, plutôt satisfait du taux de fréquentation du site. On oscille autour de 1 000 visiteurs et un peu plus par jour. Ce n’est pas mal pour un site qui existe depuis 8 mois. Ça nous fait 400 mille visiteurs dans l’année. On est content parce qu’on a des rubriques qui ont su trouver un public. On fait ce qu’on aime. On fait des photos artistiques. On ne gagne pas encore suffisamment d’argent avec, mais on arrive à couvrir nos frais. Mais il y a encore des défis. C’est de durer, de ne pas connaître la même issue que Tract le journal papier. On veut séduire davantage et être dans le top 5 des sites d’info du Sénégal d’ici 5 ans.
Vous parlez du quotidien Tract qui n’existe plus, mais il nous vient à l’esprit cet épisode de la Une photo-montée du Premier ministre Mame Madior Boye qui vous a valu 2 jours de garde à vue. Comment avez-vous vécu ces instants ?
17 ans après, c’est une affaire qui est derrière nous. De toute façon, le dossier était vide et les poursuites judiciaires évoquées au début ont été abandonnées. Ils ont séquestré notre ordinateur Mac G5 de montage durant 6 mois et nous avons protesté chaque jour à la Une de notre journal contre cela, jusqu’à la restitution amiable. De cette affaire, j’ai gardé un sentiment d’injustice. Oui, je l’ai vécue comme une injustice, parce que la Une photo-montée du journal en août 2001 s’imposait d’un point de vue médiatique. Tous les journaux devaient titrer sur le même événement qui était la déclaration de politique générale de Mme le Premier ministre. Nous aussi nous devions titrer dessus. Nous avons titré dessus, de la manière qui était notre style, un peu satirique, un peu impertinente. Ce n’est pas passé, même pour des gens qui n’ont pas eu le temps de voir la Une en question, mais déontologiquement il n’y avait aucun problème parce qu’annoncé comme tel à la Une, écrit noir sur blanc que c’était un photomontage. J’ai vécu ces deux jours comme une injustice, mais tout est bien qui finit bien. Le groupe auquel j’appartenais a parlé avec les autorités, on m’a fait sortir. On m’a demandé d’aller à la télévision nationale, la Rts 1, qui est venue avec ses caméras dans le bureau de ma directrice d’alors, pour que je parle à la population sénégalaise et que je dise que je regrettais ce qui avait été fait. J’ai dit que je regrettais même si je ne le regrettais pas plus que ça. Mais comme il s’agissait d’apaiser, on peut avoir raison éthiquement et déontologiquement et avoir tort du point de vue des mentalités qui reçoivent les messages que nous passons. Ça m’a permis de connaître les locaux du commissariat central de Dakar.
Comment s’est fait le choix de cette «Une» ? Ne pensez-vous pas que c’était trop osé ?
Le choix s’est fait naturellement avec le photographe et le monteur. Un petit comité. C’est vrai qu’après quand on a montré la Une à des journalistes qui appartenaient à la maison, certains ont dit oui c’était un peu osé quand même. C’est vrai que, quand je suis allé rejoindre mon coursier à l’imprimerie, il m’a dit que le personnel de l’imprimerie déconseillait qu’on sorte cette Une, mais j’ai donné le «Bat». J’ai appelé ma directrice pour lui dire que j’assumais. Mais pour la photo, c’était juste le visage, la tête sous un voile de Mme le Premier ministre, posé sous un corps de mannequin, c’était une photo en noir et blanc.