La mauvaise qualité de la mangue atteinte par la mouche dite «de quarantaine» inquiète les producteurs de la filière qui viennent de lancer à Thiès le Projet de mise à l’échelle de technologie de lutte contre les mouches et autres maladies ravageurs de la mangue.

Le Sénégal a rejoint le groupe des pays mis en demeure par l’Union européenne pour la mauvaise qualité de ses mangues. Pour cause : le produit est atteint par la mouche dite «mouche de quarantaine». L’infor­mation a été fournie hier par Cheikh Ngane, président du Comité national de lutte contre la mouche de fruit sur la mangue. C’était au cours du lancement du Projet de mise à l’échelle de technologie de lutte contre les mouches et autres maladies ravageurs de la mangue, financé par l’Etat du Sénégal, à travers le Fonds national de recherche agricole et agro-alimentaire (Fnraa), pour un montant de 300 millions F Cfa sur trois ans. «Depuis 2005, nous avons eu la mouche de fruit qui est entrée dans la zone Cedeao. C’est vrai que nous n’avons pas démarré l’exportation en même temps que la Côte d’Ivoire, le Mali ou le Burkina Faso qui ont commencé bien avant nous, mais nous avons eu la chance de les rejoindre et de nous placer juste après la Côte d’Ivoire en termes de volume. Avec la mouche, les pays qui reçoivent nos mangues deviennent de plus en plus réticents», renseigne M. Ngane.
Il fera noter que «l’Europe, le principal marché, a durci les conditions. Par exemple, un conteneur c’est 20 tonnes. Et si l’inspecteur voit qu’une seule mangue est piquée, vous perdez la cargaison. C’est ce qu’on appelle interception, c’est-à-dire que ça ne rentre pas dans le pays et la marchandise est détruite. En plus de cela, vous êtes surveillé. C’est ce qui fait que ces dernières années, les autres pays ont reçu des lettres de mise en demeure. Il n’y avait pas encore trop d’interception chez nous. Mais depuis l’année dernière, nous avons rejoint le peloton dans les dégâts». Au total, estime le producteur-exportateur, président de la Coopérative fédératrice des acteurs de l’horticulture, «nous avons eu plus de 20 interceptions en 2017. Et cette année, nous n’avons même pas carrément démarré et nous avons eu deux interceptions. Cela veut dire que nous sommes sur une liste rouge». Ainsi, la mangue, filière leader en termes de volume des produits horticoles exportés par le Sénégal, mais également le premier fruit produit au Sénégal, risque de perdre ce leadership ; d’où le lancement du projet.
Un projet qui, selon la directrice de l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar) dans la zone des Niayes, Mme Bineta Mbengue Dièye, fait suite à un autre qui a été financé dans le cadre du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Waapp) et qui avait produit «des résultats importants en termes de réduction de pertes». Lesquels devaient être mis à l’échelle, «c’est-à-dire que nous devrions faire en sorte qu’il y ait un taux de pénétration beaucoup plus important dans les différents bassins de production de la mangue au Sénégal, mais aussi prendre en compte les autres chaînes de valeurs de la production».
Outre la mouche de mangue, Mme Dièye fera savoir qu’il «y a l’apparition de nouvelles maladies, mais aussi la problématique liée à la valorisation, la transformation». Elle dit : «2% seulement des productions de mangue sont transformés.» A cela s’ajoute «l’équation de la faible production due au fait que les vergers ne sont pas bien entretenus». Selon elle «ce sont toutes ces problématiques que ce nouveau projet veut prendre en charge à travers des renforcements de capacités pour la meilleure gestion des maladies et ravageurs dans leur globalité et l’accompagnement des femmes transformatrices dans la formation et l’amélioration de leurs conditions de travail».
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